France Soir n'en finit pas de citer les patrons de Bar Tabac qui prétendent représenter la majorité tandis que le fumeux Robert Castel recidive dans Libération avec une chronique typique dans son exagération. Reste que gouverner (ou tenter de gouverner) par décret en refusant le débat démocratique alors même que l'on dispose d'une large majorité dans l'opinion et que l'on n'a -jusqu'à présent- fait aucun effort de communication sur les risques (bien réels mais constamment niés) du tabagisme passif, me laisse songeur (pour le moins). Au risque de faire un peu d'autopromotion, je vous renvoye sur glkvideo où je rassemble les clips antitabac du monde entier. Quand France Soir donnera-t-il la parole aux employés des bars-tabac enfumés jusqu'au cancer? En attendant, la majorité des non-fumeurs pourraient le boycotter (s'ils ont conservé le moindre lecteur non-fumeur).
Bien entendu, ce qui est aussi choquant c'est l'appropriation de la liberté par les fumeurs/pollueurs. Il n'y aurait donc de liberté que de polluer tandis que les autres n'auraient qu'à aller respirer ailleurs? Bien entendu la liberté des uns ne doit pas nuire à autrui et c'est la loi qui libère et protège quand la "liberté" oppresse. La caravane finira -espérons-le- par passer mais on aurait préféré un "débat" plus équilibré. A noter le grand silence astucieux de l'industrie du tabac qui laisse faire sa piétaille. Quel dommage que les présentations devant la Commission Parlementaire n'aient pas été enregistrées. La faiblesse de la communication en faveur de la santé publique est extrême (tant en quantité qu'en qualité).
Buralistes - cafetiers - restaurateurs
LE MONDE affirme que « Cafetiers et restaurateurs (sont) exaspérés par les cafouillages du gouvernement » en raison de la remise en question des 39 heures, de l’interdiction du tabac et de l’abandon de la TVA à 5,5%. Un article dans lequel les professionnels manifestent leur inquiétude sur tous ces sujets. André Daguin, président de l’Umih (Union nationale des métiers et de l’ industries de l’hôtellerie) affirme que les politiques « risquent de renvoyer vers un poujadisme larvé un secteur qui veut pourtant être moderne ». D’après le journal, les professionnels de la restauration jugent les hommes politiques « déconnectés », « sans courage », « électoralistes », « décrédibilisées ». Et Hervé qui tient une brasserie dans le 10ème » « ne s’en cache plus » « quand les clients viennent discuter au zinc, je leur conseille de voter pour les petites listes ». Gérard, qui tient un « petit bistrot » dans le 11 ème, juge pour sa part que les responsables de la non application de la TVA à 5,5% « c’est Bruxelles », que l’interdiction de fumer est de la faute des « Verts, des écolos et des lobbies » et que les 35 heures c’est à cause des « bagarres syndicales ».
Comme chaque jour désormais, FRANCE SOIR donne la parole aux patrons de bars - tabac qui « ne décolèrent pas ». Trois d’entre eux témoignent dans les colonnes du journal . Claude Bourges, Le Canon de la Nation 12ème « Je ne me considère pas comme un lieu public. Je pense être chez moi, je paye un loyer, des taxes, (...) Le bistrot est un lieu convivial ouvert à tous. (...) Le débat qui est fait autour de cela est à la limite de la discrimination ! Jean Jaurès à l’époque avait son café et les débats se faisaient en toute liberté. Aujourd’hui on veut nous enlever notre liberté. Cela commence par la cigarette, par l’alcool, mais ça s’arrêtera où ? C’est l’affaire de tous les Français que cette loi ne passe pas (...) » - Laurent K buraliste du Puy de Dôme « Merci à France Soir de nous soutenir (...) je mettrai votre quotidien pleine page dans ma vitrine jusqu’à Noël (...) je me demande juste comment fait le peuple français (...) pour accepter tous ces non sens établis par la plus haute hiérarchie de notre pays ». Pascal Ricard, Bar -tabac - presse - pizzeria (Aveyron) « En colère OUI (...) compenser l’interdiction de fumer par un allègement de la taxe sur les jeux ! (...) sachant que ceux qui jouent (...) sont des jeunes de moins de 16 ans et que bien sûr ils n’ont pas le droit d’être chez nous (...) je passe en jugement pour justement avoir préféré recevoir des jeunes chez moi, que les laisser dans la rue s’amuser au billard et autres jeux (...) La France était un pays de liberté (...) Au nom de cette liberté (...) laissez nous le choix dans notre établissement ».
