Pourquoi ce petit essai de généalogie familiale?
Je suis un peu hanté depuis des années par les images, portraits, vieilles photos dont j'ai hérité, personne d'autre n'en voulant ou conservées parce que je répugnais à les jeter. Pourquoi avoir accepté ces deux grands portraits de Laure Gluck et Pierre Lebreton que Patricia et moi avons transportés partout avec nous, finalement jusqu'à l'autre bout de l'Amérique, dans notre appartement de Bainbridge Island où ils trônent au dessus et à côté du piano demi queue Pleyel, lui même rescapé du salon en rotonde du château d'Aubry, et dont oui j'ai plusieurs photos in situ, dont une (de 1950?) avec Tante Jeanne (Ledieu-Sabès) jouant probablement du Chopin devant ma jeune maman (née Monique Lebreton).
Ce petit récit commence donc par des images et les questions que je me pose à leur propos, questions qui me viennent spontanément alors qu'il faut bien constater qu'elles laissent la plupart des personnes qui les observent, indifférentes, n'allant guère plus loin qu'une interrogation superficielle sur leur identité et notre lien de parenté. Pourquoi d'ailleurs s'intéresseraient-elles à ces deux inconnus?
Laure Gluck (13 mai 1815- 1839) selon les données de l'arbre généalogique recopié par mon grand-père Marcel Lebreton, épouse Pierre Lebreton (6 janvier 1801-19 janvier 1886) à une date inconnue, maintenant retrouvée grâce à Généanet: le 25 avril 1835 à Paris, paroisse Sainte Madeleine. Elle donne naissance à un fils Alfred Lebreton en 1837, que nous avons très longtemps (voir ci-dessous) cru un enfant unique: elle a alors 22 ans et son mari 36 ans. Elle décède deux ans plus tard à Paris, à 24 ans, le 17 novembre 1839 (source Geneanet). ou le 17 janvier? Lors d'un accouchement? Mystère. Je crois me souvenir que Marcel avait mentionné cette possibilité mais je n'en suis pas certain. J'ai appris plus tard que Pierre Lebreton aurait été notamment un médecin accoucheur.
Geneanet nous donne le nom de la petite fille dont Laure a accouché le 6 juillet 1836, et dont jusqu'à maintenant l'existence nous était inconnue: Marie Mathilde. D'autres sources Geneanet nous disent que Marie Mathilde a épousé à Paris le 22 mai 1860 (à 24 ans) Henri Ferdinand Daniel, Chef de station des télégraphes, dont la famille est du Morbihan. Elle est décédée le 14 août 1864, à Paris, à 28 ans. En retrouvant l'acte de mariage, Geneanet nous apprend que Marie Mathilde est née le 6 juillet 1836, soit avant Alfred, né le 23 juillet 1837! Mais elle n'apparaît nulle part dans les documents de Marcel!
Veuf de Laure à 38 ans, Pierre se remariera deux fois, sans que Marcel nous fournisse les dates, avec Louise Colin, puis Julie Bergeron, dont il aura un fils Maurice (mort sans descendance). Les recherches sur Geneanet vont apporter de nombreuses précisions, en ordre dispersé.
Geneanet nous fournit ainsi le lieu et la date du second mariage de Pierre Lebreton avec Louise Colin: 2 septembre 1847 à Maisons-Lafitte. Il a 46 ans, elle a 27 ans, tous deux ont déjà été mariés: Louise a une fille de 9 ans et Pierre a une fille de 11 ans et un fils de 10 ans. Louise est née le 23 juin 1820 à Lons-le-Saunier; elle a épousé à 18 ans Joseph Aimé Reydor (32 ans) et ils ont eu une fille Marie Emerance Reydor, née le 7 décembre 1838 à Morez (Jura). Marie Reydor (1838-1910) a épousé en 1856/57 Joseph Poute de Puybaudet, elle a 18 ans, il a 32 ans. Ils ont eu 3 enfants et un grand nombre de petits-enfants.
