L’AFP et la plupart des journaux évoquent la manifestation des buralistes qui a lieu aujourd’hui.
D’après l’AFP, les buralistes se sont déclarés « en colère » après leur entrevue avec la ministre de la santé car ils estiment n’avoir rien obtenu de cette rencontre.
René Le Pape, président de la Confédération des buralistes déclare que Mme Bachelot n’a « pas la volonté politique de faire aboutir le dossier, alors qu’actuellement, si on voit les soucis qu’a le gouvernement avec un tas de professions, ce dossier est simple à faire avancer ». Pour lui, après l’entretien avec la ministre il y a « blocage total » car Roselyne Bachelot « a oublié les déclarations de Nicolas Sarkozy en campagne » et « laisse son cabiner décider pour une interdiction totale ». L’agence qui indique que les buralistes manifesteront de la gare Montparnasse à l’Assemblée nationale, précise qu’ils souhaitent pouvoir installer des extracteurs d’air moins stricts que les fumoirs prévus dans le décret et qu’ils militent pour que les petits établissements des zones rurales puisent choisir d’être fumeurs ou non fumeurs, tout en demandant également que l’on puisse fumer sur les terrasses couvertes et ouvertes d’un côté.
L’AFP signale que Jean François Copé, « patron des députés UMP » a déclaré que la majorité serait « solidaire » du gouvernement sur la future interdiction de fumer dans les bars et restaurants, tout en reconnaissant qu’un certain nombre de ses collègues souhaitaient des « aménagements ». Jean Léonetti, vice président du groupe, a pour sa part estimé « sur le plan médical, ou bien on croit au tabagisme passif ou bien on n’y croit pas (...) dans une logique sanitaire, c’est difficile de faire des dérogations ». De leur côté, Thierry Mariani UMP et François Sauvadet (Nouveau Centre) ont proposé séparément de s’inspirer de la législation espagnole en laissant aux patrons d’établissements de moins de 100 m2 « la liberté » de déclarer leur établissement fumeur ou non fumeur. A l’inverse, Yves Bur, UMP, a estimé hier que « la seule façon intelligente d’appliquer le décret est de l’appliquer sans dérogation et de le faire respecter sans exception ». Jugeant « indécentes » les revendications « économiques » des buralistes dont le revenu a augmenté « de près de 30% » depuis 2002, il a affirmé « la santé des salariés et des Français passe avant la santé du portefeuille ».
Une dépêche sur l’enquête de l’association Droits des non fumeurs, qui montre que les établissements déjà « 100% sans tabac » bénéficient d’un « effet positif » en terme de fréquentation et de chiffre d’affaires, avec un « solde positif » de 29 points en terme de fréquentation et de 19 points en termes de chiffres d’affaires. D’après l’étude, 36% des restaurateurs et cafetiers restaurateurs font état d’un « impact positif » de l’interdiction sur la fréquentation et 7% d’un « impact négatif », 57% estimant qu’elle « n’a pas eu d’impact ». En ce qui concerne le chiffre d’affaires, 26% des établissements rapportent une tendance à l’amélioration, 7% juge que le chiffre d’affaires « a plutôt tendance à se détériorer » et 67% qu’il « est stable ». L’agence relève que 72% des établissements interrogés ont totalement banni le tabac et que 28% disposent d’un espace couvert, fermé et séparé pour les fumeurs.
« Xavier Bertrand ne mégote pas » titre FRANCE SOIR qui affirme que malgré la manifestation des buralistes, le ministre « n’en démordra pas : l’interdiction de fumer s’appliquera bien le 1er janvier dans les bars-tabac », ne laissant ainsi pas « le moindre espoir quant à un éventuel aménagement » du texte. Notant que pour le ministre il s’agit d’un « enjeu de santé publique » et que « dans les autres lieux publics l’interdiction de fumer est passée comme une lettre à la poste », le quotidien souligne qu’aujourd’hui les buralistes manifestent pour protester contre « l’insuffisance de réponses du gouvernement » à leurs demandes d’aménagement du décret. Le journal, qui rapporte que le réseau des buralistes rappelle sur son site Internet la « promesse » de Nicolas Sarkozy faite le 27 juin dernier : « on pourrait imaginer une dérogation très spécifique dans les bars tabac », assure que « la CDT entend faire « tenir cette promesse » au président de la République ».
