Q1. Pascal Bogui:
Pouvez-vous vous présenter, au plan civil et professionnel, et présenter
votre ONG ?
Lara langlais: Je me nomme Lara Langlais et
je suis mère de deux adolescents. Je suis consultante en éducation,
en formation et en édition. J’ai aussi de l’expérience en communication.
Je suis d’origine canadienne et je vis en Côte d’Ivoire depuis
1999.
Dès mon arrivée à Abidjan, j’ai procédé à la mise en place de la bibliothèque publique de Treichville à laquelle j’ai pu apporter des centaines de livres venant du Canada.
Puis, en 2005, à la demande de quelques amis, j’ai mis sur pied l’ONG Mieux vivre en Afrique.
Le but est de contribuer au mieux-être des populations et à leur prospérité. Pour y parvenir, nous intervenons sur trois volets : Éducation et culture, Santé et environnement, Emploi.
Q2. Pascal Bogui: Quels sont les principaux objectifs de votre ONG et les problèmes particuliers auxquels elle souhaite s’attaquer ?
Lara langlais: Les activités que nous menons sont dirigées envers les populations qui sont souvent ignorées des grandes institutions internationales parce que leurs immenses besoins sont trop petits pour les programmes qu’elles mettent sur pied, ou encore parce que ces populations sont loin des grands centres où il est facile de regrouper un nombre important de personnes et d’avoir beaucoup de visibilité.
C’est pourquoi nous nous efforçons d’intervenir à l’intérieur de la Côte d’Ivoire, dans les villages.
Nous sommes aussi très sensibles aux enfants, à leurs problèmes, parce que, souvent les adultes qui en ont la charge sont ignorants de ce qui peut ou de ce qui doit être fait pour favoriser leur plein épanouissement.
Les questions de scolarisation et de vulgarisation de moyens simples de vivre en bonne santé dans un environnement sain sont les problèmes qui nous intéressent particulièrement.
La lutte anti-tabac fait partie de ces moyens simples, à la portée des populations.
Q3. Pascal Bogui: Vous mentionnez que dans vos domaines d’action, il y a la lutte anti-tabac. Pouvez-vous nous dire depuis quand date votre engagement à la lutte anti-tabac?
Lara Langlais: La lutte anti-tabac s’est vraiment engagée de façon active il y 16 ans, avec la naissance de ma première fille.
J’ai moi-même vécu avec un père fumeur et je ne voulais pas que ma fille soit exposée et suffoque comme moi dans mon enfance.
J’ai donc dû boycotter la fête de Noël organisée par mon père qui ne voulait pas s’engager à ne pas fumer si nous venions à la fête.
Ça a été le début d’un bras de fer entre nous sur ce sujet mais il a fini par comprendre que dans ma maison, on ne fume pas !
Auprès des enfants, il fait des efforts pour s’éloigner pour ne pas qu’ils respirent sa fumée et descend de la voiture pour fumer (en voyage, je vous laisse imaginer les délais supplémentaires que ça engendre !!!).
Je suis fière de lui et j’espère que sous peu il fera comme sa mère qui a arrêté de fumer à l’âge de… 65 ans !
Q4. Pascal Bogui: Quelles actions avez-vous pu mener à ce jour dans la lutte contre le tabagisme, et quelles sont celles que vous voudriez élaborer ou enrichir dans l’immédiat ?
Lara Langlais: En résumé, nos actions consistent à sensibiliser et à créer des outils pour lutter contre le tabagisme. Ainsi, en 2005, nous avons participé à la réalisation d’une affiche pour inciter l’État ivoirien à légiférer pour une société sans tabac et à ratifier la Convention Cadre de l’O.M.S. pour la lutte anti-tabac.
Pour la réalisation de l’affiche nous avons obtenu le concours financier de l’OMS, du ministère de la Santé et du Programme national de lutte contre le tabagisme: PNLCTab.
Cette affiche a été présentée à la Journée Mondiale Sans Tabac à laquelle nous avons participé, dans la ville de Dabou. Un peu plus tard la même année, cette affiche, un courrier personnalisé et des renseignements pertinents sur les méfaits de la cigarette et sur les moyens d’arrêter de fumer ont été acheminés à tous les députés de l’Assemblée Nationale au moment où le projet de loi relatif à la Convention-cadre de l’OMS devait être examiné. Puis, nous nous sommes rendus à Ellibou (village de Sikensi). Nous avons offert une formation pour aider les personnes à arrêter de fumer.
La formation s’adressait à l’infirmier du village et à une dizaine de jeunes qui voulaient sensibiliser la population aux méfaits du tabagisme et appuyer les villageois dans leurs démarches pour arrêter de fumer.
De la documentation et des tee-shirts ont été remis aux personnes formées.
En 2006, suite à notre intervention, un bureau de la santé a été mis en place à Kouassi N’zikro (Bocanda).
Un sketch avait été préparé sous notre supervision et présenté en baoulé (un dialecte local) par des jeunes du village.
Une vidéo du sketch est maintenant disponible pour des sensibilisations ultérieures.
Nous sommes heureux que, à l’issue de la sensibilisation, la communauté se soit auto-légiférée : il est désormais interdit de vendre des produits du tabac aux enfants dans ce village.
Enfin, cette année 2007, en matière de sensibilisation, nous avons organisé une manifestation sur le droit des enfants au cours de laquelle a été abordée la question des pièges tendus aux enfants par la cigarette et par les adultes qui ignorent ces pièges.
Nous avons aussi participé à la Journée Mondiale Sans Tabac, organisée par le Programme National de Lutte Contre le Tabagisme (PNLCTab): nous avons tenu un stand d’informations à l’Aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, ce qui nous a permis de présenter la maquette du Guide pour arrêter de fumer, un diaporama de sensibilisation contre le tabagisme, et notamment sur les moyens d’éviter que les enfants et les jeunes soient pris au piège par la cigarette.
