La FCA (Framework Convention Alliance) regroupe des associations du monde entier pour veiller à l'application du traité international de controle du tabac. La FCA a soumis 5 questions à l'ensemble des candidats. Ci-dessous les réponses de Bernard Kouchner qui ne manqueront pas de laisser sceptiques ceux qui se souviennent de son comportment sur ces points lors de ses séjours au ministère de la santé ainsi que de sa tentative de faire disparaitre le Comite National Contre le Tabagisme (voir les pages 300 et suivantes du livre de Gérard Dubois, l'Ecran de Fumée ou le chapitre 7 du livre de Francis Caballero sur "la face cachée de Bernard Kouchner").
WHO DIRECTOR GENERAL CANDIDATE SURVEY – Responses of
Quel niveau de priorité doit accorder l'OMS au contrôle du tabac ? Comment pensez vous que l'OMS peut efficacement faciliter la mise en place de la convention cadre pour la lutte anti-tabac?
En
2003, l'OMS a adopté une convention-cadre pour la lutte antitabac. Elle
est entrée en vigueur en février 2005. En 2006, plus de 140 pays ont
signé cette convention-cadre ; elle est un instrument juridique conçu
pour faire diminuer la mortalité due au tabac dans le monde. Elle
engage les pays signataires à imposer des restrictions sur la publicité
en faveur des produits du tabac, le parrainage et la promotion ; à
mettre en place de nouveaux conditionnements et étiquetages du tabac ;
à renforcer la législation pour réprimer la contrebande.
L'OMS
a pleinement joué son rôle en fixant le cadre de la lutte contre le
tabac et en définissant une stratégie de lutte contre cette toxicomanie
à décliner dans chaque Etat. Cette convention-cadre est considérée
comme un modèle. L'OMS doit maintenant accompagner les pays signataires
pour qu'ils développent une politique de lutte contre le tabac
conformément aux axes définis et continuer à donner de fortes
impulsions politiques afin que la lutte contre le tabagisme soit
considérée par chaque nation comme une des priorités majeures de santé
publique. L'OMS doit également poursuivre son effort pour que les pays
non-signataires de la convention-cadre la signent, particulièrement
dans les pays en voie de développement
menacés par les stratégies
publicitaires meurtrières des firmes du tabac.
Quelle expérience avez-vous dans le domaine du contrôle du tabac au niveau national et international ?
La France s'est dotée en 1991 d'une loi de lutte contre le tabagisme. Elle interdit toute publicité directe pour le tabac et les produits du tabac. Elle impose un message de caractère sanitaire sur chaque paquet de cigarettes. Elle interdit de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif, notamment scolaire et dans les moyens de transports collectifs, sauf dans les emplacements réservés aux fumeurs. Elle permet aux associations dont l'objet statutaire comporte la lutte contre le tabagisme de se porter partie civile pour les infractions aux dispositions de la présente loi. Enfin, elle a sorti du calcul des indices des prix la référence au tabac, ce qui a permis d'en augmenter le prix. La loi Evin, plus de 15 ans après sa promulgation, est encore mal appliquée, en particulier en ce qui concerne l'interdiction de fumer dans les lieux collectifs. La France met pleinement en application la convention de l'OMS. L'interdiction de fumer dans les lieux publics est prononcée en deux temps, je regrette que l'on n'aille pas plus vite.
En tant que ministre de la Santé, j'ai contribué à assurer une meilleure application de cette loi, et certaines considérations politiques imposent trop souvent d'offrir des délais. Des campagnes d'information sur le tabagisme envers les enfants et les préadolescents ont été menées. Une attention particulière a été portée au tabagisme féminin : j'ai essayé en particulier de promouvoir l'image de la femme non-fumeuse et de développer des actions pour informer sur les conséquences néfastes du tabagisme sur le développement fœtal, le nourrisson et le jeune enfant. J'ai mis en œuvre le dépistage national des cancers, celui du poumon en particulier. J'ai également demandé que pour toute démarche de sevrage que l'on tienne compte des liens entre les différentes consommations des substance psycho-actives : l'alcool, les psychotropes ou le canabis. J'ai créé des consultations anti-tabac dans les hôpitaux de France et suivi leur installation et leur progrès.
Enfin, devant le constat du faible respect de l'interdiction de fumer dans les administrations et établissements publics, j'ai demandé à titre de symbole que le ministère de la santé soit un lieu totalement non-fumeur. J'ai également bataillé pour que la sécurité sociale rembourse les médicaments de substitution. Je n'ai pas encore achevé ce combat.
Quelles mesures doit prendre l'OMS pour s'assurer que l'industrie du tabac n'exerce pas d'influence auprès des décideurs de l'OMS et quelles mesures recommanderiez-vous aux gouvernements nationaux ?
Des outils tels qu'une charte ou des déclarations de conflits d'intérêt mises à jour régulièrement et accessibles au public sont des moyens qui peuvent être mis en place afin de limiter l'influence possible de l'industrie du tabac sur les décideurs de l'OMS ou des gouvernements nationaux. C'est ce que j'ai mis en œuvre pour les agences des produits de santé.
Avez-vous participé à des consultations avec l'industrie du tabac, ou conclu un accord avec cette dernière à titre personnel ou en tant que représentant d'une organisation ou d'un gouvernement ?
Je n'ai jamais fait de consultation pour l'industrie du tabac ni conclu d'accord avec cette industrie.
Autre commentaire.
Une attention toute particulière doit être portée :
1- Pour réduire le tabagisme des jeunes.Ces jeunes sont l'objet de nombreuses publicités discrètes du type de placement de produits à l'écran. Des stratégies pour lutter contre ces publicités clandestines doivent être développés.
• Soutenir les pays en développement car ils font face à des stratégies marketing très poussées pour promouvoir la consommation du tabac. L'industrie du tabac essaye de compenser sur ces pays les manque à gagner au sein des pays les plus industrialisés qui ont développé des législations de plus en plus sévères.
• Toujours se poser la question de l'accompagnement, comme nous l'avons fait pour les autres addictions - canabis- alcool - héroïne etc… Le sevrage tabagique doit être encadré, et le suivi suffisamment long. Les interdits sont importants, mais la prise en charge l'est également.
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