J'ignore toujours quand est décédée Louise Colin et quand son premier mari, Joseph Aimé Reydor, est décédé.
Pierre Lebreton (53 ans) épouse Julie Bergeron (36 ans) à Paris le 11 octobre 1854, 7 ans après son mariage avec Louise Colin/Reydor. Ses enfants Marie Mathilde et Alfred ont 18 et 17 ans, sa belle-fille Marie Emerance Reydor a 16 ans. Deux ans plus tard naît Maurice.
Marie Julie Bergeron est née le 1er avril 1818 à Mer (Loir et Cher), décédée le 24 août 1901. Elle avait été précédemment mariée à Louis François Cretté (1810-date de décès inconnue) à Paris, le 1er juin 1837. Elle avait donc 19 ans lors de son premier mariage.
Leur fils Maurice Lebreton, né le 6 décembre 1856, est marié le 21 juin 1892 à Louisa Hélène Marie Boucard. Il a 36 ans, elle a 25 ans (née le 7 mars 1867). Une annonce du mariage indique que Maurice est docteur en médecine. Maurice décède à 44 ans, 8 ans après son mariage, le 11 mars 1900. Louisa se remarie le 1er septembre 1902 à Paris, avec Antoine André Thomas (né le 19 novembre 1867). Ils ont 35 ans tous les deux. Ils ont un fils Roger, le 23 décembre 1907.
Geneanet nous apprend aussi que Pierre Lebreton était l'aîné de 4 enfants: Marguerite, née le 22 septembre 1802, mariée le 27 novembre 1926 avec Jean-Marie Froger, a 10 enfants, de 1827 à 1844. Le frère de Pierre, Jean-Louis, meurt à un mois le 9 juillet 1807. La deuxième soeur de Pierre, Perrine (née le 11 septembre 1812, décédée le 9 février 1848) a épousé le 24 novembre 1831, Michel Bertru: ils ont 7 enfants ( 3 meurent jeunes).
Revenons à la famille de Laure Glück;
Marcel nous donne les ascendants de Laure sur 3 générations: ses parents Hélène Camille Noel, mère à 24 ans (1791-1870) et Jean-Ulric Glück (27 juillet 1784- 19 juin 1831 à Mulhouse) père à 32 ans, mort avant le mariage de Laure. Il meurt avant son père, André Glück et via geneanet (merci Jean-Pierre Bohin et une cousine Grethner) j'ai obtenu un arbre généalogique qui nous fournit les dates de naissance et décès pour André Glück (30 mars 1759-20 janvier 1835) et seulement des années pour son épouse Catherine Huber (1762-1854) qui aurait donc vécu jusqu'à 94 ans. Cet arbre mentionne Anne Elisabeth Vogel comme épouse de Jean-Ulric au lieu de Hélène Camille Noel. Il est possible que Jean-Ulric ait épousé en premières noces Anne Elisabeth qui appartenait à une des plus anciennes familles de Mulhouse, selon le livre d'or de la ville (voir pages 318 à 320) ou c'est une erreur. La famille Glück comprend plusieurs échevins de Mulhouse comme l'indique le livre d'or de la ville de Mulhouse. Infos reprises sur l'arbre généalogique ci-dessous.
Reste le portrait de Laure, assise devant un piano forte, signé par Bazin Ainé? pour distinguer Pierre Joseph Bazin de son jeune frère, Charles-Louis peintre également? Portrait non daté qui me plaît pour plusieurs petits détails: le titre de la partition est Musique de Glück (clin d'oeil?) et on aperçoit derrière Laure le tableau d'un paysage, un tableau dans le tableau. Que dire de Laure elle-même? Coiffure de l'époque avec des cheveux noirs relevés sur le haut de la tête, yeux et sourcils noirs, un léger sourire, une robe blanche qui laisse ses épaules nues mais un décolleté sage, bras nus sous des manches ballons, le bras gauche repose avec la main près du clavier tandis que la main gauche tient une petite rose, posée sur sa longue robe blanche, qui recouvre presque les deux escarpins blancs. Me voilà guère avancé dans la connaissance de Laure. Quel âge a-t-elle lorsque le portrait est réalisé? Est-ce avant son mariage? Peut-être un peu avant et pour faire pendant au portrait de Pierre? Au moment où j'écris ces lignes, je n'en sais pas davantage et je crains qu'il faille s'en contenter.
