Le 9 novembre 1999, SOS Tabagisme- Niger publiait sa 1ère déclaration publique en tant que structure de lutte contre le tabac au Niger.
Pour beaucoup de Nigériens, ce fut une surprise. Le sujet était tellement méconnu et le produit bénéficiait d’une telle acceptation sociale qu’il apparaissait utopique de lutter contre.
L’objectif principal était d’inscrire la question du tabagisme sur l’agenda social et de faire en sorte que l’Etat, les médias et les organisations de la Société Civile comprennent la nécessité de cette lutte et s’engagent à leur niveau.
Quel bilan aujourd’hui ?
De 1999 à 2008, 8 ans se sont écoulés, 8 ans de lutte acharnée, caractérisée par des procès, l’organisation de séminaires et d’ateliers, de conférence de presse, de diffusion d’informations …. avec cette même finalité de démontrer la nécessité d’une lutte active contre le tabagisme.
Mais 8 ans après, le Niger s’impose
comme un pays leader en Afrique en
matière de lutte contre le tabac.
Malgré les hésitations, le Niger a très vite
ratifié la CCLAT, première convention
internationale en matière de santé
publique.
En application de cette convention, le Niger a été l’un des premiers pays en Afrique à avoir adopté une loi antitabac qui prend en compte les grandes orientations de ce traité.
En dépit des actions de lobbying de l’industrie du tabac afin de remettre en cause cette loi ou du moins d’en affaiblir les dispositions, le gouvernement du Niger a adopté en conseil des ministres du 17 juillet 2008, son décret d’application, entré en vigueur le 11 septembre 2008.
Depuis lors, la publicité
directe et indirecte est totalement
interdite dans le pays.
Toute opération de
parrainage est interdite lorsqu’elle a pour
effet, la promotion ou la publicité directe
ou indirecte en faveur d’un produit du
tabac.
De même, il est interdit de
fabriquer, distribuer gratuitement ou de
vendre des jouets ou tout autre objet
ayant la forme du tabac ou susceptible
de rappeler un produit du tabac.
Il est
également interdit de fournir un produit
du tabac à titre gratuit ou en contrepartie
de l’achat d’un produit ou d’une
prestation de service.
Enfin, il est interdit de fumer dans les lieux de travail et d’accueil du public.
Cette interdiction de fumer s’applique dans les lieux fermés et couverts notamment des administrations publiques et privées, des entreprises, gares ... Elle s’applique également aux espaces non couverts des établissements scolaires ainsi qu’aux établissements destinés à l’accueil, à la formation ou à l’hébergement des mineurs.
Les moyens de transport sont aussi concernés : avions, trains, taxis (de ville ou de brousse), bus de transport, véhicules particuliers en présence de passagers non fumeurs, ascenseurs.
Toutes ces dispositions sont entrées en vigueur aujourd’hui.
La loi prévoit également l’apposition d’avertissements sanitaires avec des images sur au moins 30% de la surface d’un paquet de cigarettes en recto verso.
Cette disposition constitue l’un de nos prochains défis.
La loi stipule par ailleurs que les fabricants et les distributeurs des produits de tabac sont civilement responsables des dommages causés du fait de la consommation de ces produits.
Les textes permettent désormais aux victimes d’intenter une action directe contre les fabricants et les distributeurs en cause. Elles ont la possibilité de se faire assister par les organisations de lutte contre le tabac, ou par un conseil de leur choix.
La loi a prévu des agents de l’Etat en charge de faire respecter cette loi : agents de la police sanitaire, forces de défense et de sécurité, inspecteurs de surveillance et de contrôle des normes.
Parallèlement, la loi confère le droit aux organisations de lutte contre le tabac de se constituer partie civile pour toute infraction à la loi.
Il apparaît donc clairement que la société civile joue un rôle prépondérant dans le cadre de la mise en œuvre de la CCLAT.
Alors nous pouvons !
Inoussa SAOUNA
Président SOS Tabagisme Niger
Comments
You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.