Et au sein de COP2? Qui peut nous parler de la situation en Chine et des positions des représentants chinois?
En attendant les Jeux olympiques,la cigarette reste une culture populaire
de ChineTous les mardis, la mondialisation à travers l’histoire Pascale Nivelle
Par Pascale Nivelle
QUOTIDIEN : mardi 3 juillet 2007
Refuser la clope tendue ?
«Ça ne se fait pas», explique aimablement notre hôte à la fin
du banquet, dans l’un de ces innombrables restaurants enfumés d’une
capitale provinciale.
Une femme, passe
encore. Les Chinoises ne sont elles-mêmes que 3,1 % à fumer. Mais
l’homme qui décline n’en est pas un, tout simplement. L’astuce,
provisoire, est de coincer la tige sur l’oreille d’un air gourmand, «pour plus tard». Car, si l’on grille la première Shaanxi
(«double bonheur», 16 mg de goudron), il faut s’attendre aux tournées
qui suivront, de plus en plus amicales, de plus en plus rapides.
Pourquoi ne pas réclamer une salle non-fumeurs ? Dans les restaurants
qui servent de la cuisine chinoise, ça n’existe pratiquement pas.
Partout, les paquets tournent et les cendriers sont pleins. A deux
yuans (20 centimes d’euro) le paquet, pourquoi se priver ?
Il est étonnant que la
Chine ne compte que 350 millions de fumeurs, selon les chiffres de
l’Organisation mondiale de la santé. Un Chinois sur quatre, sexes et
générations confondus. Un million d’accros meurent chaque année. Ainsi
que 100 000 victimes collatérales du tabagisme passif.
La presse chinoise, ces
derniers temps, ne parlait que du fléau, dans des termes alarmants. Les
Jeux olympiques sont une bonne occasion de «donner aux étrangers une bonne image de la Chine».
L’exemple vient souvent de haut. Mao allumait ses cigarettes bout à
bout. Elles n’avaient pas de nom, car, depuis 1964, un atelier spécial
du Sichuan fabriquait pour lui, et quelques autres grands dirigeants,
des cigares et des cigarettes de luxe. Chaque ouvrier les produisait
manuellement, 30 unités par jour maximum, une façon comme une autre de
servir le peuple. L’atelier a fermé ses portes en 1976, à la mort du
Grand Timonier. Son successeur, Deng Xiaoping, était aussi un gros
fumeur, mais ses goûts plus populaires lui faisaient aimer les banales
Panda.
Aujourd’hui, les temps
ont un peu changé. Ni Hu Jintao ni Wen Jiabao ne s’affichent en public
dans une auréole de fumée. Mais une marque célèbre, les Zhongnanhai,
porte toujours le nom du siège du gouvernement central à Pékin. Ce
n’est pas le cas partout, dans le Guizhou, par exemple, une photo des
célèbres chutes d’eau orne les paquets de Huang Guo Shu.
Les mentions légales ailleurs,
«Fumer tue» et autres avertissements plaisants, n’existent pas
en Chine. Même sur les paquets de fausses Marlboro ultra-light à
50 yuans (5 euros) vendues sous le manteau.
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