C'est le titre de ce long article paru dans Le Mauricien - Edition du Week End
Île Maurice, pays non fumeur. Dans un mois, avec l'entrée en vigueur des nouvelles réglementations du Public Health Act, ce sera presque une réalité.
La cigarette étant un problème de santé majeur auquel les autorités souhaitent mettre un frein. Pour contrer ce phénomène, qui affecte, directement ou indirectement, la santé de la population, le gouvernement mauricien adopte une politique de zéro tolérance.
Selon les statistiques, 35,9 % de la population masculine mauricienne
sont fumeurs, et 5,1 % des femmes fument. 14, 8 % de jeunes âgés entre 13 et 15
ans sont des fumeurs réguliers.
À partir du 1er mars, il sera
interdit de fumer dans les lieux publics, à l'exception des plages. Une
campagne de sensibilisation du public à cet effet a déjà démarré via différents
supports.
Certes, ces nouvelles dispositions sont favorablement accueillies de part et d'autre. Toutefois, leur mise en application, dans un délai jugé trop court par certains, pose un souci. D'où la démarche des propriétaires de discothèques, bars et restaurants auprès des autorités, sollicitant un assouplissement de la législation ou un moratoire.
Le temps pour eux de prendre
certaines dispositions.
Le tabac tue et est la principale cause évitable de décès dans le monde, avance l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Annuellement, l'OMS recense 5, 4 millions de morts, soit près de 15 000 par jour, des suites de cancers du poumon... dues au tabac. Tenant compte de l'ampleur de ce fléau, de nombreux pays revoient leur législation en vue de contrer le tabagisme.
Maurice est passé à la vitesse supérieure l'année
dernière en adoptant une nouvelle législation face au tabagisme.
Les nouvelles réglementations du
Public Health Restrictions on Tobacco Products entrent vigueur à partir du 1er
mars.
Certaines dispositions de cette nouvelle législation, notamment en ce qui
concernent l'empaquetage des cigarettes, seront toutefois appliquées en juin
2009.
Cependant, la campagne de sensibilisation visant à aviser le public de ces nouvelles réglementations a déjà démarré. Le public ne pourra pas dire qu'il n'a pas été prévenu.
Car, en effet, les contrevenants auront fort à payer
en enfreignant la loi. Selon les nouvelles dispositions du Public Health Act,
les effractions à la loi antitabac sont passibles d'une amende variant entre Rs
5 000 et Rs 10 000 et d'une peine d'emprisonnement ne dépassant pas 12 mois en
cas de récidive.
Une recommandation de l'OMS
En promulguant ces réglementations,
le gouvernement se conforme à la Convention-cadre de l'OMS sur le contrôle du
tabac. Une bataille longuement menée par l'association VISA pour une meilleure
qualité de vie. Véronique
Léclezio, la présidente de VISA, estime que "l'entrée en vigueur de
ces nouvelles réglementations est très bien venue, et sera quasi unanimement
appréciée, si on en juge l'accueil qu'elle a reçu en France."
Pour appuyer ses dires, elle
relève que selon les derniers sondages en France, un an après la mise en
application de la loi, le respect de l'interdiction de fumer dans les cafés,
bars et restaurants est observé. Les résultats des études menées par l'Institut
national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) montrent aussi
l'adhésion majoritaire des Français, soutenant que l'interdiction de fumer est
approuvée à 95 % par la clientèle non-fumeuse et à 85 % par la clientèle
fumeuse des restaurants. Pour les bars et les discothèques, cette proportion
est respectivement de 90 % et 60 %.
"Nous avons eu une première
victoire en 1998 avec l'interdiction des publicités autour du tabac. Ces
nouvelles mesures représentent une nouvelle victoire", indique Véronique Leclézio.
En mai dernier, à l'occasion de la
Journée mondiale sans tabac, l'OMS a demandé instamment aux gouvernements de
protéger le 1,8 milliard de jeunes du monde entier en interdisant toute forme
de publicité, de promotion et de parrainage du tabac. Selon l'OMS,
l'interdiction totale de la publicité est efficace et a permis de réduire la
consommation de tabac de près de 16% dans les pays qui ont déjà adopté cette
mesure législative.
