Un appel de Véronique Le Clézio au sujet de l'appel d'offres de la Fondation Gates pour financer pendant 5 ans un programme visant à faire avancer la lutte antitabac en Afrique Sub-Saharienne.
1. Après lecture attentive des termes de la lettre d'intention -Letter Of Intent (LOI) ou appel d'offres- nous pouvons regretter qu'elle ne soit pour le moment disponible qu'en anglais, il serait juste de faire une demande auprès de la Fondation Gates pour une traduction en français.
Les activistes Africains doivent y répondre et prendre une responsabilité pleine et entière dès ce stade du processus. L'appel d'offres insiste à plusieurs reprises sur la nécessité d'impliquer les Africain(e)s et sur l'obligation de fournir une liste des organisations et personnes Africaines qui soutiennent la LOI.
2. Nous ne devons pas limiter
notre participation à un nom dans une liste mais nous devons plutôt
faire l'effort d’exposer nos objectifs dans le cadre d'un large rassemblement.
Nous sommes les mieux placés pour savoir ce dont nous avons besoin
et pour présenter nos demandes puisque nous serons les premiers impactés
par les décisions qui seront prises.
Pourquoi choisir de rester passifs et dépendants alors que nous pouvons prendre la place du conducteur et que nous nous sommes plaints (entre nous) pendant des années de la manière dont l'aide était gérée sans que nous soyons vraiment associés à sa gestion?
3. Les expériences précédentes
ont en effet montré tous les problèmes que rencontrent les programmes
lorsque les Africains y sont de simples récipiendaires en bout de la
chaîne au lieu d'être pleinement associés comme décideurs et gestionnaires
dès le début.
Cette LOI est une parfaite occasion de mettre en place
une collaboration équilibrée et harmonieuse fondée sur une totale
transparence et la pleine responsabilité de chacun.
A nous de mettre en place les meilleures pratiques afin de limiter les gaspillages (skype au lieu des voyages, des laptops et de l'accès à internet au lieu de chambres d'hôtel) et de procurer le maximum de soutien aux activistes Africain(e)s.
4. La présente LOI mentionne qu'au moins 50% des fonds devront aller aux organisations Africaines. Cela semble impliquer que jusqu'à 49% pourraient aller à des organismes non-Africains.
Nous pouvons sûrement construire un projet dans lequel
85% ou davantage des fonds reviennent à des organismes ou personnes
africaines. Il est essentiel que cette discussion sur l'usage et la
répartition des fonds ait lieu maintenant, dès le début.
5. La LOI reconnaît clairement l'existence de champions et championnes de la lutte antitabac en Afrique: c'est à nous d'exercer ce leadership et de prendre l'initiative d'articuler un projet dont nous assumerons la gestion puisque nous sommes celles et ceux qui savent le mieux et nous sommes les seul(e)s au final qui ferons le travail.
6. Il a aussi été dit qu’il
serait imprudent de prendre le risque d'offenser les donateurs et que
nous devons être prudents et très patients.
Mais si nous prenons la
peine de lire attentivement le texte de la Lettre d’Intention, il
ressort, au contraire qu’un défi nous est lancé, un défi pour que
les activistes africains joignent leurs forces et prennent l'entière
responsabilité de concevoir et proposer un projet de 7 millions de
dollars sur 5 ans que nous pourrions gérer nous-mêmes.
C'est à nous
de décider.
Nous avons 2 semaines pour formuler un plan et rédiger
notre LOI. Nous avons entre nous, déjà, par notre expérience sur
le terrain, des centaines d'années d'expérience dans la lutte antitabac
en Afrique !
Il faut décider et agir maintenant, c'est notre responsabilité. YES WE CAN !
Ayons foi en la solidarité africaine et en nos capacités pour débarrasser notre continent du fléau de l’industrie du tabac, en saisissant maintenant l’occasion qui nous est offerte par la fondation Gates à travers cet appel aux lettres d’intention.
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