C'est un sujet tabou. Comment pourrait-on mettre en cause les médecins en ce qui concerne l'épidémie tabagique? Un article inédit de Jean-Yves Nau, journaliste médical et scientifique au Monde, ouvre timidement la voie. Il ne l'a pas publié dans le Monde mais dans "L'Année Pneumo 2001" une revue diffusée aux pneumologues par la société 3 M Santé.
C'est sur le site d'un médecin pneumologue atypique, le Dr Jean-Jacques Hosselet, animateur de l'association Le Droit à l'air pur que j'en ai trouvé un extrait.
Jean-Yves Nau y évoque -avec bien des précautions oratoires- le non engagement des pneumologues: " Comment comprendre que ceux qui, quotidiennement, sont aux prises avec les dégâts organiques induits par cette dépendance au long cours ne soient pas étroitement et durablement associés à l'organisation de la lutte?... Faut-il conclure que vous restez à une conception fataliste, antédiluvienne de l'action médicale qui veut que le médecin soigne dans la solitude, sans jamais se soucier d'intervenir dans la cité en amont de la thérapeutique pour, usant de son savoir et de son prestige, agir dans l'intérêt de tous?"
Il conclue en évoquant "le souvenir de l'externe et des premiers clichés d'emphysème ainsi que celui, lointain mais vivace, d'une grand-mère chérie mourant d'un cancer d'un poumon dans une salle lugubre où déambulaient des fumeurs squelettiques sous perfusion..."
Dans son commentaire Jean-Jacques Hosselet est plus direct:
Combien de fois, nous médecins, tentant de soigner les conséquences dramatiques du tabagisme, nous nous sommes rendus compte de notre impuissance à juguler cette épidémie. Nous nous rendions compte que seules les actions politiques pouvaient contenir ce fléau. Paradoxalement, rares sont les pneumologues qui ont décidé de s'investir réellement dans la lutte contre la première cause de mortalité et de handicaps dans le monde. La plupart des pneumologues ont renoncé à se battre limitant leurs efforts au diagnostic et la prise en charge des victimes. D'autre considèrent que ce n'est pas leur problème et "qu'ils vivent de cela" et qu'il ne faut pas cracher dans la soupe".
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