La situation au Maroc expliquée dans cet article de Hassan El Harif dans l'Economiste.
La contrebande de tabac explose
La contrebande de tabac prend des proportions inquiétantes. En cause, le printemps arabe qui rend difficiles les contrôles et les saisies. Le marché officiel de la cigarette s’élève à 15,09 milliards de sticks (unités). A lui seul, Imperial Tobacco s’accapare 95% du secteur. Le reste est partagé entre les nouveaux entrants : Japan Tobacco International (JTI) et British American Tobacco (BAT). Au volume de cigarettes consommées, s’ajoutent 15% en provenance du marché parallèle. Ce sont là les estimations de la Commission nationale de lutte contre la contrebande de tabac au terme des 7 premiers mois de 2011. Aux yeux des opérateurs, cette proportion a atteint, au terme de 2011, plus de 18%. Soit 2,7 milliards de cigarettes provenant de la contrebande. Le marché parallèle des cigarettes a explosé au cours des deux dernières années. En effet, entre 2009 et 2011, il a progressé de 54%. Or, les services de la Douane avaient renforcé les contrôles pour lutter contre ce phénomène, réalisant parfois des prises spectaculaires. Les saisies sont passées de 23 millions d’unités en 2008 à 99 millions à fin 2010. Mais nous sommes loin du volume de tabac qui échappe à la vigilance de la Douane et qui est estimé à quelque 2,7 milliards de cigarettes. L’essentiel de la cigarette de contrebande provient de la Mauritanie, de l’Espagne, mais surtout de l’Algérie ces dernières années. En cause, le niveau de taxation très bas chez le voisin de l’est. Ce qui fait qu’au final des cigarettes premium vendues au Maroc à 32 DH sont proposées en Algérie à 15 DH. Une fois introduites au Maroc, elles se vendent entre 18 et 20 DH. Le différentiel de prix est donc à l’origine du flux de cigarettes de contrebande. Partout dans le monde, le tabac est une véritable machine à sous. Au Maroc, les taxes représentent exactement 66,5% du prix de vente d’un paquet de tabac. Les cigarettes de contrebande représentent un chiffre d’affaires d’environ 3 milliards de DH. Ce qui correspond pour l’Etat à un manque à gagner de plus de 2 milliards de DH en termes de recettes fiscales. Dans le détail, le montant de la TIC, qui représente 59,4% du prix de vente, et que la Douane n’a pas perçu, s’élève à 1,5 milliard de DH. Quant à la TVA, son manque à gagner s’établit à 500 millions de DH. Pour sa part, les pertes au titre de la vignette (taxe de solidarité avec la Palestine de 0,05 à 0,10 DH par paquet) représentent 17 millions de DH. Contrairement aux autres produits, tels que le textile-habillement, les articles électroniques, l’Etat livre une lutte acharnée contre la contrebande de tabac en raison de son niveau de taxation. Depuis l’instauration du marquage fiscal, les services de la Douane peuvent estimer en temps réel les taxes dues. Par ailleurs, à l’instar des timbres poste, fiscaux, de la téléphonie, la vente de tabac ne souffre aucun délai de paiement puisqu’il est toujours payé cash. Sur un tout autre chapitre, le marché du tabac stagne du fait que, contrairement aux produits alimentaires, par exemple, il reste un produit unipersonnel. En clair, il n’est pas consommé par toute la famille. Par conséquent, malgré l’évolution démographique, la consommation de tabac n’a pas beaucoup évolué. Elle est passée de 13 milliards d’unités en 2005 à seulement 15 milliards. D’où l’étroitesse du marché national.
Hassan EL ARIF
- See more at: http://www.leconomiste.com/article/890805-la-contrebande-de-tabac-explose#sthash.vwzjqGcP.dpuf
Commentaires