Mohammed Ennahili, “Les lobbies sont derrière le blocage de la loi anti-tabac”, dans cet article de Maroc Hebdo International.
MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1025 - Du 17 au 23 Mai 2013 ![]() Interview. L’organisation “Alternatives pour l’enfance et la jeunesse” organise, le 2 juin 2013, une marche à Rabat pour l’application de la loi anti-tabac. Le point sur les objectifs de cette action avec le syndicaliste Mohammed Ennahili, président de l’Organisation.
Recueillis par Marouane Kabbaj
Maroc Hebdo: Quels sont les objectifs visés par l’organisation «Alternatives pour l’enfance et la jeunesse» à travers sa marche pour l’application de la loi anti-tabac sur les lieux publics? Mohammed Ennahili: En marge de la journée internationale sans tabac, qui coïncide avec le 31 mai de chaque année, nous allons organiser une marche, le dimanche 2 juin 2013 dans la capitale Rabat, à partir de 10 heures, pour l’application de la loi anti-tabac. Quelque 10.000 manifestants y participeraient: militants syndicalistes et associatifs, politiques, artistes et sportifs, étudiants... Les lobbies des industriels du tabac sont derrière le blocage de la loi anti-tabac, publiée en 1995, adoptée par le parlement en 2008. Cette loi devait entrer en vigueur en janvier 2010, sauf que les décrets d’application n’ont jamais vu le jour. Notre objectif est d’inciter le gouvernement à sortir les décrets d’application relatifs à l’interdiction de fumer dans les lieux publics et la publicité sur le tabac, dans les plus brefs délais. Pourquoi, selon vous, le gouvernement Benkirane n’a pas activé cette loi, vieille de près de 20 ans? Mohammed Ennahili: Je me demande si le gouvernement Benkirane a le courage de faire face aux lobbies qui empêchent l’application de la loi anti-tabac. Quand le PJD était dans l’opposition, il n’a eu de cesse de s’interroger sur les raisons du retard des décrets d’application. Mais depuis qu’il est au pouvoir, on n’a jamais senti une volonté politique de changer le statu quo. Ce qui veut dire que le gouvernement Benkirane n’a pas vraiment la force d’affronter les poches de résistance au changement. Et pourtant, il s’agit d’un danger sur la santé publique. Le ministère de la Santé a démontré, statistiques à l’appui, qu’un homme sur trois a une addiction au tabac, que l’âge de 60% des fumeurs oscille entre 20 et 39 ans et que 41,7% de la population sont des fumeurs passifs. Le comble, c’est qu’on voit même des fumeurs au sein des hôpitaux et des cliniques. Une marche, seule, suffira-t-elle à pousser le gouvernement à sortir les décrets d’application? Mohammed Ennahili: Nous sommes conscients que la marche, seule, n’est pas suffisante pour pousser le gouvernement à l’application de la loi. C’est une première action, parmi d’autres, visant à briser le mur du silence. Notre organisation prépare actuellement une stratégie de communication pour véhiculer des messages clairs aux jeunes sur les dangers du tabagisme, surtout les non-fumeurs d’entre eux. Nous allons aussi créer une Union nationale pour la défense des droits des fumeurs passifs pour inciter le gouvernement à décréter une hausse d’impôts contre les industriels du tabac. Nous espérons que la participation à cette marche sera importante pour prouver que les Marocains sont unis pour contrer le lobbying de l’industrie du tabac |
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