Pourquoi est-il important que les pays Africains francophones s’unissent pour proposer une réponse à l’appel d’offres de la Fondation Gates visant à promouvoir la lutte antitabac en Afrique Sub-Saharienne, et comment un tel projet pourrait/devrait être organisé ?
Il y a une vingtaine de pays francophones en Afrique Sub-Saharienne (voir la liste ci-dessous). Ils représentent environ 238 millions d’habitants, environ 30% de la population de la région.
S’ils partagent des caractéristiques avec les pays anglophones, leur communauté de langue crée un lien spécial entre les pays francophones et les rend différents des pays anglophones.
Dans la réalité de nombreux activistes antitabac Africains francophones ne parlent pas anglais (la réciproque est vraie pour les anglophones), ce qui rend la communication difficile. C’est aussi le cas pour la majeure partie des populations concernées.
Organiser des projets dans les pays francophones nécessite une équipe francophone ayant aussi la capacité de s’exprimer en anglais pour faire la liaison avec la communauté anglophone.
Dans le cadre des récents programmes finançant des actions antitabac dans la région Sub-Saharienne (via l’Initiative Bloomberg /CTFK, la Fondation Gates/IDRC, ACS/Cancer Research/ATCRI, la Société Norvégienne du Cancer), seule une petite minorité des vingt pays francophones a été impliquée (3 pour l’Initiative Bloomberg - le Burkina, le Niger, le Tchad-, 4 pour IDRC -le Burkina, le Sénégal, le Cameroun, l'Ile Maurice).
Dans ce contexte, il semble approprié de concevoir maintenant un programme qui inclurait les 22 pays pays francophones, leur confierait les responsabilités les plus larges dans la gestion ainsi que la plus grande part des crédits : cela pourrait se faire via un Consortium ad hoc que l’on pourrait nommer COPASTA, Consortium Pour une Afrique Sans TAbac.
C’est une approche originale dans la mesure où jusqu’à présent les réponses aux appels d’offres n’ont jamais eu un tel caractère collectif mais nous pensons que cela pourrait séduire la Fondation Gates qui a invité à réfléchir hors des sentiers battus (« out of the box thinking ») et a insisté sur le besoin d’impliquer au maximum les acteurs africains.
Cette démarche collective, qui ne laisse aucun pays en dehors vise à rassembler tout le monde francophone sans exclusive ou préférence afin de mettre en œuvre les priorités définies dans le projet MPOWER (selon l’acronyme anglophone) adoptées par la Fondation Gates et par l’OMS.
Pour exprimer cette volonté d’inclusion nous proposons que chaque pays, quelle que soit sa taille, reçoive une dotation fixe annuelle de 5000 dollars (équivalant à ce que l’on qualifie parfois de « petite subvention »/ »small grant ») qui serait complétée par une seconde dotation variable selon chaque pays et calculée en fonction de la taille de la population : un pays à forte démographie recevrait en conséquence des crédits plus importants qu’un pays ayant moins d’habitants.
Pour estimer (approximativement) le budget global potentiel pour cet appel d’offres en ce qui concerne les pays francophones, nous sommes partis d’une affectation de 30% des 7 millions de dollars proposés sur 5 ans par la Fondation Gates, soit environ 428.000 dollars par an sur 1,4 millions. Les pays anglophones recevraient alors 896.000 dollars et les 4 pays lusophones 71.400 dollars par an.
Sur ce budget potentiel annuel de 428.00
dollars par an (plus de 2 millions de dollars sur 5 ans), nous proposons de
mettre de côté 16% pour les frais de gestion ($68.480) ainsi que 100.000
dollars représentant 20 fois la dotation fixe de 5000 dollars pour chaque pays.
Il resterait alors 259.420 dollars sur lequels nous proposons de mettre de côté 20% pour financer des projets communs (51.884) et de répartir le reste entre les pays en proportion de
la taille de leur population (207.536)
Cette dotation proportionnelle varierait d’environ 56.000 dollars pour la RDC (et ses 65,7 millions d’habitants, soit 27% de la population francophone au Sud du Sahara) à environ 1037 dollars pour l’Ile Maurice (et ses 1,2 millions d’habitants, 0,5% de la population francophone).
Lorsque l’on partage ainsi entre tous les 20 pays le budget annuel il apparaît clairement que la demande de la Fondation Gates de rechercher des financements complémentaires est tout à fait pertinente : les ressources qu’elle offre généreusement peuvent certainement contribuer à financer de nombreuses activités liées aux objectifs MPOWER mais il en faudrait évidemment davantage pour aller plus loin dans la mise en œuvre d’une politique antitabac ambitieuse dans chaque pays.
