La campagne "1 fumeur sur 2 meurt du tabac" semble pleine de bonnes intentions mais elle est surtout une compilation des mêmes vieilles recettes qui ne marchent pas mais donnent le sentiment que l'Etat "fait quelque chose". Elle fait semblant alors qu'elle perpétue une communication trop épisodique, avec de sérieuses lacunes, qui ignore ce que l'on sait de ce qui marche ou pas dans la lutte contre le tabagisme.
Prenons ainsi (dans le désordre) le cas de la ligne téléphonique
de soutien à l'arrêt: il faut qu'elle soit GRATUITE (elle ne l'est
pas). Il faut que le numéro figure en gros sur tous les paquets (ce
n'est pas encore le cas).
Sur le message principal retenu: à voir tous les jeunes qui continuent de fumer on voit bien les limites d'un tel contenu car -évidemment- ils se croient invulnérables, ils pensent qu'ils pourront arrêter quand ils voudront, ils pensent que c'est l'autre qui aura le cancer, pas eux. Voir les commentaires du genre: 1 fumeur sur 2 ne meurt pas du tabac et les non-fumeurs meurent aussi. Le slogan fait l'impasse sur le fait que les fumeurs meurent plus tôt et de plus en plus jeunes.
Il est de plus trop abstrait, ne montre pas de vrais gens à qui cela est arrivé. Je pense qu'il aurait mieux valu insister sur d'autres aspects négatifs à plus court terme (beauté, rides, odeur) mais en tout état de cause il s'agit d'une communication beaucoup trop rare pour avoir une chance d'entamer un comportement aussi addictif.
Bien entendu le public pense que cette communication est fréquente mais ce n'est pas le cas. De plus, pour revenir aux éléments clés que l'on connaît elle est insuffisante: pas d'augmentation des prix, pas (encore) d'images sur les paquets et les images qui vont venir ne sont pas prévues pour changer régulièrement ou pour engager des conversations de différentes sortes (pas seulement dramatiques).
L'incitation et l'aide à l'arrêt demeurent largement traditionnelles: pas de témoignages, pas de concours du type j'arrête j'y gagne.
C'est la continuation de l'approche officielle made in France qui n'a en fait jamais changé: un peu de tout sans vraie volonté politique d'investir au bon niveau, dans la fréquence et la durée ni de procéder aux changements basiques qui rendraient la com' beaucoup plus abordable via une modification des cahiers des charges de toutes les télés et radios.
Malheureusement avec l'horrible catastrophe du Rio-Paris, qui ne représente pourtant que ce que le tabagisme cause chaque jour mais d'une manière beaucoup plus évidente et violente, l'occultation sera encore plus forte.
A voir tous les mégots dans les rues je pense aussi que c'est un thème/problème bien visible que l'on devrait aussi aborder et traiter (via une taxe et des cendriers sur les trottoirs -financés par la taxe-).
Chance d'être entendu sur l'un de ces points? Zéro.
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