Honest Feedback est un petit livre (aussi en format e-book) que j'ai commis (en anglais seulement pour le moment) dans lequel j'exprime mes commentaires et mes suggestions sur la manière dont ont été et sont gérés les fonds substantiels investis par Michael Bloomberg et Bill Gates pour soutenir la promotion de la lutte anti-tabac en Afrique.
La Fondation Gates avait jusqu'ici investi environ 22 millions de dollars pour promouvoir la lutte anti-tabac en Afrique: 5,2 millions en 2008 pour le CRDI (présidé -on s'en souvient- par Barbara McDougall, ex-directrice chez Imperial Tobacco Canada), puis en 2009, 9,9 millions pour l'Organisation Mondiale de la Santé et 7 millions pour la Société Américaine du Cancer et le Consortium Africain. En visitant le site de la Fondation j'ai découvert une brève notice indiquant qu'en juillet la Fondation Bloomberg avait reçu une nouvelle subvention de 18 millions de dollars avec une mention spéciale pour intervenir en Afrique. Jusqu'à présent aucune information supplémentaire n'a filtré sur cette méga-subvention. Ne serait-il pas normal que l'ensemble des activistes Africains et le public en général sachent de quoi il retourne, comment ces fonds seront utilisés, avec quelle type de gouvernance, par qui, avec quelle transparence? Questions ultra-taboues dans un monde où personne ne veut risquer de froisser des financeurs omnipotents et souvent fort susceptibles.
Et pourtant, demander plus de transparence, une gouvernance claire associant tous les activistes, donnant une place égale à la langue française (et aussi au portugais et aux langues africaines traditionnelles) n'a rien de révolutionnaire. Honest Feedback que l'on pourrait traduire par Parlons franchement, expose mes frustrations concernant le mode de gestion de ces super-subventions et l'espoir d'une évolution vers des pratiques plus ouvertes, plus transparentes, plus démocratiques. Tout un programme dont il n'est pas évident que l'on se bouscule pour l'évoquer. Dans un article fameux publié dans le Seattle Times (le quotidien de la ville où est basée la Fondation Gates), intitulé, Pas grand monde n'ose parler francher à la Fondation Gates, un expert n'estimait-il pas qu'il serait suicidaire de critiquer publiquement la fondation si l'on souhaite obtenir une subvention. Ironiquement, les deux directeurs généraux de la Fondation ont répété leur souci qu'on leur dise franchement les choses ("honest feedback") mais il y a probablement un certain écart entre les intentions proclamées et la réalité.
En tout cas, j'ai pris Jeff Raikes, l'actuel Directeur Général de la Fondation Gates, au mot et ce petit livre lui est dédié: il souhaitait un honest feedback, le voilà servi.
PS: j'ai demandé (il y a 8 jours) des précisions sur la subvention de 18 millions à la Fondation Gates et à la Fondation Bloomberg. Je n'ai pour le moment pas reçu de réponse de leur part.
Le 1er mai 2008, la Fondation Bloomberg avait reçu 9 millions de la Fondation Gates, lorsque Bill et Michael annonçaient leur décision d'investir respectivement 250 et 125 millions de dollars dans la lutte anti-tabac à l'échelle mondiale, sommes qui venaient s'ajouter aux 125 millions déjà généreusement versés par Bloomberg fin 2006, soit au total 500 millions de la part de ces deux philanthrocapitalistes.
Il n'est pas question une seconde de mettre en doute leur générosité et l'utilité sociale de la lutte anti-tabac mais de s'interroger sur la façon dont ces sommes sont gérées.
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