Protéger la santé publique
Véronique Leclézio fait toutefois
ressortir que les nouvelles réglementations qui entreront en vigueur
prochainement à Maurice ne sont pas en elles-mêmes restrictives, mais
libératrices, notamment par rapport aux non-fumeurs. "Cela ne vise pas
à punir les fumeurs, mais protéger la santé publique", souligne notre
interlocutrice. Ces nouvelles mesures qui concernent les différents types de
tabac autorisés et interdits à Maurice comprennent : aucune publicité, la
promotion et le sponsoring liés au tabac, la protection contre l'inhalation des
cigarettes, la vente des cigarettes aux mineurs, l'empaquetage et l'étiquetage
des cigarettes, ainsi que le commerce illégal du tabac.
Pour ce qui est de leur mise en
application, l'association
VISA estime que ce ne sera pas un souci, du moment que chaque citoyen
est avisé et demeure responsable face à la loi. D'où la campagne de
sensibilisation intensive lancée par le ministère de la Santé pour aviser le
public des nouvelles dispositions de la loi. Outre la télévision nationale et
les radios (publiques et privées), les autorités sollicitent également le
soutien de la presse écrite pour divulguer les nouvelles dispositions de la
législation.
Parallèlement, les officiers du
ministère de la Santé, en collaboration avec les Ong, sillonneront l'île afin
d'expliquer aux citoyens, dans les écoles, entreprises ou autres organismes,
les nouveaux règlements sur les méfaits du tabac et les réglementations qui
seront applicables à partir du 1er mars.
En voiture, au travail, dans les
discothèques…
Si les nouvelles réglementations
autour du tabac sont favorablement accueillies - la santé publique représentant
une priorité - la mise en application de cette législation pose problème à
certains. De même, plusieurs interrogations s'élèvent quant aux énoncés de ces
nouvelles réglementations. Pour certains, le terme "Lieux Publics, à
l'exception des plages", n'est pas assez explicite. "Ne
sera-t-il pas permis de fumer dans la rue ?", demandent certains
fumeurs.
Les entreprises mauriciennes
devront dorénavant être des lieux non-fumeurs, en dépit du fait de disposer,
chez certaines compagnies, de coins fumeurs. Les employés devront sortir pour
fumer et, là encore, de nouvelles interrogations surviennent : où fumer,
puisque l'énoncé "lieux publics" n'est pas nécessairement clair ?
En ce qui concerne les hôtels, là
aussi les choses semblent assez floues, les h^tels n'étant pas considérés comme
lieux publics. Lieux publics signifiant selon les autorités "an indoor area
which is open to the public or any part of the public" et "indoor
area" signifiant "any space covered by roof or enclosed by one or
more walls, whether temporary or permanent". "Est-ce qu'un parasol autour d'une
table, sur une terrasse, implique que la terrasse est un indoor area ?", s'interrogent certains
hôteliers.
Les propriétaires de discothèques
demandent, eux, s'il serait permis de fumer dans les espaces ouverts au sein
des boîtes de nuit. "Nous avons dans plusieurs discothèques des espaces
ouverts, c'est en public, mais l'air circule. Ne peut-on pas tenir compte de
ces dispositions ?", demande Ajay Beegoo, président de l'Association
of Night Clubs Owners (ANCO). "Comment empêcher un touriste de fumer
dans notre boîte, alors qu'il est là pour se détendre ?" ajoute-t-il. "Y
aura-t-il des officiers partout pour contrôler chaque mouvement dans chaque
institution ?" Autant de questions que se posent certains, même si on
concède que la lutte contre le tabac est une bonne chose.
Les restaurants craignent aussi de
perdre une partie de leur clientèle régulière qui est fumeuse. D'où la démarche
des propriétaires de discothèques, bars et restaurants auprès du ministère de
la Santé et celui du Tourisme en vue d'obtenir un assouplissement des
réglementations. Le cas échéant, les propriétaires de discothèques, bars et
restaurants réclament un moratoire, le temps pour eux d'adapter leur business
aux nouvelles dispositions de la loi. Selon nos informations, une première
réunion en ce sens avec les autorités a eu lieu la semaine dernière. Une deuxième est
prévue cette semaine.
Regardez le documentaire de Nadia Collot sur le tabagisme...Vraiment bien fait...Nous montre la réalité derrière l'industrie du tabac:
http://video.google.com/videoplay?docid=2381319551154599703&ei=K_KUSr2ANYSMwgPLkr3FCQ&q=The+Tobacco+Conspiracy
Posted by: Neelen Patten | August 26, 2009 at 01:30 AM