A noter une interview du psychiatre et alcoologue Guy Caro qui se dit opposé à l’interdiction de fumer dans les lieux de convivialité. Selon lui, l’interdiction « serait inefficace » et produirait même « un effet pervers », sachant que « dans beaucoup d’endroits, il y a une paix où fumeurs et non fumeurs se respectent ». Affirmant « On va tout foutre en l’air avec cette loi ! Le chantage au tabagisme passif c’est une escroquerie », Guy Caro assure que « les chiffres sont extrapolés » et que « l’on entre dans une espèce de guerre civile menée par trois lobbies : les producteurs d’alcool, les producteurs de tabac, et le lobby anti-alcoolique et anti-tabagique puritain ». Evoquant sa « situation de médecin breton », il dit que dans sa campagne il y a « un seul bar tabac » ou jeunes et anciens viennent « fumer une clope, lire le journal et boire un coup ». Selon lui « des connards de bureaucrates n’ont pas le droit d’interdire ça » car ces lieux « contribuent au lien social et à l’action culturelle ».
Le quotidien publie également « L’appel à réagir » lancé par l’alcoologue Guy Caro et le tabacologue Robert Molimard pour qui « Les bars tabac ont raison. Il est faux que l’on risque sa vie en y pénétrant une minute pour acheter son journal (...) les liens sociaux tissés en ces lieux sont irremplaçables, quand l’individualisme moderne isole tant de gens », sachant que dans certaines régions « des risques de fermeture peuvent affaiblir le lien social, l’animation, culturelle et la convivialité de territoires et de quartiers urbains ». Affirmant que « la politique actuelle à l’égard de l’alcool et du tabac va à l’encontre des traditions françaises de liberté et de convivialité », ils jugent que « sous prétexte de santé publique, elle exprime une idéologie puritaine, prohibitionniste, totalitaire, cachant mal des conflits d’intérêts ».
France Soir qui parle de « Division à l’UMP », interroge « Crainte de la sanction électorale de la part des fumeurs et de ceux qui vivent du commerce du tabac ? ». D’après le journal, alors que Thierry Mariani et Dominique Paillé défendent l’idée d’un choix pour les « petits bistrots », Pierre Lellouche prédit pour sa part une « guerre civile larvée » dès l’entrée en vigueur de l’interdiction.
Dans la rubrique de Paul Wermuss, une interview de Dominique Paillé, ancien directeur d’hôpital, secrétaire adjoint de l’UMP et conseiller politique du président Sarkozy qui évoque ses nouvelles fonction. Interrogé sur la loi interdisant « de fumer en public », il répond « Je déplore cette législation antitabac, je crains que l’on tombe dans une sorte d’hygiénisme ». Selon lui, « Il y a trop de loi qui édictent le bien et le mal en matière comportementale. Il vaut mieux faire appel à la responsabilité individuelle ».
Sous le titre « Les buralistes en colère », LE PARISIEN indique que 12 000 débitants de tabac vont manifester aujourd’hui, pour demander des aménagements sur l’installation des fumoirs, en raison de « règles techniques impossibles à mettre en oeuvre », et pour que les établissements de zones rurales puissent choisir leur statut, sachant que selon René Le Pape, les contacts avec les services de la ministre de la santé « n’avancent sur rien ».
