L’influence des amis, la proximité des fumeurs - qu’ils soient des parents ou des amis de la famille - sont autant de facteurs qui expliquent cette situation. La prévalence tabagique va de 1 à 20-25% au Malawi, explique le docteur Adamson Muula, professeur au Département de Santé publique à l’Université du Malawi.
Ces chiffres contrastent avec ceux d’Europe de l’Est, par exemple, où l’on enregistre des taux de consommation du tabac atteignant jusqu’à 50% chez les adultes, fait-il remarquer.En comparaison, l’Afrique présente le plus bas taux de fumeurs, mais la consommation de tabac est en hausse sur ce continent et d’autres régions pauvres du monde.
Plus de 60% de la population africaine est âgée de moins de 18 ans. Chaque année, des millions d’Africains se retrouvent entre le marteau et l’enclume: entre la difficulté de cesser de fumer et la souffrance générée par cette pratique.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, « le tabac est la deuxième cause de mortalité dans le monde. Il est actuellement responsable du décès d'un adulte sur 10 (soit environ 5 millions de morts par an). L’agence onusienne avertit que « si le tabagisme continue sur sa lancée actuelle, il provoquera environ 10 millions de morts par an d'ici à 2020 et la moitié de ceux qui fument aujourd'hui, environ 650 millions de personnes, finiront par en mourir ».
La situation est pire en Afrique. Pourtant, souligne le docteur Muula, le tabagisme n’est pas une priorité dans les stratégies de santé en Afrique. « Il y a le paludisme, la malnutrition, le VIH-sida et la tuberculose », dit-il.
Le tabagisme est quelque chose de nocif, mais à laquelle on ne peut pas faire face pour le moment faute de ressources, explique le docteur Muula. Peu de pays africains ont pris des mesures légales de protection de leurs citoyens contre le tabagisme et les nouvelles addictions au tabac. Le résultat est que des jeunes de presque tous les âges ont facilement accès aux cigarettes en Afrique.
Contrairement aux pays occidentaux, où il est interdit de fumer dans certains lieux publics, les gens, en Afrique, fument dans les bars, les restaurants, les transports en commun, exposant d’autres personnes à la fumée. Selon un rapport d’études publié en 2007 par les Centres américains de contrôle des maladies infectieuses, la probabilité de fumer, pour des élèves de 13 à 15 ans, non fumeurs, mais exposés à la fumée, à la maison ou à l’école, est deux fois élevée que celle des autres élèves.
Selon les experts, les pays en développement ont besoin d’une stratégie complète pour réduire le tabagisme. En Afrique, où la majorité de la population a moins de 20 ans, les familles peuvent jouer un grand rôle dans ce sens. Toutefois, de l’avis des experts, la volonté politique ainsi qu’un cadre légal adéquat sont nécessaires pour décourager les jeunes Africains de fumer.
FUMEUR 1: « Cela fait onze ans, si j’ai bien calculé, ça fait onze ans que je touche à la cigarette, que je touche à la fumée. Au début, c’était juste pour fumer; maintenant, je suis devenu un gros fumeur. Onze ans. (…) Moi particulièrement, je sais que la plupart des gens qui sont entrés dans la cigarette, c’est dans les amitiés - on se choppe ça - ou … dans la frime. »
FUMEUR 2 : « Je fume ; disons que j’ai commencé depuis 95 et cela fait déjà depuis plus d’une décennie que je touche à la cigarette, régulièrement. Disons, je suis arrivé à fumer par la curiosité… la simple curiosité de découvrir ce qu’il y a dans la cigarette. »
NON FUMEUR 1: « Celui-là qui prend de la cigarette, moi je peux dire que c’est un irresponsable parce que, déjà, si c’est un père de famille, celui-là est appelé à donner des conseils à ses enfants de ne pas prendre de la cigarette. Et si, par exemple, ces enfants-là voient ce monsieur en train de prendre de la cigarette et qu’il revient leur dire «ce n’est pas bon de prendre la cigarette », je ne pense pas que ces enfants peuvent accepter de respecter ce qu’il dit. »
NON FUMEUR 2: « Je dois dire que ça me fait pitié parce que nous savons tous ce que le tabagisme exerce comme effet sur l’organisme. Et donc je me demande, est-ce que ces gens sont informés avant de continuer de fumer ? »
EXPERT DU TABAGISME: « De manière globale, on estime à 31,3% le taux de prévalence du tabagisme au Togo, et au niveau des jeunes, le taux de prévalence tourne autour de 14%. On ne peut pas dire qu’on fume beaucoup, mais c’est préoccupant. Dans l’esprit des jeunes, en fumant, on est élégant, ce qui est faux! »
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