Que sais-je de ton père? Un article publié en avril 1955 dans le numéro 103 de Forces Aériennes Françaises (la revue mensuelle de l'armée de l'air) où sous le titre "la discipline et le chef" on y raconte quelques épisodes intéressants de ses activités dans l'aéronautique durant la première guerre mondiale: on le voit notamment régulièrement en opposition avec ses supérieurs hiérarchiques.
Un trait de caractère que j'ai retrouvé chez toi et chez moi. Tu avais conservé un brevet de pilote (numéro 600 -je crois-) orné d'une photo au regard impérieux et à la moustache triomphante ainsi qu'une autre photo (antérieure), coiffé dun casque colonial de l'infanterie de marine. Tu avais une série de carnet de notes en moleskine noire écrits durant son séjour en Afrique et tu évoquais à ce sujet Sékou-Sikoro: lorsqu'il pleuvait on se mettait tout nu et on rangeait les vêtements dans le casque...
Quand et comment est-il passé de l'infanterie de marine à l'aviation? Mystère.
Tu avais une série de photos prises au retour d'une mission, où on le voit totalement emmitoufflé et la barbe semée de glaçons. Mystère aussi sur son départ de l'armée et son entrée dans l'industrie pétrolière. A la société des consommateurs de pétrole?
Il devait apprécier La Baule et ses environs puisque je me souviens aussi que lorsque nous allions au Croisic et que nous passions devant une grande bâtisse peu avant d'y arriver, Frédéric déclamait, c'est là qu'a été prise une photo d'Oncle Louis bébé dans les bras de son père qui est déjà chauve; information qu'il tenait de toi et qu'il répétait systématiquement à cet endroit sous nos esclaffements (?!).
Quelques photos familiales dans la maison des environs d'Orléans. L'évocation d'un décès brutal ( rupture d'anévrisme) au cours d'un conseil d'administration et le transport de son corps à la maison.
C'est assez maigre. J'oubliais la devise Age quod agis mentionnée par ailleurs et c'est tout. Nous ne sommes jamais allés sur sa tombe et j'ignore où elle se trouve.
Sur Madeleine, ta mère, j'en sais encore moins: je ne l'ai jamais vue. Juste sur les photos prises à ton mariage à La Baule et c'est tout.
La rupture avec elle, tes frères et ta soeur avait été complète et durable et tu étais entré dans la famille de ta femme, la seule que jai connue, ancrée dans le Nord, à Valenciennes et à Paris et La Baule, avec assez d'histoires, de personnages et d'enfants de mon âge pour compenser l'absence de l'autre moitié. On ne pouvait qu'accepter ce fait accompli, cette mutilation volontaire.
Après ta séparation d'avec Kostia j'ai eu le sentiment que tu rejouais une nouvelle fois le même scénario en te détachant de nous. Cette fois il n'y avait pas de famille de rechange.
Affectivement j'ai l'impression que tu admirais ton père, mais quels étaient tes rapports avec lui?
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