Les projets en cours sont, bien entendu, la publication et la diffusion, du Guide pour arrêter de fumer et la poursuite de la sensibilisation (dans l’Ouest et le Nord de la Côte d’Ivoire, où nous menons d’autres actions).
Nous avons aussi à cœur de mener une campagne de communication d’envergure pour faire un contrepoids à la publicité hors proportion que les industries du tabac font à Abidjan.
Les illustrations sont prêtes, nous voulons les diffuser sur les cahiers scolaires, les animer pour la télévision ivoirienne et les reproduire sur les affiches routières et les tee-shirts dont sont friandes les populations, de même que dans les journaux pour étayer l’information véhiculée par nos illustrations.
Ces illustrations ont été conçues en adoptant une stratégie similaire à celle des industries du tabac; c’est-à-dire, le plaisir.
En effet, nous avons voulu faire ressortir les avantages à être non-fumeur ou à abandonner la cigarette plutôt que de cibler l’épée de Damoclès, qui selon les entretiens que nous avons avec les fumeurs, nous semble assez peu dissuasive.
Q5. Pascal Bogui: Quel bilan faites-vous de vos actions en terme d’impact pour la population de Côte d’Ivoire en particulier, et pour la population du continent en général puisque votre ONG œuvre pour que l’on vive mieux en Afrique ?
Lara Langlais: L’ONG est encore jeune !
Nous souhaitons néanmoins pouvoir installer des antennes dans différentes régions de la Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique.
Nos amitiés nous permettent de penser à la Guinée, au Niger et au Bénin à plus ou moins long terme.
Il y a certainement urgence, mais nous prenons le temps car nous ne voulons pas décevoir les populations avec lesquelles nous serons ainsi en contact. « Small is beautiful », dit-on…
Je dirai qu’il est certes tentant de vouloir évaluer l’impact des actions d’une ONG sur une large population. Cependant, la vision de Mieux vivre en Afrique est de toucher des populations ignorées des grands programmes internationaux grâce à des activités de proximité.
Nous sommes d’avis que si nous pouvons faire la différence, même pour une seule personne, c’est une différence essentielle pour cette personne.
Notre action donc, pour parler de bilan, c’est une somme de petites différences.
Ainsi, à force de parler au boutiquier du quartier pour qu’il ne vende pas de cigarettes aux enfants et qu’il finit par se plier à notre requête, nous faisons une différence, au moins pour quelques jeunes.
Quand on convainc un parent d’envoyer sa petite fille à l’école, c’est toute la vie de cette enfant qui vient de prendre une orientation différente et sans doute celle de sa famille.
Des jeunes et leurs professeurs qui ont accès à des livres et qui peuvent fréquenter une bibliothèque rénovée parce que nous avons sensibilisé leurs parents et offert des livres ; des gens à qui le feu a tout pris qui reçoivent des vêtements ; des orphelins qui reçoivent notre visite, des cartes de vœux, quelques ballons ; un jeune qui peut déposer son dossier auprès d’un bailleur pour financer la mise en place de son atelier de ferronnerie…
Oui, je pense que grâce à nos actions, il y a des gens qui vivent mieux en Afrique.
Q6. Pascal Bogui: Quels sont vos souhaits pour que vos actions soient plus porteuses?
Lara Langlais: J’aimerais que davantage de personnes et d’entreprises apportent un soutien à Mieux vivre en Afrique parce que cela nous permettrait d’avoir du personnel permanent plutôt que de compter uniquement sur des bénévoles.
L’action serait plus constante et les actions menées avec plus de diligence, car quand nous rencontrons les populations, l’espoir que notre présence apporte est si grand que je désire ardemment agir. Nous pourrions aussi répondre à davantage de besoins exprimés.
Néanmoins, pour le moment, je suis satisfaite des réseaux de solidarité que nous avons pu tisser avec d’autres ONG sur le terrain, car elles nous permettent d’être prêts des besoins des populations, d’économiser temps et argent, car ces ONG nous servent de relais sur le terrain et nous épargnent bon nombre de déplacements. Nous leur rendons la pareille à Abidjan !
Q7. Pascal Bogui: Comment peut-on prendre contact avec vous ? Avez-vous un site Internet ou tout autre support informatif sur vos activités passées et à venir ?
Lara Langlais: Rien de plus simple !
Notre
site Internet est http://www.cooperation.net
Il est régulièrement mis à jour et permet de suivre l’évolution de nos activités.
Des renseignements complémentaires peuvent être demandés via les contacts suivants :
Adresse électronique : mieuxvivreenafrique@cooperation
Adresse postale : 06 BP 594 Abidjan 06, Côte d’Ivoire.
Téléphone : (225) 05 39 86 29 ou 22 42 83 36.
Siège : Abidjan, au Deux-Plateaux, Carrefour Duncan.
Pascal Bogui: Madame Lara LANGLAIS, je vous remercie au nom de GLOBALINK AFRIQUE.
Lara Langlais: Tous les remerciements vous reviennent pour l’opportunité que vous m’offrez de faire connaître Mieux vivre en Afrique et ses activités, car dans notre domaine d’activités, la visibilité fait une grande différence.
J’espère sincèrement que la collaboration avec GLOBALINK AFRIQUE se poursuivra pour débarrasser la Côte d’Ivoire et l’Afrique du tabac.
j'aimerais savoir ce qu'il advient de Mieux Vivre en Afrique. Merci.
Rédigé par : julie | jeudi 11 mars 2010 à 14:31