Charles Dossou Ligan publie ses entretiens avec Eugène Gbedji (ATSA-IDRC) et Chabani Bourhane (Comores) sur le site de CIFCOT 3.
Regard des participants sur CIFCOT III – Deuxième partie
Jeudi, 30 Septembre 2010 17:10
Le Dr Eugène Gbedji du Sénégal, expert en contrôle du tabac et responsable au niveau de l’ATSA, apprécie l’initiative de CIFCOT III, qu’il considère comme une antichambre de la prochaine 4ème Conférence des parties (COP4) de la CCLAT. Le partage d’expériences concrètes de différents pays dont le Canada, le Tchad, le Niger, le Bénin, la France, l’Afrique du sud, le Congo, etc. permet d’avancer dans le combat contre le tabagisme en Afrique francophone.
Le tabagisme comme problème de développement a surtout retenu son attention au cours de la conférence. De la culture jusqu’à la commercialisation, le tabac, a-t-il affirmé, ruine et tue. Il revient donc aux acteurs de chercher les voies et moyens pour convaincre les politiques afin qu’ils incorporent la question du tabac comme un élément clé de l’action de développement dans nos pays. A propos de la mise en œuvre de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), il a souligné la nécessité de mobiliser les ressources pour contribuer à une lutte efficace.
Mieux, il soutient qu’aucun acteur ne sera de trop dans le combat contre le phénomène du tabagisme. La société civile et les médias doivent œuvrer ensemble pour éveiller la conscience des pouvoirs publics dans les pays où le tabac ne fait pas encore l’objet de préoccupation dans les programmes publics.
Enfin, il a affirmé que les perspectives s’annoncent très bonnes pour la tenue de la COP4. La CIFCOT III se présente, selon lui, comme une antichambre de la COP4 où les différents acteurs de la zone AFRO se mobilisent autour des questions d’intérêt commun pour une participation plus efficace en balisant et en harmonisant leurs points de vue sur des aspects de la mise en œuvre de la CCLAT.
Quant à lui, Chabani Bourhane, Point Focal de la lutte antitabac au ministère de la santé des Comores, soutient que le tabagisme se comporte comme une maladie transmissible.
Avec une population de moins de 800’000 habitants, les Comores comptent parmi les pays où la consommation précoce du tabac est très remarquable. Une étude menée en 2007 par l’OMS révèle que la majorité des jeunes fument à partir de l’âge de sept ans, soit en dehors de la famille, sur la place publique et dans les groupements de jeunes. Cette situation alarmante mérite qu’on engage des actions renforcées pour freiner l’expansion du phénomène aux Comores. Chabani Bourhane entend donc mener très prochainement des actions de sensibilisation au niveau des jeunes, dans les ménages et dans les écoles, pour attirer leur attention sur les dangers du tabac. Les cours d’éducation sur le tabac dans les écoles devraient aussi compter dans cette démarche de sensibilisation.
Pour lui, l’épidémie du tabac se comporte comme une maladie transmissible car la contagion sociale et le tabagsime passif transmettent la maladie à celui qui ne fume pas.
Se fondant sur les différentes démarches et actions engagées tant du côté des pouvoirs publics que de la société civile, il espère que la loi antitabac des Comores sera votée en octobre prochain au parlement. Toutefois, il n’ignore pas la force d’infiltration du « Monsieur tabac », un importateur des produits tabagiques qui tente d’influencer les décisions politiques. Très reconnu pour sa puissance d’argent et ses pratiques que certains qualifient de corruption, il aurait par le passé essayé de bloquer le processus de relèvement de la taxe sur le tabac à 200%. Une démarche qui n’a pas été fructueuse pour lui, malgré les avances qu’il a fait au gouvernement défunt en lui prêtant de l’argent pour payer les salaires. Aujourd‘hui, la taxe sur le tabac est de 237%.
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