Portrait du député du Bas-Rhin dans l'Alsace. Vrai champion d'une cause difficile mais au delà, est-ce que les financements pour faire de la prévention et de l'application dans la durée ont été mis en place? Non et c'est une lacune de taille.
La même qui avait plombé la mise en oeuvre de la loi Evin (et avant de la loi Veil), et qui continue de plomber la lutte antitabac en France.
Source: www.lalsace.fr
Le député bas-rhinois a fait
progresser la lutte contre le tabagisme mais aussi celle contre les
alcopops. Dans les coulisses de la santé publique, retour sur une
sacrée aventure…S_AD('Position1');
Rien n’arrête le bulldozer de la conviction, le rouleau compresseur de la passion, donc rien n’arrête Yves Bur, 58 ans, député (UMP) du Bas-Rhin et maire de Lingolsheim, habitué ces derniers temps des réélections au premier tour.
Ni les menaces voilées, ni les quolibets ( «Bur, buraliste… »), ni le lobby du tabac. Ce dernier, « j’ai été le premier, se souvient-il, à monter à la tribune de l’Assemblée nationale pour le traiter de vendeur de mort.
Bon sang, c’est vrai, voilà une industrie,
la seule, autorisée à tuer 50 % de ses clients ! ».
Le même avait
eu un sévère accrochage, au début des années 2000, avec le patron de la
Seita, qu’il avait gratifié d’un sonore : « Vous pouvez me faire tous
les chantages à l’emploi que vous voulez, je vous emm… ».
Côté langage fleuri ou fortement imagé, un autre fleuron bur (l) esque remonte au plus fort du débat public (années 2004-2005) sur la lutte contre le tabagisme passif, initié précisément par Yves Bur. La passe d’armes a pour cadre les plateaux de télévision. Canal + reçoit le héraut antitabac et lui demande de réagir à une interview d’André Santini, le député-maire d’Issy-les-Moulineaux, au cigare et à la faconde légendaires, qui tempête : « On veut nous interdire de fumer. Un jour, ce sera de boire et pourquoi pas de baiser ! ».
Yves Bur en rigole encore : « Je ne sais pas si vous oserez l’écrire, mais je lui ai répliqué en direct que concernant ce dernier point, je me demandais s’il savait encore ce qu’il en était… ».
Longtemps seul
Ainsi va l’homme par qui la France est entrée dans l’ère de l’anti-tabagisme public. Depuis le 1 er février 2007, par décret du gouvernement publié le 15 novembre 2006, l’interdiction de fumer concerne tous les lieux fermés et couverts accueillant du public ou qui constituent des lieux de travail, mesure étendue depuis le 1 er janvier 2008 aux débits de boissons, hôtels, restaurants, casinos, cercles de jeux et discothèques.
Yves Bur, pendant longtemps, s’était battu quasiment seul, avec le soutien des associations, et avait fait le forcing pour un passage par la case législative. C’est ainsi qu’il avait déposé, en novembre 2005, sa proposition de loi en trois lignes, rejetée mais restée fameuse, pour qu’il soit « interdit de fumer dans tous les lieux fermés et couverts qui accueillent du public ou qui constituent un lieu de travail, ainsi que dans l’enceinte des établissements d’enseignement et d’éducation ».
Le coup de génie a été, analyse-t-il avec le
recul, que l’affaire soit éventée pendant l’été précédent et fasse la
une des médias en plein creux de l’actualité. « Une pub énorme ! ».
Mais si l’élu est convaincu qu’il a l’opinion avec lui, il n’en va pas
de même dans la classe politique, autrement frileuse et qui, le plus
longtemps possible, fait de la résistance.
« Ton truc, je le sens bien »
« On a fait, estime Yves Bur, ce qu’il a fallu. Des voyages de presse à l’étranger, surtout, et des colloques à Paris. Puis, en septembre 2005, c’est Xavier Bertrand qui me dit : "Ton truc, je le sens bien". Dès octobre, c’est Sarkozy qui m’encourage : "C’est bien, continue…" C’est drôle, autant on en a fait toute une montagne avant, autant on se rend compte aujourd’hui avec quelle relative facilité les Français se plient à ces nouvelles règles ».
Persuadé qu’ « il n’y a pas de fumeur
heureux », Yves Bur s’est battu avec la même pugnacité, dès 2004,
contre les alcopops (mélanges alcool et soda), à travers un amendement.
« Je ne dis pas qu’on a réglé le problème de l’alcoolisme. Mais
l’enjeu, c’était un marché potentiel d’un milliard de bouteilles, qu’on
a cassé », dit-il, pas peu fier.
La prochaine étape sera
d’obtenir des paquets de cigarettes « complètement neutres », sans
couleurs ni logos de la marque. En attendant les chiffres « qui
devraient, dans les prochains mois, confirmer la baisse des urgences
cardio-vasculaires en France, comme dans les autres pays, il n’y a pas
de raison ». Analyse plus technico-politique : « Modifier à la marge
une loi par un amendement fait partie du travail parlementaire de base.
Mais induire un changement sociétal, c’est autre chose ».
La
belle affaire : « On aura marqué d’une pierre blanche la lutte contre
le tabac dans ce pays ». Et ça, apprécie-t-il avec gourmandise, « c’est
un réel avantage : fumer moins, ça se paye quasiment cash en termes de
santé publique ».
Lucien Naegelen
Source: www.lalsace.fr
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