LE PARISIEN DIMANCHE qui relève que l’interdiction de fumer "pourrait s’appliquer" aux bars à chicha « pourtant très en vogue », note que les professionnels ne se font guère d’illusions et que l’Union nationale des professionnels du narguilé tire la sonnette d’alarme en soulignant que « la chicha représente 90% de l’activité des bars orientaux » et que « des centaines de personnes vont se retrouver à la rue ».
D’après le journal, chez les consommateurs « la colère est encore plus grande » car pour eux ces lieux sont des espaces de détente, les professionnels espérant pour leur part « sans trop y croire » que les buralistes « remporteront la bataille engagée contre le gouvernement » pour obtenir des dérogations. « C’est notre seule chance de survie car notre voix n’est pas entendue » explique l’UNPN. Notant que pour les professionnels il y a « plus grave encore » avec la diffusion de messages médicaux sur la nocivité du narguilé, le quotidien rappelle que selon le Pr Dautzenberg, une bouffée de chicha équivaut à deux voire six cigarettes. Le journal qui indique que les bars à chicha étudient des possibilités de reconversion, mais qu’ils ont des difficultés financières, précise que certains gérants sont prêts à résister malgré les amendes.
« La chicha pas moins nocive que la cigarette » titre LA TRIBUNE qui rappelle que le tabac est toxique sous toute ses formes et que « la chicha ou narguilé n’échappe pas à ce principe alors qu’elle est devenue le deuxième mode de consommation du tabac chez les jeunes Français, dépassant le tabac à rouler ». Indiquant que selon les études, le volume de fumée inhalée est 50 fois plus important avec la chicha qu’avec la cigarette, le journal souligne que l’air des bars à chicha « est particulièrement vicié par les émanations de monoxyde de carbone » ce qui conduit à inhaler autant de CO en y restant une heure sans fumer qu’en fumant six cigarettes. Et d’enjoindre « Alors pas touche à la chicha ».
LE JOURNAL DU DIMANCHE (Paris - Ile de France) étudie pour sa part la manière dont « les cafés tabac vont rebondir », sachant que 85% des Français fréquentaient les bars en 1997 et qu’ils n’étaient plus que 41% en 2006. Expliquant que les bars ont décidé de s’ouvrir à la vente à emporter, le journal souligne que les cafés sont très souvent aussi des tabacs et qu’ils visent à se transformer en drugstore afin de vendre autre chose que des cigarettes (confiseries, boissons). L’hebdo qui observe qu’ainsi leur chiffre d’affaire a augmenté de 30 à 40%, se demande si cette initiative va être réduite par l’interdiction de fumer dans les cafés, car les gérants redoutent une baisse de fréquentation de 30 à 40%. D’après Le JDD des solutions sont possibles en assouplissant la législation et « en décrétant des cafés fumeurs (avec fumoirs) et des cafés non fumeur » ou en chauffant les terrasses pour les fumeurs.
"Antitabac : toujours plus" titre LE MONDE de dimanche lundi qui se demande si l’interdiction de fumer dans tous les lieux de convivialité en janvier ne sera « qu’une étape dans la lutte contre le tabagisme », sachant que dans d’autres pays où l’interdiction est plus ancienne « le bannissement de la cigarette prend des proportions de plus en plus radicales ». Et de citer la petite ville de Wolfville au Canada où il est désormais interdit de fumer dans un véhicule en présence d’un mineur, où encore la ville de Vérone en Italie qui interdit a partir d’aujourd’hui de fumer dans les jardins publics afin de protéger les enfants du tabagisme passif, sachant qu’elle ne fait que copier Naples où l’interdiction s’applique dans les mêmes lieux « mais seulement « auprès des femmes enceintes, des nouveaux nés et des enfants de moins de 12 ans ».
Tabac - cicatrisation
LA TRIBUNE qui relève que selon plusieurs études, les fumeurs cicatrisent moins bien et présentent plus de complications septiques cutanées que les non fumeurs après une intervention chirurgicale, explique que ceci est lié aux effets de la fumée sur les micro vaisseaux qui irriguent les différentes couches de la peau. D’après le quotidien, parmi les patients opérés de cancers du poumon ce sont les fumeurs sevrés depuis plus de deux mois qui présentent les taux les plus faibles de complications respiratoires et infectieuses.
