Les sempiternelles lamentations et arguments bidon du même quarteron d'intellos pro-fumeur et pro-tabac sont reprises en détail dans un numéro de Marianne (et dans la revue de presse de la MILDT).
MARIANNE s’intéresse aux « Nouvelles têtes de Turcs » que nos sociétés modernes souhaitent « sauver malgré (elles) de leurs vices et de leur dépendances » avec pour « nouveau credo » « tolérance zéro pour la tolérance ». Figure centrale de cet article : le fumeur. Introduisant son propos sur cette phrase de Michel Houellebecq prononcée lors d’une émission de télévision « Je ne peux pas voter puisque je suis exclu de la société : je suis fumeur », le magazine évoque les accros à la nicotine qui grillent leur cigarette dans le froid sur les trottoirs, pour estimer que cela « donne déjà une idée d’un monde où chacun peut espérer trouver coupable à son pied ». Le journal qui dit ne pas nier les « légitimes considérations de santé publique », juge que pour autant elles « n’expliquent pas la frénésie accusatoire qui se manifeste dans tous les champs de relations humaines ». Pour le sociologue Henri Pierre Jeudy « on se plaint de la dislocation du lien social mais on l’accélère en érigeant un dispositif normatif qui fait de chacun un ennemi en puissance », et le patron du Flore et de la Closerie des Lilas, qui « était un antitabac convaincu », illustre « Depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction, je suis devenu profumeur. On assiste à des scènes surréalistes. Les gens font des scandales parce que quelqu’un allume une cigarette à l’autre bout de la salle. L’autre jour un type a sorti son aérosol contre l’asthme feignant de s’étouffer. On dirait que le but est de priver l’autre d’un plaisir ». Si le directeur général de l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé déclare « nous sommes très attentifs à ne pas stigmatiser une population », l’hebdo observe que toutefois nombreux sont ceux qui pensent qu’un fumeur ou un alcoolique sont coupables. L’alcoologue Philipe Batel constate « pour nous la culpabilité est un frein à la prise en charge (...) les gens se disent que le malade a bien cherché ce qui lui arrive ». Le magazine qui évoque le concept de « mort évitable », une « réalité statistiquement mesurable », estime que ce terme masque aussi le fantasme « évitez nous la mort » ou « délivrez nous de nous-mêmes » « comme l’affirment ces fumeurs ravis de voir enfin l’interdit se substituer à leur volonté défaillante » mais que c’est aussi et surtout un « délivrez nous des autres, ces facteurs de risques ». D’après Marianne, « il y a toujours un pollueur quelque part, un coupable dont l’existence même est un danger. Son portrait robot est partout : il fume, il boit, conduit une automobile, se bourre de barres chocolatées, ignore le tri sélectif (...) ne pratique pas le moindre sport ». Pour Henri-Pierre Jeudy « le délire terroriste qui s’exerce contre les fumeurs ne s’explique pas par les connaissances médicales. C’est l’autre qui est en trop ». Michel Burton, patron de la Revue des tabacs, assure pour sa part « Faute d’être capable de faire une société plus juste on essaie d’en faire une plus propre ». Le magazine qui évoque les enjeux mis en avant par cinq professeurs de médecine ayant initié les politiques publiques contre le tabac et l’alcool, lesquels font état des « contradictions entre l’intérêt collectif et des intérêts particuliers » ainsi que du compromis à établir « entre la liberté et la fraternité », affirme que « comme le note Henri - Pierre Jeudy, la compassion - réelle au demeurant - justifie la répression » ; avec ce point de vue du Dr Batel « Il y a un altruisme pathologique (..) or dès qu’on se prend pour le gentil il faut désigner les méchants ». Soulignant que par ailleurs, pour le philosophe Philippe Raynaud « les plaisir les plus réprimés sont des plaisirs de pauvres », l’hebdo assure que « de fait l’interdiction annoncée de la cigarette passe mieux dans les restaurants sélects qu’au troquet du coin ». La revue qui estime aussi que ce qui a fait basculer l’opinion c’est la campagne sur le tabagisme passif, « autrement dit la possibilité ouverte à chacun de se plaindre des agressions de son voisin », souligne « qu’à défaut d’être convaincant sur le plan scientifique, le recensement des « victimes innocentes » du tabac a frappé les