La Cour d’appel de Niamey a ordonné, lundi, la mise en liberté provisoire des journalistes Maman Abou et Omar Keita, respectivement directeur de publication et rédacteur en chef de l’hebdomadaire indépendant Le Républicain , poursuivis et inculpés pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles à l’encontre du Premier ministre nigérien, Hama Amadou, au cours d’une audience publique de quatre heures d’horloge, sous haute surveillance policière.
Les deux journalistes ont été condamnés sur la base d’un article paru en juillet dans leur journal, qui suggérait que sous le règne du Premier ministre Hama Amadou, le Niger « abandonne l’Occident pour l’Iran ».
Dans sa plaidoirie, le pool d’avocats
constitués par les journalistes a demandé la relaxe « sans condition
des prévenus » arguant que les délits pour lesquels ils ont été
poursuivis et emprisonnés ne sont pas « légalement constitués ».
L’avocat français, Maître William Bourdon, a soutenu que le maintien
en prison « de personnes et notamment de journalistes pour délit
d’opinion constitue une violation de droits de l’Homme ».
Dans sa
réquisition le parquet a demandé 9 mois d’emprisonnement dont 6 mois
avec sursis, à l’encontre des deux journalistes et une amende de
100.000 FCFA chacun.
Tirant à sa façon les leçons de cette «
affaire », Oumarou Keita affirme qu’ « en réalité le gouvernement les
punit pour une série d’articles parus depuis le mois d’avril sur la
corruption présumée entourant le financement de l’éducation de base et
de l’alphabétisation ».
« Nous allons continuer notre travail
de journalistes en informant l’opinion publique sur la gestion des
finances publiques, il est de notre devoir de le faire et rien ne peut
nous en dispenser », a ajouté Maman Abou.
Pour sa part
l’avocat malien, Mamadou Konaté a estimé que « le Niger et l’Afrique
toute entière doivent se réjouir d’avoir des journalistes talentueux et
courageux comme Abou et Keita ».
La partie plaignante,
représentée par l’avocat Nigérien, Marc Le Bihan, avait demandé le
maintien de la décision du juge du tribunal de Niamey qui les (les deux
journalistes) avait condamné à 18 mois d’emprisonnement ferme.
Fin septembre, la Cour d’appel de Niamey a confirmé la condamnation à
18 mois de prison les deux journalistes pour « diffamation et diffusion
de fausses nouvelles » dans un article critiquant le Premier ministre,
Hama Amadou.
Arrêtés et incarcérés depuis le 4 août, Maman
Abou et Oumarou Keita étaient détenus respectivement à Keita (96 km) et
Filingué (195 km) de Niamey, la capitale.
Un troisième
journaliste, Salif Dago du journal privé « L’Enquêteur », est aussi
emprisonné depuis le 28 août. Le 15 septembre, un tribunal l’a condamné
à six mois de prison « pour diffusion de fausses nouvelles » dans un
article publié par le journal le 14 août.
28 Novembre 2006.
Publié le 27 Novembre 2006
Source: http://www.apanews.net/
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