A lire comment les "professionnels de la santé" tressent des couronnes au Gouvernement je me demande juqu'à quel degré de révérence ils iront. Il serait évidemment hérétique de troubler un tel concert de louanges et de triomphale autosatisfaction: la France serait désormais au pinacle de la lutte antitabac ou presque. De qui se moque-t-on? Qui tous ces mandarins croient-ils convaincre? Voilà un texte qui aurait du être pris il y a bien des années, dont l'application est encore loin d'être assurée, qui ne règle pas de nombreux autres aspects essentiels à la mise en oeuvre durable d'une véritable politique mais tous les "leaders" félicitent et s'autocongratulent. Il y a une marge entre reconnaitre une avancée importante (même si elle est tardive et encore virtuelle et fragile) et ces cocoricos délirants alors qu'il reste tant à faire.
La parution du décret interdisant de fumer dans les lieux publics est saluée par les professionnels du cancer, les pneumologues et les associations
PARIS, 16 novembre 2006 (APM) - La parution du décret interdisant de fumer dans les lieux publics à partir de février 2007 a été saluée jeudi par l'Institut national du cancer (Inca), la Ligue contre le cancer, l'Alliance contre le tabac, le Syndicat des médecins libéraux (SML), les pneumologues et l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa).
Si le décret paru jeudi au Journal officiel (cf dépêche APM SOJKG002) est "correctement appliqué avec une volonté politique forte et les moyens de contrôle adéquats mis en oeuvre sans hésitation et sans faille, nul doute que la protection des Français s'en trouvera grandement améliorée", considère l'Alliance contre le tabac dans un communiqué.
"Seule la voie législative aurait permis une interdiction totale assurant une protection complète" et "la voie réglementaire (décret) ne permet pas d'éliminer totalement les fumoirs qui sont un pis-aller mais Alliance a pris acte du choix gouvernemental", précise l'association.
Son président, Gérard Dubois, espère que très peu de fumoirs seront mis en place, a-t-il indiqué jeudi lors de la conférence de presse organisée au ministère à l'occasion de la parution jeudi du décret et le lancement de la campagne sur les dangers du tabagisme passif.
Selon lui, la France se situe désormais "au rang qui aurait dû être le sien dans la lutte contre le tabagisme".
Cet avis est partagé par le président de la Ligue contre le cancer, Henri Pujol, qui s'est réjoui jeudi que la France ait désormais "dépassé l'Espagne et rattrapé l'Italie".
De même le président de l'Inca, le Pr Dominique Maraninchi, a estimé que la France a rattrapé son retard et "n'est pas loin d'être à l'avant-garde de la communauté européenne pour lutter contre ce fléau".
La Ligue et l'Institut national du cancer (Inca) indiquent jeudi dans un communiqué qu'ils ont envoyé un courrier aux parlementaires afin de "soutenir les initiatives du gouvernement en matière de lutte contre le tabagisme, et par là même, de lutte contre le cancer". Ils rappellent dans ce courrier "l'importance d'une politique de santé publique volontariste, cohérente et constante pour faire face à un tel enjeu de santé publique".
SOUTIEN DES PNEUMOLOGUES
Du côté des pneumologues, le président du comité national contre les maladies respiratoires (CNMR), le Pr Gérard Huchon, le président de la Fédération française de pneumologie (FFP), le Pr Bruno Housset, et le président de la Société de la société de pneumologie de langue française (SPLF), le Pr Philippe Godard, saluent dans un communiqué "la volonté du gouvernement de mettre en oeuvre des mesures pour doubler le nombre de personnes qui pourront avoir recours à des patchs, gommes ou médicaments et passer ainsi de 600.000 à 1,2 million de fumeurs qui entreprendront d'arrêter".
"Le doublement du nombre de consultations d'aide au sevrage tabagique et l'aide aux associations sont également des objectifs nécessaires et réalistes", ajoutent-ils en encourageant le gouvernement à intensifier la prévention chez les jeunes ainsi que l'aide au sevrage tabagique auprès des adolescents.
Les pneumologues sont favorables aux amendes forfaitaires pour faire appliquer le décret. "Ce n'est qu'à ce prix que changera le comportement des fumeurs", soulignent-ils.
L'Adehpa se déclare par ailleurs satisfaite du compromis trouvé avec Xavier Bertrand sur l'application de l'interdiction dans les établissements hébergeant des personnes âgées (cf dépêche APM CBJKG002). Elle confirme "avoir donné son accord sur la non installation d'espaces fumeurs dans les établissements et sur l'interdiction qui sera faite aux résidents de fumer dans leur lit pour d'évidentes raisons de sécurité incendie".
"L'équilibre a été trouvé entre droits et obligations des personnes âgées, d'une part, et sécurité et liberté, d'autre part", se félicite-t-elle.
Enfin, le SML indique dans un communiqué qu'il "ne peut que saluer le courage politique" manifesté par le gouvernement et le ministre de la santé.
Il considère que "la prise en charge des produits destinés au sevrage tabagique est positive" mais souhaite que "le financement de cette mesure ne soit pas imputé à l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) des soins de ville".
Ce qui me chagrine dans tout ce tam-tam, c'est l'emprise continuement croissante des faiseurs de dogme médical : cela fait des années qu'ils échouent à faire reculer le fléau. Qu'est-ce que ce décret va changer sur le terrain ? Nous verrons bien. Je m'inquiète cependant que le suivi de son impact ait été confié à un mandarin peu au fait des facteurs sociaux et psychologique du tabagisme : ce n'est pas une compétence de pneumologue a priori.
Donc les chiffres à venir seront encore biaisés, comme ils le sont depuis des années. Et l'incurie continue...
Rédigé par : Account Deleted | mardi 21 novembre 2006 à 09:28