En cette fin d'année 2009 il est essentiel pour l'organisation de la lutte antitabac dans les pays d'Afrique francophone que les activistes continuent (ou commencent) à réclamer d'être partie prenante et décisionnaire dans le cadre des programmes géants (par rapport à ce qui existait auparavant) dont l'objectif affirmé est de les aider.
Ces programmes géants sont aujourd'hui au nombre de 4:
1. La Fondation Gates a accordé il y a deux ans (en novembre 2007) à l'organisme Canadien IDRC/CDRI plus de 5 millions de dollars dont selon nos estimations seulement environ 30% ont été affectés à ce jour à des projets. Beaucoup de groupes et de pays sont encore exclus alors qu'à ce niveau de financement tout le monde pourrait être impliqué (notamment avec des "micro-grants").
La communication, la transparence et la gouvernance laissent fortement à désirer.
Quels engagements peuvent être pris et tenus pour que IDRC/CDRI améliore son fonctionnement et que le plus grand nombre de pays soit impliqué?
2. En juillet 2009, la Fondation Gates a retenu l'American Cancer Society pour mener un deuxième projet antitabac pour les pays sub-sahariens à hauteur de 7 millions de dollars sur 5 ans. Ce projet affirmait plusieurs nouveaux principes d'organisation dont la création d'un consortium de représentants Africains de la société civile et une limitation des frais d'administration (même s'ils demeurent conséquents à 20%).
Où en est aujourd'hui ce projet? Que peut-on espérer concrètement en termes de gouvernance, de transparence, de participation de tous ou du plus grand nombre et pas seulement d'une poignée, choisis d'avance et toujours les mêmes?
Peut-on espérer un fonctionnement en français pour les francophones ou va-t-on rester dans ce qu'il faut bien qualifier d'impérialisme de la langue anglaise?
3. En aout 2009, la Fondation Gates a accordé 9,9 millions de dollars sur 5 ans à l'Initiative pour un monde sans tabac de l'OMS pour promouvoir la lutte antitabac en Afrique sub-saharienne.
Dans quelles conditions ce projet sera-t-il géré? Y aura-t-il une limite aux frais de gestion? Que peut-on espérer concrètement en termes de gouvernance, de transparence, de participation de la société civile? Jusqu'à présent les activistes n'ont pas été impliqués dans le processus de mise en place alors que l'énoncé du projet tel qu'il figure sur le site de la Fondation Gates mentionne expressément leur participation.
4. En octobre 2009, CTFK qui gère une partie sustantielle des fonds de l'Initiative Bloomberg contre le tabac et a également reçu des dizaines de millions de dollars de la Fondation Gates (via Bloomberg) a organisé à Nairobi une réunion de juristes africains. Intenter des procès nécessite des fonds, est-ce que CTFK est prêt à soutenir des actions judiciaires et d'autres efforts législatifs et réglementaires? Dans quels délais, selon quelles modalités, avec quels partenaires? Comment sera-t-il tenu compte de la spécificité linguistique et judiciaire des pays francophones?
Les pays francophones d'Afrique peuvent-ils espérer dialoguer collectivement (et pas seulement via des demandes individuelles) avec CTFK et le faire en français?
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