PREVENTION
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Sous le titre « Les addictions : sous le signe du plaisir », un article du Pr Michel Reynaud, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse. Le médecin qui indique que « le problème de la dépendance le plus massif en France est lié à l’alcool », car « 4 millions de personnes ont une consommation pathologique ou problématique et 1,5 million en sont dépendantes strico sensu », relève que la cigarette est la deuxième grande addiction française (30 à 35% de fumeurs réguliers), alors que que le cannabis touche essentiellement la tranche des 15-30 ans, son usage régulier concernant 1,2 million de personnes, sachant qu’en comparaison 200 000 personnes sont dépendantes à l’héroïne et que la consommation occasionnelle de cocaïne est « en train de monter rapidement » passant de 1% à 3% de la population. Soulignant que pour un médecin « cela n’a pas de sens de dire le cannabis est plus dangereux que l’alcool ou la cigarette », il précise qu’en réalité il existe plusieurs nocivités de nature somatique (effets sur le corps, effets sur le cerveau, effets sur le comportement, potentiel de dépendance). Selon lui, "le seuil de basculement vers l’addiction est toujours ténu" car « la toxicomanie est toujours la rencontre entre un produit plus ou moins addictogène, un individu plus ou moins vulnérable, un milieu plus ou moins facilitateur ». Précisant que l’alcool et le tabac sont des produits très addictogènes que l’on peut pourtant se procurer facilement, il note que l’intervention sur l’accessibilité du produit (prix, interdiction, restriction de publicité) a des effets sur sa consommation. Le Pr Reynaud qui fait état d’un problème massif de consommation aiguë d’alcool depuis quelques années chez les jeunes avec une banalisation de la « cuite », explique que l’excès isolé n’est pas grave mais que « l’excès d’excès » pose problème. Selon lui, la meilleure prévention s’adresse aux plus jeunes et elle consiste à « donner à l’enfant une bonne image de soi, un bon narcissisme, une appréciation positive de la relation aux autres », car les addictions « naissent souvent sur le terreau d’une souffrance, d’une relation difficile à soi et aux autres ». Expliquant que les parents doivent être attentifs aux comportements de leurs enfants, et que savoir dire non à ses enfants « est une attitude structurante », le médecin estime qu’à ces mesures individuelles doivent s’ajouter des mesures sociales et politiques, « sans vouloir interdire tous les usages sous prétexte qu’une minorité développe une pratique nocive » mais en ne s’interdisant pas dans le même temps « de réduire la nocivité bien réelle des produits licites ». Et de conclure « toute consommation, tout plaisir n’est pas dangereux en soi » et si nous avons su construire notre histoire personnelle « sur la maîtrise de nos plaisirs, les souffrances liées aux dépendances nous resterons étrangères ».
Dans ce dossier le Pr Daniel Thomas, cardiologue à l’Hôpital de la Pitié Salpétrière, classe le tabac comme premier facteur de « nos maux artériels » sachant qu’il "n’y a pas de seuil au-dessous duquel le tabagisme soit sans risque, puisque même le tabagisme passif est nocif" .
Le Pr Dominique Maraninchi, président de l’Institut national du cancer, affirme pour sa part que les responsables des cancers sont le tabac et l’alcool, le tabac étant le « premier ennemi », d’autant que le tabagisme actif n’est pas seul en cause puisque « des milliers de personnes meurent chaque année du tabagisme passif, pour la seule raison qu’elles ont dû subir un environnement pollué par le goudron des fumeurs ». Indiquant que les nouvelles législations vont en 2008 « mettre un terme à cette injustice évidente » et aider « les fumeurs à prendre la voie du sevrage », il affirme que ces mesures qui « ne sont pas toujours bien perçues » sont « efficaces » et « à la hauteur de l’enjeu de santé publique » car les cancers liés au tabac « sont les plus tueurs ». En ce qui concerne l’alcool, « autre mal français », il observe que « les choses s’améliorent lentement » avec une baisse de la consommation, et que « le nombre de cancer diminuera à mesure que l’on baissera cette consommation », sachant que « l’abstinence totale ne sera pas la règle pour tous », qu’il faut « apprendre à boire par plaisir et non par dépendance » et « éviter autant que faire se peut, que les plus jeunes commencent à boire et à fumer ». Il note enfin qu’un « risque important » de cancer « est représenté par les substances cancérigènes de notre environnement » ainsi que par l’obésité.
Thierry Philip, professeur de cancérologie et directeur du centre Léon Bérard à Lyon affirme que « si tous les jeunes de moins de 20 ans s’arrêtaient de fumer aujourd’hui la diminution de la mortalité par cancer serait de 40% dans les cinquante ans ». Signalant aussi que « la courbe de survie de tous les cancers confondus ne connaît aucune amélioration depuis trente ans », il tient à faire observer que « si l’on enlève le cancer du poumon de la courbe, on trouve un gain de 30% de survie, 10% par décennie ». Selon lui, « les progrès indéniables sont donc masqués par l’épidémie de cancers du poumon dans notre pays, surtout chez les femmes ». Evoquant alimentation et risque de cancer, le Pr Philipp, dit que l’on sait que « si les hommes boivent deux verres de vin rouge par jour et les femmes un verre, le risque de cancer diminue ».
A noter dans ce dossier une interview de Philippe Lamoureux, directeur général de l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé, qui explique qu’en matière de prévention « des mesures spectaculaires concernant le tabac, la sécurité routière, l’alcool ou encore la nutrition ont été prises ces dernières années » avec des résultats qui « sont là : on fume moins, on meurt moins sur les routes, on boit moins... ». Concrètement cela se traduit pour lui, par le fait que les 60% d’hommes fumeurs en 1974 sont aujourd’hui passés à 35%, soit une baisse « rapide et récente » qui « montre l’efficacité des mesures volontaristes ». Evoquant la baisse « plus régulière » de la courbe de consommation d’alcool de 26 litres d’alcool pur par personne en 1961 à 12,5 litres en 2006, il regrette « nous restons malgré tout au 11ème rang mondial ». Quand on lui demande quelles sont les priorités pour améliorer les choses en matière de prévention, il dit que « les chiffres parlent d’eux même, plus de 60 000 morts liés au tabagisme, 45 000 en lien avec la consommation excessive d’alcool, 45000 en lien avec le déséquilibre nutritionnel, 11 000 suicides chaque année ». Il précise aussi que la ministre de la santé est « attachée à l’ensemble des sujets qui ont trait à la vie sexuelle et affective (...) ou encore aux addictions chez les jeunes, qui vont de la toxicomanie au dopage ».
Le magazine rapporte aussi que selon une étude menée dans 27 pays de l’UE, le taux de monoxyde de carbone exhalé est divisé par deux chez les non fumeurs dans les pays connaissant une interdiction du tabac dans les lieux publics. (De 5,2 à 2,5 ppm selon la législation).
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