Les pays signataires de la Convention Cadre pour la Lutte Anti Tabac sont actuellement réunis en Afrique du Sud sous les auspices de l’Organisation Mondiale de la Santé afin de prendre des mesures décisives pouvant conduire à l’application de certaines de ses dispositions parmi lesquelles, l’article 11 qui porte sur Conditionnement et étiquetage et l’article 13 portant la publicité, la promotion et le parrainage.
Aujourd’hui, plusieurs pays comme le Sénégal, qui ont ratifié cette Convention depuis 4ans, n’ont pas encore montré une réelle volonté politique de veiller à l’application effective de ces articles et ceci malgré les promesses que ne cessent de faire les différents ministres en charge de la santé.
Par Massamba Diouf
En effet, nous nous rappelons que, sous la pression des lobbies du tabac très influentes, le Gouvernement du Sénégal a modifié la loi 81.58 du 09 Novembre 1981 en adoptant la loi 85.23 du 25 février 1985 signant le retour de la publicité, des pratiques promotionnelles et de parrainage du tabac par toutes les formes de communication excepté par voie de la télévision.
De plus, le Sénégal compte déjà trois grands fabricants de cigarettes que sont la MTOA, PM et la BAT et les relations ambigües que ne cessent d’entretenir nos autorités avec l’industrie du tabac ne peuvent que inquiéter les acteurs de la lutte anti tabac..
Par ailleurs, le projet de loi annoncé par le Président de la République visant à augmenter les taxes sur le tabac n’est pas encore arrivé sur la table des députés ; est-ce un recul ?
Et pourtant, la situation du tabagisme au Sénégal ne cesse d’empirer avec de plus en plus de jeunes filles qui fument et d’analphabètes qui n’ont aucun moyen d’information sur les méfaits du tabac. Il ne faudrait pas perdre de vue que :
- 57% de la population a moins de 20 ans.
- l’enquête de GYTS (Global Youth Tobacco Survey) de 2007 a montré que : 11.4 % des élèves interrogés ont déclaré avoir reçu gratuitement une cigarette offerte par les agents commerciaux de l’industrie de tabac ;
- 12.0% des élèves garçons fument régulièrement la cigarette contre 3.1% des jeunes filles
- une autre étude réalisée en 2004 a montré qu’au Sénégal 71% des garçons âgés de 10 à 20 ans fument ;
- Enfin, d’après un sondage mené auprès de 100 individus par l’Association Vie et Santé (AVIS) sur l’Article 11 de la CCLAT, a montré que 97% des fumeurs achètent le plus souvent la cigarette au détail. Le sondage s’est déroulé du …..au …..dans la région de …..auprès des jeunes de….à ….des milieux scolarisés ou/et pas.
Par ailleurs, selon toujours le sondage mené par l’Association Vie et Santé (AVIS) :
- 89% des enquêtés pensent que les images d’avertissement à la santé peuvent contribuer à décourager les fumeurs
- 97% pensent que le gouvernement devrait prendre ces mesures relatives à l’article 11 pour empêcher les gens de fumer et pour arrêter les ravages du tabac ;
- Selon l’enquête GYTS 86.2% des jeunes fumeurs ont essayé d’arrêter de fumer.
En conclusion, après plusieurs années de travail de proximité, il se révèle que , outre l’effort de la société civile, qui mérite d’être soutenue , d’une façon dynamique et cohérente, l’accent doit être mis , avant tout sur la culture d’une véritable volonté politique.
L’effort doit conduire à l’implication des hommes et femmes politiques qui sont à même de faire avancer les causes car la réalité africaine ne laisse pas de place à d’autres alternatives durables.
C’est cela qui sera le véritable catalyseur pour le succès de la lutte antitabac en Afrique
Une chose reste évidente pour nous les acteurs de la lutte anti tabac, en faisant ainsi une petite évaluation de la situation, il n’y a que la volonté politique qui pourra mener à l’application des dispositions de la CCLAT et ceci quelques soit la puissance de l’industrie du tabac.
Massamba DIOUF : Président de l’Association Vie et Santé (AVIS)
Email : [email protected] / [email protected]
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