Opinion
Rubrique « Rebonds » de LIBERATION, « Mort aux fumeurs », un article du sociologue Robert Castel qui affirme « qu’il faut se réjouir que la décision soit enfin sur le point d’être prise d’interdire de fumer dans tous les lieux publics » tout en estimant que « cette victoire des forces du Bien sur les forces du Mal sera cependant incomplète et (qu)’il faut poursuivre dans cette voie ». Ainsi, d’après l’auteur « il est urgent de faire passer une loi interdisant de fumer même dans les rues (...) tant il devrait être évident que la fumée du tabac est plus dangereuse que tous les gaz polluants » et « il faudra aussi étendre l’interdit jusqu’aux plus lointaines campagnes » car la fumée est « une menace » pour « l’équilibre écologique de la planète ». Considérant que cependant ces mesures seront encore insuffisantes car il restera des fumeurs, le sociologue envisage leur regroupement « dans des espaces séparés où ils seraient observés, surveillés et peut être même punis ou rééduqués », une formule qui toutefois « risque d’évoquer le camp de concentration » et dont on pourrait « dès lors craindre qu’elle ne soit pas assez populaire pour pouvoir être adoptée ». Selon lui, une autre mesure qui aurait peut être plus de chance de s’imposer consisterait en un projet de loi, voté par la majorité qui sortira des urnes au printemps prochain, visant à étendre l’interdiction « jusque dans ces espace privés que sont les voitures, l’appartement, les maisons particulières », sachant que la police devrait pouvoir vérifier si a la mesure est respectée « en faisant à tout moment irruption de nuit comme de jour dans les foyers ». Déplorant « il ne manquerait pas alors de défenseurs attardés des droits de l’Homme pour dénoncer » ces « violations de l’intimité », l’auteur en déduit « que comme la guerre au terrorisme, la lutte contre le tabac est donc un combat très difficile à mener » qui « ne peut être gagné que si on est impitoyable envers l’ennemi, en l’occurrence le fumeur ». Le sociologue qui souligne « qu’on ne peut être que reconnaissant envers tous ceux (...) qui se mobilisent sans état d’âme pour faire triompher cette juste cause », lance « Que la sécurité l’emporte sur la liberté et ce serait le meilleur des mondes ». Souhaitant également « participer à cette noble cause avec (ses) faibles moyens », il suggère « aux amis du Bien, une mesure simple (...) et pas très coûteuse » : « que soient ouverts des cimetières pour fumeurs le plus loin possible des espaces habités (...) comme autrefois les hérétiques », sachant que l’on pourrait alors « entreprendre un véritable travail de mémoire pour reconsidérer l’admiration que l’on portait a des délinquants notoires (...) Sigmund Freud, Winston Churchill, Jean Paul Sartre, André Malraux, Humphrey Bogart, Georges Brassens, Anna Arendt ». Evoquant les objections qui pourraient être formulées sur ce dernier point, il assure « si le tabac est bien devenu une figure du Mal absolu (...) il est nécessaire aussi de revenir sur la tolérance coupable dont il a bénéficié dans le passé », sachant que « le fumeur d’hier comme le fumeur d’aujourd’hui transgresse le seul sacré que nous soyons désormais capables de connaître le culte du corps, de sa santé, de sa longévité ». Et d’affirmer « qu’à défaut de pouvoir gagner contre la mort, on peut au moins stigmatiser ceux (....) qui vendent la mèche en donnant à voir à travers leur comportement irresponsable que c’est bien vers cette direction que nous allons tous ». L’auteur qui écrit « « je ne me vante pas de mon état de fumeur non repenti, je conseille à tout un chacun de s’abstenir de fumer et je m’associerai même volontiers à des campagnes honnêtes visant à dissuader » de fumer, émet toutefois cette réserve : « mais en laissant à chacun la liberté de choisir » car « j’ai plus que de la réticence à l’égard de cet autoritarisme bien pensant de suffisance pseudo savante et de bonne conscience sécuritaire qui caractérise souvent les ayatollahs de la santé ». Sa conclusion « gardons nous de ceux qui choisissent notre bien à notre place (...) l’interdit du tabac n’est pas la dernière prohibition qu’on nous prépare ».
Tabac - publicité - justice
L’AFP signale que le tribunal correctionnel a condamné le quotidien Le Monde et son directeur de publication, à 2300 euros d’amende pour publicité illégale en faveur du tabac. L’agence indique que dans son édition du 3 décembre 2005, le quotidien avait diffusé une publicité en faveur de la revue l’Amateur de cigare sur la quelle on apercevait l’acteur Clovis Cornillac fumant un cigare D’après l’agence, outre l’amende de 2500 euros, le journal et son directeur de publication devront verser 5000 euros de dommages et intérêts à l’association Droit des non fumeurs qui avait porté l’affaire devant le tribunal.
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