Cet article détaille les difficultés liées aux troubles mais on remarquera que cela n'empêche pas d'offir un véhicule 4x4 à un haut responsable de la police...
Source: Le Temps - Abidjan
Très dynamique par le passé, la
tabaculture est presque inexistante depuis quelques années. Pierre
Magne, l`un des acteurs majeurs de ce secteur, nous dresse l`état des
lieux.
Pouvez-vous nous dire comment se porte la tabaculture aujourd`hui, en Côte d`Ivoire?
Je préfère vous le dire, il n` y a plus de tabaculture dans notre pays.
Avec la crise, tout a été arrêté. Car c`est dans le centre et le nord,
notamment à Bouaké et Katiola que nous travaillions. Pis, nous avons
été amenés à procéder à la liquidation de notre société agricole qui
s`occupait de tabaculture.
Mais il reste tout de même l`industrie du tabac ?
Celle-ci a résisté à la crise, malgré le fait que nous ayons perdu plus
de 45% de notre volume d`activité en Côte d`Ivoire. Parce que les
parties Centre, Nord et Ouest ont été envahie par la fraude et la
contrebande. Sans oublier les produits de la contrefaçon. Nous n`avons
pu opérer que dans la partie sud du pays. C`est pourquoi, nous
souhaitons que les choses entrent rapidement dans l`ordre. Pour que
nous puissions, nous redéployer dans l`ex-zone assiégée. Nous avons
aussi réduit nos exportations également sur le Niger, le Togo et le
Bénin. Car, les conditions sont devenues plus difficiles. Pour exporter
par exemple sur le Niger, nous sommes obligés de redescendre les
produits à Abidjan pour les faire valider par les douanes ivoiriennes.
Avant de les acheminer vers le pays destinataire. Ce qui engendre des
surcoûts prohibitifs.
Voulez-vous dire que l`unité de production de la SITAB à Bouaké est à l`arrêt ?
Elle fonctionne certes mais elle a perdu 45% de son de marché. C`était
la plus belle usine en Afrique de l`Ouest dans le secteur de
l`industrie du Tabac. Avec une capacité de production de 5 milliards de
cigarettes par an, avant la crise. A ce jour, quand on fait plus de 2
,8 milliards de cigarettes, on se dit très heureux. Mais au fait, ce
n`est pas la vocation d`une usine, de travailler sur la moitié de sa
capacité de production. Elle n`est compétitive que quand elle travaille
avec l`entièreté de ses capacités.
Avez-vous évalué ce que vous avez perdu du fait de la fraude ?
Les pertes se chiffrent en plusieurs milliards de FCFA. Je précise
qu`avant la crise, le chiffre d`affaires, c`était 120 milliards de
FCFA. Mais nous ne sommes qu`à près de 60 milliards de FCFA
actuellement. En terme de résultat net, nous avons une perte qui
oscille entre 4 et 5 milliards de FCFA. Pour l`Etat ivoirien, les
pertes en droits et taxes, se situent dans l`intervalle de 18 à 20
milliards de FCFA.
Et les paysans dans tout ça ?
Malheureusement, ils ont perdu leurs activités. C`était une activité
très intéressante et rentable pour eux. En plus de la culture vivrière
et du coton, la tabaculture (qui produit au bout de trois mois
seulement) était, pour eux, très rentable. Sur ce segment d`activité,
c`était un milliard de FCFA qui leur était distribué par an.
Avec le redéploiement de l`administration êtes-vous prêts à reprendre vos activités ?
Si l`administration reprend, dans cette partie du pays, son rôle
normal, avec une lutte très efficace contre la fraude et la
contrebande, nous ne voyons pas comment nous ne nous engagerons pas
dans le processus. Car nous allons retrouver non seulement notre volume
d`activité, mais nous allons reprendre la tabaculture. Nos
immobilisations sont toujours en place. Ce qui nous manque, c`est un
environnement plus propice à nos activités pour travailler.
Le tabac est sorti du circuit du financement du sport certes, mais il y
a la parafiscalité qui fait certainement gagner de l`argent au sport ?
Je vous le dis aujourd`hui, ceci a été fait avec notre plein accord.
Ceux qui sont aujourd`hui, à la Fédération ivoirienne de Football, le
savent. Lorsque le tabac, sous l`instigation de l`Organisation mondiale
de Santé (OMS), est sorti de la promotion du sport, notamment du
football, parce qu`on trouvait les deux incompatibles, nous avons
étudié avec la FIF et l`Etat, à travers la Direction générale des
Impôts à la mise en place d`un dispositif. Pour que ce que nous
versions dans le cadre de la promotion du sport, puisse continuer à
l`être par le biais d`une parafiscalité. Celle-ci est de 10 FCFA pour
les produits chers, de 5 FCFA pour les produits moins de gamme et de 2
FCFA pour les produits bas de gamme. C`est assez diversifié et cela
rapporte, par an, 1,5 à 2 milliards de Fcfa. Rien que sur le tabac.
Bamba Mafoumgbé
[email protected]
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