Prison avec sursis requise pour l'ex-directeur du CNCT accusé de détournements
PARIS, 2 nov 2005 (AFP) - Le substitut du procureur de la République de
Paris Marie-Aimée Gaspari a requis mercredi 18 mois d'emprisonnement
avec sursis et une amende de 30.000 euros à l'encontre de Philippe
Boucher, ex-directeur du Comité national contre le tabagisme (CNCT),
soupçonné de détournements de fonds.
M. Boucher, 55 ans, comparaissait devant la 11e chambre du tribunal
correctionnel de Paris pour répondre du délit d'abus de confiance qui
aurait été commis entre 1991 et 1996 alors qu'il était directeur du
Comité.
Selon l'accusation, cet abus de confiance a été matérialisé par une
augmentation de salaire de 840 euros environ que M. Boucher se serait
attribuée de manière discrétionnaire.
M. Boucher est également accusé d'avoir fait supporter au CNCT des
dépenses liées à des prestations supposées fictives dont étaient
chargées deux associations "Tabagisme Environnement" et "Observatoire
permanent des publicités et des promotions des produits du tabac",
qu'il présidait.
Enfin, l'ex-directeur est soupçonné d'avoir salarié un de ses proches,
Eddy Amsallem, à hauteur d'environ 152.000 euros, pour des prestations
elles aussi fictives.
Devant la 11e chambre, M. Boucher a reconnu avoir encaissé certaines
sommes destinées aux associations sous-traitantes, qu'il considérait
comme des "compléments de salaire".
Il a également admis avoir fait une erreur en s'octroyant une
augmentation sans en référer expressément au conseil d'administration
du CNCT.
En revanche, il a contesté le caractère fictif des prestations
effectuées par les deux associations qu'il présidait et de celles
assumées par M. Amsallem.
L'avocat de M. Boucher, Me Jean-Louis Malterre, a de son côté plaidé la
prescription d'une partie des faits et l'absence de délit concernant
l'augmentation de salaire, celle-ci ayant été avalisée par la suite au
sein du CNCT.
Contre M. Amsallem qui est également poursuivi mais était absent au
procès, Mme Gaspari a requis un an d'emprisonnement ferme assorti d'une
amende de 20.000 euros.
La représentante du parquet a reconnu, dans la lutte contre le
tabagisme, "l'efficacité du travail" de Philippe Boucher, comme l'a
d'ailleurs fait le CNCT qui a renoncé à son statut de partie civile à
l'audience, son avocat, Me Bruno Illouz évoquant "l'apport indéniable
et considérable" du prévenu au combat anti-tabagique.
Mais, a déploré Mme Gaspari, M. Boucher "se sert de ce combat comme d'un bouclier pour minimiser sa responsabilité pénale".
"Il y a eu une totale opacité dans le cadre de la gestion du CNCT",
a-t-elle ajouté, évoquant un "exemple évident de captation de fonds
sous couvert d'une mission de santé publique".
Jugement le 1er décembre.
Cette dépêche est reprise quasi-intégralement sur le site du Nouvel Observateur.
Je note que le titre ne reprend que les accusations et que le
désistement de la principale partie théoriquement lésée n'est que
mentionné au détour d'une phrase. La tonalité dominante demeure -à mes
yeux- essentiellement accusatoire.