La Cour d'Appel de Niamey a confirmé le 25 septembre la condamnation des deux journalistes à 18 mois de prison. La possibilité d'un recours devant la Cour de Cassation reste ouverte.
En attendant le journal «Le Républicain» a lancé une pétition en ligne sur son site et nous vous encourageons bien entendu à la signer afin que nos amis injustement emprisonnés ainsi que le Gouvernement du Niger sachent bien que nous ne les oublions pas et que nous allons continuer de réclamer leur libération.
Nous allons également examiner la possibilité d'autres interventions, en liaison avec Amnesty International et les autres organisations engagées dans ce combat pour la défense des libertés fondamentales.
Reproduction d'un article de Maman ABOU/Oumarou KEÏTA dans «Le Républicain» qui donne le contexte dans lequel s'inscrit cette affaire.
Les raisons d’une arrestation
Le
vendredi 4 août dernier, le Directeur de Publication et le Directeur de
la Rédaction de l’hebdomadaire indépendant «Le Républicain» ont été
arrêtés, sur plainte de l’Etat du Niger. MM. Maman ABOU et Oumarou
KEÏTA sont sous le coup de deux (2) chefs d’accusation : propagation de
fausses nouvelles et diffamation contre l’Etat du Niger.
Officiellement, c’est un article publié par «Le Républicain» le 28
juillet 2006, portant sur une analyse générale de la situation
politique et économique du Niger et l’ouverture du pays à d’autres
puissances qui a servi de prétexte facile au Premier ministre pour
engager sa cabale. Mais la vraie raison de notre arrestation est à
rechercher ailleurs. Cette cabale du Premier ministre trouve sa
justification dans les révélations du journal «Le Républicain» sur des
cas de mauvaise gestion, de détournements des derniers publics, de
malversations diverses…
Notre journal s’est particulièrement
illustré dans la dénonciation des cas de mal gouvernance dont le
gouvernement de Hama Amadou est passé maître. Le dernier cas en date
est l’audit des fonds octroyés par les partenaires techniques et
financiers (PTF) pour appuyer l’éducation de base au Niger. En son
temps, «Le Républicain» a publié les preuves de détournement de ces
fonds. Ce qu’ils avaient démenti à l’époque. Malheureusement pour eux.
L’audit
indépendant commandité par les mêmes PTF a permis de mettre au grand
jour leurs malversations qu’ils ont fini par reconnaître toute honte
bue. Ce qui a occasionné le limogeage des deux ministres ayant géré le
Ministère de l’Education de base au moment des faits. Pour le reste,
les exigences des PTF, à savoir les sanctions contre les auteurs de
cette gabegie et le remboursement des fonds détournés ne sont toujours
pas suivis d’effet. Conséquence : 26 milliards FCFA et d’autres appuis
bloqués, la rentrée scolaire 2006/2007 hypothéquée, l’image du Niger
aux yeux de l’extérieur largement entamée…
Les PTF et les
citoyens nigériens attendent que lumière soit faite, les autorités
traînent les pieds. Car cette affaire risque d’éclabousser de
nombreuses grosses pointures du régime en place. L’ancien ministre de
l’Education de base, Hamani Harouna, n’a-t-il pas dit qu’il a agi avec
l’accord de ses supérieurs hiérar-chiques ? Avant cette affaire,
beaucoup d’autres ré-vélations ont été faites par le journal sur des
cas de malversations et de détournements de deniers publics qui sont le
fait du régime en place : affaire Zaïnab, LAP, PSOP , l’audit de
l’Union Européenne, des fonds PAPASS, Etc. En réalité l’alibi que
constitue la publication de l’article «Hama lâche l’Occident pour
l’Iran» pour nous priver de nos libertés est l’arbre qui cache le
forêt. La forêt, ce sont tous les autres articles d’investigations
publiés depuis que ce gouvernement gère la destinée du Niger. Pour la
seule année 2006, nous avons prouvé des détournements portant sur
plusieurs milliards de francs et confirmés par un audit impartial.
Alors ! Qui doit aller en prison ?
Maman ABOU/Oumarou KEÏTA
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