LES ECHOS parle quant à lui de « "colère" des buralistes face à la fermeté de l’Etat ». Le journal qui revient sur les déclarations de René Le pape après son entrevue avec Roselyne Bachelot, précise qu’il mise sur la présence de 15 000 buralistes aujourd’hui à Paris et demande audience à l’Elysée car le chef de l’Etat avait évoqué des « dérogations » pour les bars tabac. Notant que du coté du gouvernement, « la fermeté reste de mise », le quotidien observe que le seul aménagement porterait sur les terrasses, le ministère de la santé étant d’accord pour que l’on puisse fumer sur les terrasses non couvertes mais aussi couvertes « comportant une ouverture ». René Le pape ironise « Ce n’est pas avec ça que je vais calmer mes troupes ». Considérant que les buralistes « n’ont pas le vent en poupe », le journal mentionne l’étude de DNF qui fait ressortir les effets bénéfiques de l’interdiction en termes de fréquentation et de chiffre d’affaires pour les établissements non fumeurs. Et le journal de souligner que le revenu moyen des buralistes a augmenté de 28% depuis 2002 et que le chiffre d’affaires moyen par débit de tabac a progressé de 13,5%, aux quels s’ajoutent 160 millions d’euros d’aides annuelles.
LE FIGARO qui observe que « Les restaurants « non fumeurs » ne le regrettent pas », évoque la manifestation prévue aujourd’hui ainsi que l’entrevue de René Le Pape avec Roselyne Bachelot. Précisant que le président de la CDT redoute une baisse de chiffre d’affaires des bars tabac de 30% sur les ventes de sandwichs et boissons, le quotidien relève que ces estimations sont « contredites par les antitabac » notamment le député UMP, Yves Bur, et l’association Droits des non fumeurs, laquelle « dévoile opportunément les résultats d’une enquête ». (voir AFP ci-dessus).
C’est sur les bars à chicha que se penche LIBERATION. Le journal qui a fait un tour au Khéops, salon de narguilé de Livry Gagnan, assure que l’interdiction de fumer au 1er janvier va causer la fermeture de ce bar et celle des 800 autres répertoriés en France, sachant que le seul moyen de survivre pour ces bars est d’installer des fumoirs visant à protéger les non fumeurs. Selon Pierre Morange, rapporteur de la mission spéciale à l’Assemblée, « un salarié exposé aux risques, c’est à dire à la fumée, pourra se retourner contre son employeur ». Le quotidien qui indique qu’un syndicat a été créé sous le nom d’Union des professionnels du narguilé (UPN), rapporte les explications de son trésorier, pour qui l’objectif est « de défendre les intérêts économiques des entrepreneurs ». « Nous voulons (...) une dérogation de la part du gouvernement car l’essentiel de notre chiffre d’affaires est basé sur la consommation de narguilé » dit -il . Selon lui, l’installation d’un fumoir est « inapplicable (...) puisque le narguilé nécessite en soi une prestation de service » et il précise que ces salons ont donné « l’opportunité à de nombreux jeunes issus de milieux défavorisés de créer leurs propres entreprises ». Assurant que « chez les consommateurs la colère est encore plus grande » et que mêmes les non consommateurs sont déçus de perdre cet endroit, qui selon Sabrina, 21 ans est « un refuge pour traîner le soir au lieu de galérer », Libé souligne que, reçus à trois reprises par Roselyne Bachelot, les membres de l’UNP déplorent « toutes nos propositions ont été rejetées. Ils nous ont laissé parler puis ils nous ont indiqué le chemin de la porte ». D’après le journal, une « lueur d’espoir » existe toutefois avec la proposition de loi du député Edouard Courtial « visant à concilier protection contre les dangers du tabagisme passif et maintien de lieux de convivialité dans le tissu économique local ». Le quotidien qui relève que certains bars se sont déjà reconvertis, précise que toutefois selon le trésorier de l’UNP « 80% des établissements ne peuvent pas se reconvertir car les locaux ne sont pas adaptés à d’autres commerces ». D’après Libé, malgré les risques d’amendes certains veulent résister, ainsi Salim qui assure « On va essayer de se battre pour sauver notre commerce car c’est injuste. Si les chichas sont interdits dans les bars à chicha, il faudrait interdire l’alcool dans les cafés ».
