Rapport présenté par Christine Lobè Wondjè pour Médecins pour un Canada sans fumée » en Mars 2006.
Bilan sur le tabagisme au
Cameroun
Rapport présenté
Par
Christine Lobè Wondjè
Pour
« Médecins pour un Canada sans fumée »
Mars 2006
Introduction
Le tabagisme est un fléau mondial à l’origine de plusieurs millions de décès par année dans le monde. Plusieurs pays industrialisés dont le Canada ont décidé de mener une lutte acharnée contre le tabagisme qui nuit progressivement et gravement à la santé des individus. Considérant que dans quelques années, la moitié des victimes du tabagisme se trouveront dans les pays en voies de développement ; et considérant que les pays industrialisés possèdent une expertise dans la prévention des méfaits du tabagisme, une coopération entre ces deux partie s’avère très utile.
C’est dans cette optique que l’ONG canadienne « Médecins pour un Canada sans fumée » a entrepris de nous confier la tâche d’établir un portrait du tabagisme dans un pays du continent africain, le Cameroun. Cette démarche a pour but de mettre en lumière les besoins en matière de lutte antitabac dans ce pays et de cerner la nature d’une coopération éventuelle.
Après une démarche exploratrice sur le terrain et auprès des acteurs clés, nous avons réussi à établir un bilan des activités de promotion antitabac au Cameroun. À la lumière de ce bilan, nous avons exprimé quelques recommandations pouvant contribuer à l’amélioration de la situation.
I- Le tabagisme : un
fléau mondial
On enregistre actuellement près de 650 millions de fumeurs à travers le monde. Selon l’OMS, le tabagisme est la seconde cause de mortalité dans le monde. Il est responsable de 5 millions de décès par année dans le monde ; un fumeur sur deux connaîtra une mort prématurée. D’ici 2020, on estime à 10 millions le nombre de victimes du tabagisme, dont 5 millions pour les pays en voie de développement.
La fumée de tabac contient au-delà de 4 700 substances chimiques parmi lesquelles 50 sont reconnues cancérogènes. La consommation du tabac est par conséquent la cause de plusieurs méfaits pour la santé dont les cancers (poumons, œsophage, larynx, cavité buccale, etc.), les maladies cardiovasculaires, les maladies pulmonaires obstructives chroniques. La santé des non-fumeurs est également affectée par la fumée du tabac présente dans l’air ambiant ; les plus à risque sont les femmes enceintes, les enfants et les personnes souffrant de maladies respiratoires.
La consommation du tabac génèrent des pertes économiques énormes. On parle ici des coûts de santé et des coûts engendrés par la perte de productivité suite à la mort prématurée ou à la maladie. Considérant que le tabagisme est une cause de mortalité évitable, il est possible de réduire ces pertes en adoptant un certain nombre de mesures. C’est dans ce sens qu’a été élaborée la Convention-Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT).
II- La Convention-Cadre de
l’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT)
En 2003, il a été élaboré la Convention-Cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). L’objectif de la CCLAT est de « protéger les générations présentes et futures des effets sanitaires, sociaux, environnementaux et économiques dévastateurs de la consommation de tabac et de l’exposition à la fumée du tabac en offrant un cadre pour la mise en œuvre de mesures de lutte antitabac par les Parties aux niveaux national, régional et international, en vue de réduire régulièrement et notablement la prévalence du tabagisme et l’exposition à la fumée du tabac. »
Dans l’optique de protéger la santé des individus contre l’exposition à la fumée de tabac, les Parties signataires de la convention s’engagent ainsi à mettre en œuvre un certain nombre de mesures dont :
- Informer la population sur les conséquences du tabac pour le santé, la dépendance liée à la consommation du tabac et de l’exposition à sa fumée (éducation et sensibilisation du public).
- Réduire la demande de tabac (mesures financières et fiscales; réglementation de la composition des produits de tabac ; conditionnement et étiquetage des produits de tabac; interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage en faveur des produits du tabac).