esprits », sachant que « les spécialistes ne sont pas follement à l’aise sur ce dossier » et que pour explications ils lâchent in fine « de toutes façon ce n’est pas bon d’être exposé à la fumée des autres ». Un internaute « s’énerve » « bientôt on sanctionnera ceux qui ne se douchent pas le matin ». Pour Philippe Batel « les gens se demandent comment ils vont jouir, ils sont bombardés de messages leur enjoignant de ne pas fumer, de faire du sport, de manger sainement, de faire l’amour protégé (...) or la modération pue l’ennui ». D’après le magazine, « ce n’est pas dans l’administration que l’on rencontre les croisés du risque zéro » car la communication gouvernementale aurait eu « peu d’effet sans le secours d’une intense propagande médiatique » avec la signature par les magazines féminins d’une charte où ils s’engagent à ne pas valoriser l’image du fumeur, sachant que cette charte n’était pas vraiment nécessaire car en matière de santé « les journalistes entendent contribuer à l’édification des masses ». Rapportant cette affirmation du directeur général de la santé « Nous sommes très attentifs à ne pas jouer sur l’idée que la santé c’est le bonheur et nous refusons également d’instrumentaliser la "peur du suaire" », le journal se demande sur quel autre registre que la peur joue la « formule ressassée » : « le tabac est le seul produit de consommation courante qui tue la moitié de ses usagers » tout en précisant que sur les registres, promesse de bonheur et peur de la mort, la société se débrouille très bien toute seule puisque « l’exemple le plus flagrant » d’une disposition adoptée « sous la pression de l’émotion en dépit de toute raison scientifique » est celui de la loi qui sanctionne la conduite sous l’emprise de stupéfiants. L’hebdo qui rappelle que selon le Pr Got, une vaste enquête était alors en cours sur le sujet, souligne qu’il n’avait pas été prévu qu’un accident de la route coûterait la vie à la petite Marilou et que sa mère, « convaincue que les joints fumés » par le chauffard qui avait percuté sa voiture étaient « responsables de la mort son enfant », mènerait « le combat de sa vie ». Evoquant cette loi votée en 2003, Marianne , affirme que le problème est que l’étude publiée quelques mois plus tard montrera que le cannabis est dix fois moins dangereux que l’alcool. Le Pr Got déclare « tout le monde voulait que le danger soit le même (...) mais cette étude, tenue pour un modèle du genre (...) révèle que la drogue est responsable de 240 morts par an. Seulement vous ne pouvez pas tenir ce langage sur un plateau de télé face à une mère qui a perdu son enfant ». En conclusion l’hebdo observe que « redoutant de voir la société se révolter contre les règles qu’elle a exigées, nombre d’acteurs de santé sont très soucieux de ne pas passer pour des peines à jouir » et le « très sympathique Pr Got susurre » « si vous arrêtez de fumer vous ferez mieux l’amour », d’où cette ultime question de Marianne « il ne reste plus qu’à savoir ce qu’on fera après l’amour ».
Sevrage
Sous le titre « Sevrage gratuit pour les fumeurs pauvres », LE PARISIEN de lundi qui indique qu’un Rmiste fumant un paquet par jour dépense 35 à 40% de son revenu en tabac, annonce que pour les aider à se sevrer, la société Allen Carr signe aujourd’hui une convention avec la ville de Dunkerque, proposant à 150 fumeurs démunis de bénéficier gratuitement de sa méthode de sevrage facturée en général autour de 260 euros. D’après son directeur, l’objectif est d’ici 2008, de « proposer un sevrage gratuit à 2000 fumeurs aux très faibles ressources ».
Cafés parisiens et tabac
LE JOURNAL DU DIMANCHE qui évoque « les zincs face à la crise » avec plus de 250 bistrots fermés à Paris en trois ans, souligne que les raisons de la crise tiennent à des prix élevés au regard de la qualité et à un manque de professionnalisme mais aussi à la question du tabac. Selon la propriétaire d’un café de la Butte aux Cailles « beaucoup de clients ne viennent plus dans les cafés : ils disent que certains sentent la cigarette. Nous faisons respecter le coin non fumeur. Mais le ton monte entre fumeurs et non fumeurs. Les non fumeurs récents sont les plus stricts ». Et le journal d’interroger « qu’en sera-t-il lors de l’interdiction définitive du tabac le 1er janvier 2008 ? ».
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