L’on sait en revanche que rechercher des financements complémentaires est plus facile lorsque l’on dispose déjà d’un budget de départ (« seed money ») parce que les donateurs sont plus enclins à compléter un budget existant que de s’engager seuls.
C’est pourquoi l’on peut espérer que des financements complémentaires pourraient être obtenus en complément des crédits fournis par la Fondation, spécialement si ces demandes étaient -elles aussi- effectuées collectivement par le même Consortium.
Si l’on prend, par exemple, le cas de l’Initiative Bloomberg, on voit qu’elle a attribué 350.000 dollars en 2007/2008 à 4 projets situés dans les pays francophones d’Afrique Sub-Saharienne et qu’en 2009, elle a attribué 361.750 dollars à deux projets situés au Kenya. Si un niveau de soutien équivalent pouvait être obtenu pour les 20 pays francophones du Consortium cela constituerait presque un doublement des crédits.
Une telle démarche pourrait être entreprise juste après la soumission à l’appel d’offres de la Fondation Gates puisque le dixième appel d’offres de l’Initiative Bloomberg sera ouvert à partir du 6 juillet 2009.
On pourrait aussi envisager de solliciter l’aide de la communauté francophone des pays développés ainsi que la Commission Européenne et les autres organisations internationales dont on peut espérer le soutien dans le cadre d’un projet régi par la transparence et l’équité dans la gestion.
Est-ce que le choix d’organiser et de gérer un programme spécialement pour les pays francophones présenterait le risque de les couper des autres pays non-francophones de la région Sub-Saharienne ?
Nous ne le pensons pas car nous envisageons au contraire de mettre en place des projets de coopération « Sud/Sud » avec les 20 pays anglophones et les 4 pays Lusophones de la région et des campagnes communes sont prévues sur des objectifs comme l’adoption d’avertissements graphiques, une campagne médiatique à l’occasion de la Coupe du monde de football (avec des athlètes des différents pays), le lancement d’une opération Great African Smoke Out (à l’instar de la campagne américaine d’incitation à l’arrêt Great American Smoke Out), les lieux sans fumée, etc.
Rien ne garantit que les décideurs de la Fondation Gates accepteront une telle proposition mais nous pensons qu’il serait dommage que tous les acteurs francophones de la lutte antitabac dans la région Sub-Saharienne n’essayent pas de se rassembler pour la soutenir dans la mesure où elle représente -à nos yeux- une excellente occasion de faire avancer la cause de chacun en apportant une réponse unanime et collective au souhait exprimé par la Fondation de voir les Africains et les Africaines s’impliquer directement dans la conception et la gestion d’un projet de lutte antitabac.
Concrètement, si cette proposition vous intéresse et que vous souhaitez en faire partie, il vous faut aussi rapidement que possible communiquer votre soutien et votre engagement à la personne qui vous a transmis ce message qui se charge de réunir les réponses.
Mentionnez clairement dans votre email vos coordonnées (noms, localisation, années d’expérience dans la lutte antitabac, blog ou site web fournissant des informations sur vos activités, brève notice biographique).
N’hésitez pas non plus à nous faire part de vos commentaires et suggestions.
La date limite pour répondre à l’appel d’offres est le 6 juillet 2009.
Merci donc de nous communiquer vos intentions rapidement pour que nous puissions en tenir compte.
A ce stade de la procédure un email avec ce contenu relativement limité est suffisant.
Bien entendu nous vous tiendrons tous et toutes informées de l’évolution du dossier et nous vous communiquerons immédiatement tous les documents qui seront produits.
Si vous voulez lire le contenu de l'appel d'offres nous avons réalisé une version résumée en français (sur http://blogsofbainbridge.
Liste des pays francophones en Afrique Sub-Saharienne (classement selon la taille de la population) :
1. RDC, 2. Madagascar, 3. Cameroun, 4. Côte d’Ivoire, 5. Burkina Faso, 6. Niger, 7. Sénégal, 8. Mali, 9. Guinée, 10. Rwanda, 11. Tchad, 12. Burundi, 13. Bénin, 14. Togo, 15. RCA, 16. Congo, 17. Mauritanie, 18. Gabon, 19. Ile Maurice, 20. Les Comores, 21. Djibouti, 22. Les Seychelles (anglais aussi langue officielle avec le créole).
Bonneinitiative.
Comment trouver du travail aux anciens travailleurs de l'industrie de tabac au Bénin (GAT)
Dr Hounsa
Posted by: Hounsa Assomption | September 30, 2009 at 12:04 PM