Depuis ces 20 dernières années, la production locale de feuilles de
tabac et de tabac a chuté. De plus, la délocalisation de l'unité de
production de la British American Tobacco (BAT) en novembre dernier
vers le Kenya a ajouté à une prévision glauque pour l'industrie du
tabac. "Tous avaient une appréhension que l'industrie du tabac à
Maurice allait vers sa fin", souligne Naushad Maudarbaccus, président
du Tobacco Board.
Source: L'Express / AllAfrica.com
Un plan pour sauver le tabac
L'Express
(Port Louis)
ACTUALITÉS
13 Juillet 2007
Publié sur le web le 13 Juillet 2007
By Sharon Sooknah
Port Louis
Depuis les 20 dernières années, la production locale de tabac a chuté alors que la BAT a délocalisé ses activités. Le Tobacco Board a conçu un plan sur trois ans pour accroître la productivité et maîtriser la qualité du produit.
L'industrie du tabac est une industrie en pleine mutation. Si elle doit survivre, il faudra savoir l'adapter à un contexte en évolution. C'est dans cette optique que le Tobacco Board a travaillé sur un plan stratégique de trois ans, jusqu'en 2010.
"La seule constante à laquelle nous nous sommes habitués au fil des années, c'est le changement", soutient Hemrajsingh Ramahotar, directeur du Tobacco Board. Cette institution parapublique avait organisé, hier, une cérémonie à Plaine-Lauzun, à l'occasion de son 75e anniversaire.
Le taux de production est au centre de ce plan car Maurice ne produit pas suffisamment de tabac. "A l'époque, nous produisions 1 200 tonnes de tabac. Aujourd'hui, nous avons besoin de 500 tonnes et nous n'en produisons que 300", souligne Arvin Boolell, ministre de l'Agro-industrie.
Depuis ces 20 dernières années, la production locale de feuilles de tabac et de tabac a chuté. De plus, la délocalisation de l'unité de production de la British American Tobacco (BAT) en novembre dernier vers le Kenya a ajouté à une prévision glauque pour l'industrie du tabac. "Tous avaient une appréhension que l'industrie du tabac à Maurice allait vers sa fin", souligne Naushad Maudarbaccus, président du Tobacco Board.
C'est suite à cette délocalisation de la BAT que le plan stratégique a été conçu. Le coût élevé de production à Maurice, la baisse de consommation locale, les frais d'entretien et d'achat des feuilles de tabac ainsi que le coût du pétrole avaient contribué à cette délocalisation. Et 67 personnes avaient été licenciées.
Revenus de Rs 2,3 milliards
Le ministère de l'Agro-industrie compte maintenant poursuivre son plan stratégique afin d'assurer la viabilité et la survie du tabac cultivé à Maurice. "Les principaux objectifs de ce plan stratégique sont de maîtriser la qualité du produit, d'accroître la productivité et de travailler la valeur ajoutée", explique Arvin Boolell.
Il reconnaît cependant que l'industrie du tabac est dans une passe difficile et que le cap sera difficile à franchir. "Nous avons un problème. C'est un problème qu'il faut examiner en profondeur", affirme Arvin Boolell. Ce dernier préconise donc plusieurs mesures dont une hausse de production ainsi que des initiatives régionales, notamment à travers des développements à Madagascar. "Ce sera une aubaine pour les producteurs mauriciens de rentrer dans des zones identifiées à Madagascar pour nos produits alimentaires", soutient Arvin Boolell.
L'industrie du tabac représente une source non négligeable de revenus pour l'Etat. Elle contribue dans les alentours de Rs 2,3 milliards à l'économie chaque année, sous forme de taxes. De plus, Maurice compte actuellement 294 planteurs de tabac, ce qui fait qu'environ 10 000 familles sont impliquées dans cette industrie.
Pour l'instant, de nombreux planteurs cultivent des terrains octroyés par les compagnies sucrières. L'Etat a soumis une requête aux sucriers afin d'obtenir plus de terrains pour la culture du tabac. "Avec ce qui se passe dans l'industrie sucrière, des terrains seront libérés. Nous avons fait un appel à la Chambre d'agriculture et à la Mauritius Sugar Producers Association pour libérer des terrains", soutient Arvin Boolell. Une partie de la stratégie d'avenir consiste donc à maximiser l'exploitation de terres qui sont propices à la culture du tabac.
Les planteurs, quant à eux, disent faire face à de nombreux problèmes. Dont la hausse du prix des fertilisants. "Lontan ti produir plis, li ti pli bon. Aster la fertilisan ek amoniak, tou inn monte", raconte Chandrabose Dhaliah, planteur de tabac depuis 1977. Il produit annuellement entre 600 et 700 kilos.
Pour d'autres, les liquidités constituent aussi un fardeau. "Je fais un appel au ministre de l'Agriculture pour qu'il nous donne des facilités comme des loans à des taux préférentiels. Je ne demande pas de subsides, juste des programmes conçus pour les planteurs de tabac", lâche Moonsay Fokeerbux, planteur de 59 ans de la région du nord, depuis l'âge de 19 ans.
Les intempéries et les conditions climatiques représentent aussi un autre obstacle auquel font face les planteurs de tabac. Certains affirment cependant être plus que disposés à persévérer dans la culture de tabac et à produire plus. "En 2005 mo ti gagne 11 arpen, sa lane la, mo pe gane zis 7 arpen. Saq lane li pe diminie", affirme Roopnarain Badal, planteur.
Le Tobacco Board fête ses 75 ans
Le Tobacco Board a été créé en 1932.
Son rôle est de réglementer la production et la vente de tabac à Maurice. Il agit aussi comme agent de liaison entre les planteurs de tabac et la British American Tobacco (BAT) qui achète le tabac pour produire des cigarettes. Cette institution parapublique emploie 120 personnes.
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