Dans le même journal un focus sur le site www.nicomarket.com/fr où l’on peut consulter la dernière campagne antitabac de l’UE à destination des jeunes, un « site tordant et absurde qui retrace à travers des produits, l’environnement de ceux qui pétunent grave ». Et de le journal de citer la mise en scène du dentifrice (Nicoteeth) « au concentré de goudron et de nicotine qui garantit tartre et déchaussement » ou de la crème ( Nicoclean) qui propose de prendre « dix ans à chaque application ».
LE MONDE voit « Une dérogation, qui part en fumée ». Indiquant que les buralistes qui manifestent s’appuient sur un sondage de septembre 2007 montrant que 63% des Français sont favorables à une dérogation, le journal dresse une liste de leurs revendications et note qu’ils anticipent une chute de leur chiffre d’affaire de 30% sur la vente de nourriture et de boissons, citant en exemple l’Irlande où depuis l’interdiction de fumer en 2004, le chiffre d’affaire est retombé au niveau de 2002. Le quotidien qui observe qu’un rapport du Sénat de 2006 montre qu’aucun impact négatif n’a été avéré dans les pays où l’interdiction de fumer a été mise en place, avec même des recettes en hausse à New York, note aussi qu’en Ecosse les pubs « ont enregistré une envolée de la fréquentation et de la consommation ».
Italie - interdiction de fumer
« Les Italiens vont plus loin que leur loi antitabac » affirme LA CROIX qui indique que la loi italienne a poussé 15% des fumeurs à renoncer à la cigarette et que Naples vient de durcir sa législation. Informant qu’à Naples il est interdit depuis dimanche de fumer dans les parcs publics quand des enfants ou des femmes enceintes sont à proximité, sous peine de 27,5 à 50 euros d’amende, le journal observe que les Italiens, réputés indisciplinés, se révèlent pour ce qui est de la cigarette « d’une docilité à toute épreuve ou presque ... ». Faisant état d’une chute de 15% du nombre de fumeurs au cours de ces trois dernières années, le quotidien évoque des répercussions indéniables sur la santé avec notamment une baisse sensible du nombre de maladies cardiovasculaires. D’après le Pr Roberto Ferrari, président de la Société européenne de cardiologie, « bannir la cigarette favorise aussi l’adoption de comportements plus sains. On s’alimente de façon plus équilibrée et on reprend une activité physique, notamment la bicyclette pratiquée aujourd’hui par 30 millions d’Italiens ». Relevant que les 12 millions d’italiens qui continuent à fumer ont augmenté leur consommation de 13 cigarettes en moyenne en 2006 à 14 en 2007, le journal précise qu’il s’agit surtout d’adultes de 35 à 60 ans. D’après La Croix, sur les 560 000 fumeurs qui ont renoncé au tabac, 10,7% ont eu recours aux produits de substitution et 2,8% a une psychothérapie, sachant par ailleurs que 90% de la population se déclare satisfaite de la loi. Le quotidien qui souligne que les normes d’installation de fumoirs sont tellement drastiques que la plupart des établissements sont non fumeurs, observe que la douceur du climat italien s’avère être une précieuse alliée car beaucoup se réfugient sur les terrasses.
Canada - interdiction de fumer en voiture
L’AFP signale que Wolfville, petite ville de l’est canadien de 3600 habitants, « a fait un pas inédit » dans la lutte anti tabac en interdisant de fumer dans un véhicule quand un mineur de moins de 18 ans est à bord, sous peine de 50 dollars d’amende. D’après l’agence, Wolville est la première municipalité canadienne « a adopter une telle mesure qui selon ses détracteurs relève de l’intrusion dans la vie privée ». Le maire a assuré « je pense que le seul lieu qui reste (où il pourrait être interdit de fumer ) est la maison, mais une loi en ce sens n’est pas au programme ».
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