Un article de La Presse (Tunis) sur le tabagisme dans les cafés et autres lieux publics.
Tunisie: Regards croisés - Des « fumoirs » à bannir !
La Presse (Tunis)
1 Mars 2007
Publié sur le web le 1 Mars 2007
Noureddine Hlaoui
Un des phénomènes les plus marquants des temps modernes chez nous est, sans conteste, cette prolifération des cafés un peu partout à travers toutes les villes du pays, voire dans les patelins les plus reculés.
C'est l'un des business qui marchent le mieux et qui sont sûrs d'être rentables quel que soit l'emplacement et quelle que soit la distance qui les séparent d'un autre café. Et comme «entre une pause et une autre, il y a une pause», ces lieux ne désemplissent jamais à longueur de journée.
Il faut dire que les espaces de loisirs et de distractions n'étant pas légion, tout le monde ou presque, jeunes et moins jeunes, filles et garçons, hommes et femmes s'y réfugient pour boire un coup (café, jus, thé et autres sodas) et tenir une causette avec les copains. Quant à la durée du «séjour», elle diffère selon les personnes et varie selon le contexte.
Et comme on y paie le prix fort, les clients sont en droit de réclamer un service de choix et une ambiance acceptable. Mais, malheureusement, ce n'est pas toujours, pour ne pas dire souvent, le cas. Outre la qualité, parfois, douteuse des boissons servies, la «piètre» prestation de certains serveurs et l'hygiène médiocre des lieux, sans parler de celle des toilettes, c'est plutôt «l'environnement» ambiant qui gêne le plus l'assistance.
Il y a lieu de citer, d'abord, côté maître de céans, cette manie de mettre la caisse et les amplificateurs de la télévision ou de la chaîne stéréo à fond de façon à titiller les tympans les plus solides. Ensuite - mais là la responsabilité est partagée avec la clientèle - on mentionnera cette autre manie de servir le narguilé ou, selon notre argot bien de chez nous, la «chicha». En effet, très rares, pour ne pas dire inexistants, sont ces lieux qui n'en sont pas outillés.
Tout café ou salon de thé - un genre fort en vogue depuis quelques années - qui «se respecte», a intérêt à se doter de ces sésames, synonymes d'attraction infaillible. Ainsi les tenanciers gagnent et sur le nombre des clients et sur les recettes, surtout si l'on sait le coût élevé de chaque chicha.
Mais le client non fumeur - eh oui, il en existe encore ! - se trouve contraint de subir cette atmosphère enfumée qui lui empoisonne les poumons. Cela fait vraiment trop, surtout que ce pauvre client est déjà assez contrarié avec les simples fumeurs de cigarettes. Et il ne faut pas oublier que ces amateurs fanatiques de chicha s'y mettent, désormais, de bonne heure, ce qui contribue négativement à envelopper des pauvres gens non fumeurs d'un halo de fumée très nocive, du matin au soir.
Le phénomène est tellement généralisé qu'il est pratiquement impossible de s'attabler dans un de ces lieux sans être obligé de consommer indirectement de la chicha, à moins d'opter pour l'un de ces cafés où l'on reste debout.
On comprend, certes, le souci des tenanciers et les raisons mercantiles qui les poussent à faire des choix aussi néfastes pour la santé des gens. Mais il est impératif de trouver, une fois pour toutes, les remèdes nécessaires à ce genre de situation. Et là, c'est aux autorités concernées chargées des autorisations d'agir et de mettre au point une stratégie adéquate en la matière.
D'autre part, sans aller jusqu'à réclamer - à l'instar de la plupart des pays avancés - une interdiction pure et simple de fumer dans les lieux publics, y compris les cafés, mais après tout, pourquoi pas?!, il est temps de trouver des solutions pratiques et efficaces afin de mettre un terme à un fléau qui va croissant, tout en devenant une véritable menace pour la santé des citoyens.
Comments