31 Octobre 2009, c’est la date prescrite par le directeur général de
la British
American
Tobacco, BAT, pour fermer son site industriel de Ouidah au Bénin. Face aux principes de responsabilité d’entreprise citoyenne et de bonne gouvernance que le groupe s’est fixé depuis la mise en place de l’usine de Ouidah en 1984, il est désormais obligé de se concentrer seulement sur la commercialisation et le marketing dans les bureaux de Cotonou.
Malgré les milliards engloutis dans l’exportation de ses produits dans l’espace UEMOA,
la BAT
est aujourd’hui confrontée à une rude concurrence dans le même espace ; d’où la sous-utilisation continue de ses capacités industrielles avec des pertes cumulées de plus de 10 milliards de francs CFA au cours des années 2007 et 2008 consécutives à la perte d’importantes parts de marchés. Avec une capacité annuelle de un milliard de cigarettes depuis sa mise en service en 1984,
la BAT
n’a produit de 490 millions en 2008, soit 50% en moins. Malgré les efforts consentis par les autorités béninoises en vue de favoriser la reprise des exportations de la production de
la BAT
dans l’espace UEMOA, le groupe a eu du mal à retrouver ses performances initiales. C’est ce qui a conduit le directeur général, Monsieur Jean Pierre Quadri, à décider de la fermeture du site industriel de Ouidah. Une décision qu’il a rendu public à travers une conférence de presse le vendredi 14 août dernier à l’Hôtel Novotel de Cotonou.
Au plan social, la nouvelle est très lourde de conséquence. Après la suppression de 43 emplois en 2008, les 33 agents restant sur le site seront aussi congédiés pour les mêmes causes. Suite à cette restructuration urgente aux impératifs stratégiques, les équipements de l’usine pourront être exportés vers d’autres unités de
la BAT
sur le continent. L’usine de Ouidah ferme ; mais le groupe BAT reste opérationnel sur le territoire à travers ses bureaux de Cotonou qui accueilleront les commerciaux et les administratifs et se consacrera désormais aux activités de commercialisation et de marketing.
LA VICTOIRE
DES
LES MILITANTS ANTI TABAC
Au-delà de la perte des emplois et des manques à gagner pour les finances publiques et autres grincements de dents, c’est une grosse victoire pour les militants de la lutte anti tabac du monde entier notamment
la FCA
et le ReJOLAT-Bénin. En effet, le tabac est la cause de plusieurs maladies cancérigènes graves et la source d’appauvrissement des communautés africaines où le budget des soins de santé dus au tabagisme dépasse largement les fonds engagés dans la scolarisation des enfants, la construction des centres de loisirs et d’autres infrastructures sociocommunautaires. Les graves conséquences de la fumée sur la vie du fœtus, sur la santé mentale des jeunes et adolescents, cibles privilégiées des industries du tabac, sont énormes.
A une époque où notre pays rêve de l’émergence à travers le relèvement de plusieurs défis dont la mécanisation agricole, les Béninois et notamment les pouvoirs publics ne peuvent pas compter sur les maigres revenus qui proviennent de l’activité des industries du tabac pour engager les grands chantiers de développement. Notre pays a besoin de ressources humaines valides, prêtes à l’emploi pour sa construction. A côté des milliers d’emplois qui se créent aujourd’hui dans le pays, une trentaine de perdue à
la BAT
est fort insignifiante. Au contraire, on devait même se réjouir de perdre des emplois dangereux et immoraux au profit d’autres humainement plus éthiques et plus rentables. Car même si les enquêtes prouvent que les producteurs de la cigarette n’en consomment pas, ils encouragent énormément les personnes naïves et innocentes à en abuser.
La BAT
ferme son industrie mais continue le marketing et la commercialisation au Bénin. Après cet échec cuisant, le groupe cherchera à convertir ses énergies et ses capacités dans le recrutement de nouveaux fumeurs en même temps qu’il cherchera à travers ses commerciaux à fidéliser les anciens fumeurs alors qu’on pense du côté des Ong et des journalistes à les sensibiliser en vue de leur sevrage progressif. La lutte ne doit pas s’arrêter. Au contraire le ReJOLAT a intérêt en même temps que
la FCA
à doubler d’ardeur et de stratégies de communication pour éviter le pire à nos populations qui ne demandent qu’à être protégées. D’où la recommandation importante de contrôler plus vigoureusement les activités de commercialisation et de marketing des produits tabagiques au Bénin.
Charles Dossou LIGAN
Tél. :+ 229 978 701 44
958 303 10
Email : [email protected]
Réseau des Journalistes et ONG pour la lutte contre le tabagisme au Bénin (ReJOLAT-Bénin)
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