Rendez-vous 176 - 12 Décembre 2008
Bonjour Djibril et merci d'avoir accepté de participer à ce cyber-entretien.
Q1. Peux-tu d'abord nous parler de ton parcours personnel (éducation, expérience professionnelle) et nous dire quand, pourquoi et comment tu t'es impliqué dans le contrôle du tabagisme?
Djibril Wélé: Je m’appelle Djibril Wélé et j’ai 25 ans, je suis étudiant et assistant comptable.
J’ai adhéré très tôt à l’ONG MAT-SENEGAL : j’étais encore au Collège où j’ai été le président de la cellule Antitabac.
Tout en continuant mes études j’ai milité dans l’Association comme simple adhérent et j’ai participé pour la première fois en Janvier 2001 à un atelier de formation sur les méfaits du tabagisme.
J’ai ensuite participé à plusieurs enquêtes de l’Association comme enquêteur pour collecter des données sur le tabagisme : enquêtes de l’OTAF sur le tabagisme des jeunes en milieu scolaire et de MAT-SENEGAL sur l’épidémiologie du tabac au Sénégal.
Donc petit à petit j’ai commencé à apprendre et à comprendre la réalité des choses et de la situation au niveau national.
L’atelier de formation nous a permis d’organiser la sensibilisation dans les écoles et les quartiers et de faire des émissions à la radio pour mieux informer la population sur les méfaits du tabagisme surtout en milieu jeune.
Lors de l’Assemblée Générale organisée en 2004 j’ai été élu Secrétaire Général du Bureau régional de Dakar de MAT-SENEGAL et plus tard en 2006 j’ai été élu Secrétaire Administratif du Réseau National de Lutte contre le Tabac au Sénégal qui regroupe plusieurs Associations et ONG qui luttent contre le Tabac.
Ayant participé à l’atelier de la mise en place du comité national de lutte contre le tabac, j’ai également participé à presque toutes les réunions de préparation des journées mondiales sans tabac ainsi qu’à des débats à la radio et à la télévision.
J’ai enregistré des entretiens avec radio SUISSE Romande, la télévision CANADIENNE, FRANCE 2 et avec des journalistes européens venus faires des reportages sur le tabac.
J’ai participé à la CDP 2 à Bangkok et à la CDP 3 à Durban. Je suis Conseiller de l’OTAF.
Q2. Tu as assisté à Durban à COP3. Quelles principales leçons tires-tu de cette conférence? Quelles en sont les éventuelles implications pour le Sénégal?
Djibril Wélé:La conférence des parties est l’une des plus grandes réunions de négociation de la convention cadre : nous pouvons dire que notre mission à Durban a été accomplie car tous les articles ont été adoptés à l’unanimité. Concernant le Sénégal les délégués feront leur rapport de mission et ensuite ce sera au gouvernement de prendre les décisions avec l’aide de la société civile grâce au pressing des associations de lutte antitabac.
Q3. Le MAT va fêter son 16ème anniversaire. Peux-tu nous indiquer les dates majeures dans la vie de l'association jusqu'à aujourd'hui? Comment évalues-tu maintenant la situation du contrôle du tabagisme au Sénégal après 16 années d'activité par le MAT?
Djibril Wélé: MAT fait partie des premières associations de lutte antitabac en Afrique. Depuis sa création MAT a toujours eu le même objectif : promouvoir une société sans tabac au Sénégal.
Pour les dates majeures dans la vie de l’association, on peut noter le jour où l’association est devenue ONG en 1994 puis en 1995 lorsque nous avons reçu la médaille d’or de l’OMS. En 2003 nous avons eu des jours inoubliables avant la ratification de CCLAT par notre pays et ensuite en 2004 date de signature de la CCLAT et son entrée en vigueur en 2005.
Après 16 ans de lutte on peut dire que la situation a beaucoup évolué même si on sent une offensive de l’industrie du tabac dans notre pays avec un gouvernement qui n’est pas concerné par les dangers que constituent une publicité agressive de l’industrie du tabac, la collaboration entre l’état et l’industrie, etc.
On constate toujours une forte consommation du tabac: 2 milliards de tiges par an et des taxes qui s’élèvent à plus de 25 milliards de francs cfa sans compter la pub et plus de 50 milliards de chiffre d’affaire par l’industrie du tabac.
Q4. L'Ile Maurice et l'Afrique du Sud sont en passe d'adopter des avertissements graphiques sur les paquets de cigarettes. Un tel développement est-il envisageable à court terme au Sénégal?
Djibril Wélé : Bien sûr, avec l’implication du gouvernement et de la société civile.
Q5. Une Alliance Africaine pour le Contrôle du Tabac a vu le jour à Durban. Quelle importance accordes-tu à une coopération et une coordination accrues entre les pays Africains pour lutter contre le tabagisme?
Djibril Wélé : L’importance que j’accorde à cette alliance c’est d’avoir une même vision, comme nous avons tous les mêmes objectifs, essayer d’avoir une idée commune un projet commun de lutte antitabac dans notre région.
Q6. Y-a-t-il autre chose que tu veux évoquer?
Djibril Wélé : Ce que je voudrais ajouter c’est essayer de réfléchir pour avoir une journée africaine de lutte antitabac en Afrique. Je crois que ce serait une très bonne chose par ce qu’en réalité la journée mondiale c’est pour le monde entier mais on n’a pas tous les même réalités.
Compte tenu des enjeux spécifiques en Afrique il serait important d’avoir une initiative spécifiquement Africaine et je compte travailler sur ce projet.
Une telle journée permettrait de confronter les dirigeants africains aux enjeux à l’image des pandémies comme le sida, la malaria. Elle aiderait à faire prendre en compte la lutte contre le tabac comme une priorité de santé publique en Afrique.
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Merci Djibril d'avoir pris le temps de répondre à nos questions alors que tu n'es toujours pas équipé d'un ordinateur portable et que les connexions dans les cyber-cafés ne sont pas toujours évidentes.
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