Suite au vote ce 4 Février du projet de loi n° 46/ 2008 modifiant les articles 333 et 368 du Code Général des impôts portant augmentation des taxes sur les produits du tabac par l’Assemblée Nationale, le bureau exécutif de l’ONG Mouvement Antitabac du Sénégal s’est réuni pour apprécier et analyser la situation.
En principe, l' augmentation des taxes et du prix des cigarettes est une mesure qui a toujours rencontré l’approbation de notre Mouvement et de pratiquement toutes les organisations de lutte antitabac du Sénégal.
Elle entre dans le cadre l’application de l’article 6 des dispositions de la Convention Cadre pour la lutte Antitabac dont notre pays est signataire le 19 Décembre 2004. Mais aussi dans les recommandations de la Banque Mondiale..
En ce qui concerne ce projet de loi n° 46 / 2008 augmentant à 40% les taxes soit une hausse de 10% il concerne les catégories de cigarettes dites standard et économiques.
En effet les cigarettes dites premiums étant déjà à ce niveau de taxation de 40% ne sont pas frappées par l’augmentation des taxes. Cela sifginfie qu'en votant cette loi, les députés ont procédé à un vote discriminatoire entre les différentes catégories de cigarettes et par ricochet ont favorisé Philip Morris dont la marque Marlboro est classée cigarette premium. La BAT tire aussi bénéfice de la mesure. à travers sa marque DUNHIL.
En d’autres termes, les objectifs visant à réduire la demande de tabac à travers l’augmentation des taxes ne seront que partiellement atteints. En effet, la marque Marlboro est très appréciée des Sénégalais et caracole en tête des PDM ( des parts de marché).
Par ailleurs, nous demandons au gouvernement de veiller à ce que l’industrie du tabac répercute l’augmentation des taxes sur les prix des cigarettes. C’est seulement à cette condition que la réduction de la demande de tabac et de la consommation de la cigarette se fera et aura un sens.
Autrement l’industrie du tabac risque de réduire sa marge bénéficiaire pour maintenir le prix des cigarettes au même niveau d’avant l’augmentation des taxes pour garder sa clientèle.
Nous invitons donc le gouvernement à faire mieux prochainement en votant une loi régulant les recettes induites par le commerce du tabac qui se chiffrent à plus 22 milliards par an.
En comparaison, le gouvernement du Sénégal consacre entre 37 et 47 millions de fcfa de budget par an au point focal antitabac au niveau du Ministère de la Santé et de la prévention.
Nous pensons que c’est très peu en considération des méfaits induits sur la santé par la consommation de tabac et l’exposition à la fumée.
Le Sénégal aurait beaucoup à gagner en faisant davantage.
En quoi faisant ?
En rehaussant le budget du point focal antitabac et en consentant d’affecter une partie de cette manne financière aux organisations de promotion de la santé et de lutte antitabac pour renforcer leurs campagnes de prévention sur les maladies liées à la consommation du tabac.
Comme le disait Me Abdoulaye Wade que nous citons de mémoire: « Tant qu’il y aura des hommes il y aura des maladies. Il ne sert à rien de courir derrière les maladies, il faut les prévenir ».
Nous rappelons que la lutte antitabac est une question de volonté politique mais que l’argent reste toujours le nerf de la guerre.
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