Passons à Pierre (1801-1886) dont le portrait ne nous dévoile pas grand chose en termes de chronologie puisqu'il n'est ni daté, ni signé, enfin d'après ce que j'ai pu en voir. Aucune indication, tant au recto qu'au verso. A la différence du portrait de Laure, il est centré sur son visage et le haut du corps, portant une redingote noire, gilet blanc orné d'une broche, chemise et cravate blanches. Le style des vêtements et la coiffure font penser à Mr Darcy, le héros de Pride and Prejudice de Jane Austen tel qu'interprété par Colin Firth mais c'est une ressemblance trompeuse dans la mesure où le roman date de 1813, probablement antérieur d'une dizaine ou d'une vingtaine d'années avec le portrait de Pierre. Le fond du tableau montre une esquisse de collines et un grand ciel sombre qui me fait penser au portrait d'un jeune homme réalisé en 1836 par Charles Henri Bazin, tel que découvert en ligne. Pierre semble avoir la trentaine dans ce portrait, le seul dont nous disposions. On sait de lui qu'il est né en 1801, de Marie Communier et Julien Lebreton (aucune autre information présentement disponible). Geneanet nous en a révélé bien davantage
Internet nous fournit une notice biographique relative à Pierre Lebreton, inclue dans l'ouvrage de Claude Lachaise, publié en 1845 (sous le pseudonyme de C Sachaile de la Barre: Les Médecins de Paris, jugés par leurs oeuvres, ou statistique scientifique morale des médecins de Paris. Je la reproduis intégralement:
LEBRETON (Pierre), Docteur en Médecine; né à Saint-Gilles (Ill-et-Vilaine) en 1801; reçu docteur en médecine à Paris en 1839. (Rue Saint-Denis, 277, maison des bains Saint-Sauveur, de 1 heure à 3.) - Ancien aide-major démissionnaire du Val-de-Grâce et du Gros-Caillou, M. Lebreton (Pierre) avait remporté le premier prix à l'hôpital militaire de Strasbourg, et ceux d'anatomie, de physiologie, de chirurgie et de médecine à la faculté de la même ville. Depuis sa réception il se livre à la pratique des accouchemens, sur lesquels il a fait plusieurs cours particuliers. Il a, un des premiers, signalé la présence du choléra à Paris, par une observation qui a soulevé un orage au sein de la docte assemblée. Il a été attaché plusieurs années au bureau de bienfaisance du 6e arrondissement, et a reçu la médaille du choléra.
Sur le signalement par Pierre Lebreton d'un cas de choléra lors de la séance de l'Académie Royale de Médecine du 22 février 1832, je n'ai pas pu retrouver un compte-rendu officiel, seulement ce raccourci d'après "Du choléra épidémique. Leçons professées à la Faculté
de Médecine de Paris » paru en 1849 et « Le corps médical et le choléra en 1832 » paru en 1933, repris par le site "la France pittoresque":
En 1832, dès le 6 janvier, un étudiant en médecine succombait en trente-six heures, rue Hautefeuille. Le 6 février, un concierge de la rue des Lombards mourait dans les mêmes conditions, que le docteur Lebreton signala le 22 février à l’Académie de médecine.
L'Académie ne jugea pas les circonstances assez convaincantes mais je n'ai pas retrouvé les détails.
C'est tout ce que j'ai pu retrouver sur Laure et Pierre Lebreton. Il est donc temps de passer à leur fils Alfred, orphelin de sa mère Laure, à l'âge de 2 ans.
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