Un article du Monde évoque le comportement des dirigeants de Swatch, se refusant à des licenciements lorsque les bénéfices sont en baisse contrairement à bien d'autres entreprises. Le scandale des primes AIG (et autres) a le mérite de remettre sur le tapis (pour combien de temps) la question des rémunérations des dirigeants (et des autres salariés avec "primes"), question que tous ceux qui profitent de ce système veulent -bien entendu- éviter d'aborder.
A lire la plupart des journaux on aurait pu penser que toucher une prime d'1 million de dollars, soit l'équivalent de 20 ans de salaire moyen à 50.000 dollars était tout à fait normal, même quand la boîte était en fait en faillite et ne devait sa survie qu'à l'apport massif de fonds publics. Il est clair que le secteur financier a beaucoup de mal à accepter de réduire ses scandaleuses rémunérations et frémit quand il se retrouve exposé à une opinion -justement- en colère: ainsi le Président d'AIG rechigne à rendre public la liste des gens ayant touché des "primes" par crainte qu'ils subissent des représailles.
Un autre commentateur s'inquiète: "est-il maintenant criminel de gagner de l'argent?" La réponse est évidemment oui quand ces "gains" ne reposent sur aucune contrepartie réelle (au contraire) et ne constituent que des privilèges abusifs obtenus au fil des ans et d'une dérive dont on voit où elle mène même si les privilégiés voudraient faire croire qu'il ne s'agit que d'une péripétie et que tout doit redevenir comme avant et qu'il ne faut en aucun cas toucher à ces sacrés privilèges.
Le montant des rémunérations stratosphériques que ceux qui les touchent veulent garder confidentiel doit faire l'objet d'une révision drastique et démocratique (discutée publiquement), en commençant par la transparence sytématique: si ces rémunérations sont "justifiées" et justes, pourquoi ceux qui les touchent criandraient-ils de les rendre publiques? Si elles sont scandaleuses, sans doute convient-il de remédier au scandale en les réduisant, éventuellement par l''impôt ce qui serait un moyen fort simple et efficace.
Il y a des entreprises dont les dirigeants ont fixé eux-mêmes des limites à leur salaire, comme chez COSTCO (une chaine d'hypermarchés). La crise et les turpitudes qu'elle expose doit inciter à rechercher la mise en place de telles limites et d'une complète transparence qui garantit que les excès éventuels seront vite repérés et sanctionnés par une désapprobation sociale qui est finalement un autre moyen très concret de traiter ce problème: si on ne peut plus gagner un million sans se faire huer, l'incitation est nettement moins forte.
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