- Réduire l’offre de tabac (élimination du commerce illicite des produits du tabac, interdiction de vente aux mineurs et par les mineurs).
- Développer et promouvoir la recherche nationale, et coordonner des programmes de recherche aux niveaux régional et international dans le domaine de la lutte antitabac.
La convention met aussi l’accent sur la coopération. Les parties ont l’obligation de coopérer avec les organismes intergouvernementaux internationaux et régionaux afin de remplir les objectifs de la convention. On parle d’une coopération sur le plan financier, des recherches scientifiques, d’échanges d’informations et des ressources humaines compétentes pour la lutte antitabac.
III- La politique antitabac au Cameroun
Historiquement,
le contrôle du tabagisme a été encadré par un faible nombre de mesures
gouvernementales. Ainsi, l’usage du tabac était uniquement régit par la
décision ministérielle N0 0222/D/MSP/SG/DMPHP du 8 novembre 1988,
interdisant la consommation du tabac dans l’enceinte des institutions et
formations relevant du Ministère de la Santé Publique. Il s’agit ici des locaux
abritant les services centraux et extérieurs du Ministère de la Santé Publique,
des formations hospitaliers et sanitaires du secteur public, des écoles
publiques de formation des personnels sanitaires. Par ailleurs, la consommation
du tabac est restreinte mais non interdite dans les édifices gouvernementaux et
les établissements scolaires.
Une
correspondance du ministère d’État chargé de la Communication, datée du 3 juin
1996 est en faveur de l’utilisation des médias d’État dans la lutte contre le
tabagisme et l’alcoolisme. Sur une entente volontaire, la publicité des
produits du tabac est bannie dans tous les médias ciblant les jeunes et le
nombre de messages publicitaires à la radio, dans la presse et au cinéma est
restreint.
Un
arrêté conjoint du Ministère d’État chargé du développement industrielle et
commercial et du Ministère de la Santé Publique en date du 8 juin 1999 ordonne
de marquer obligatoirement tous le paquets, boîtes et coffrets des produits de
tabac débités au Cameroun de la mention : « Message du Ministère de la
Santé Publique : consommer le tabac peut nuire à votre santé ».
L’article 70 du décret
présidentiel numéro 2002/209 du 19 août 2002 portant organisation du Ministère
de la Santé Publique, indique la création d’une sous direction de la prévention
et de l’action communautaire qui comprend entre autre le Service de Lutte
contre l’Alcoolisme et le Tabagisme. Ce service est chargé de la
définition et de la mise en œuvre des stratégies et des plans d’action pour la
lutte contre l’alcoolisme et le tabagisme; de l’élaboration de la législation
et de la réglementation sur l’alcoolisme et le tabagisme; de la promotion de la
création des centres de cure et de prise en charge des alcooliques et des
tabagiques; de la définition et de la mise en œuvre des stratégies de
réhabilitation des alcooliques et des tabagiques.
Une autre décision
ministérielle numéro 11180/D/MSP/SG/DPS du 28 mai 2004 portait sur la création
et la mise en place du groupe d’experts sur le tabagisme ayant pour mission de
mener des réflexions et des études sur le tabagisme et ses conséquences pour la
santé publique.
Le 27 juillet 2005,
l’assemblée Nationale a délibéré et adopté la loi numéro 2005/005 autorisant le
président de la république à ratifier la Convention-cadre de l’organisation de
la santé pour la lutte antitabac. Le 31 octobre 2005, la ratification est
acceptée par le président de la république. Le Cameroun ratifie officiellement
la Convention-cadre le 3 février 2006. À cette date, aucune stratégie de mise
en application du CCLAT n’a été établit par le gouvernement.
IV- Le tabac et l’économie au Cameroun
La culture du tabac est présente au Cameroun depuis 1907.
Le tabac est cultivé dans plusieurs départements du territoire, sur une
superficie de 3400 hectares, représentant 0,04 % des terres agricoles
cultivables. En 2000, le Cameroun a produit 2000 tonnes de feuilles de tabac
dont 90 sont destinés à l’exportation[1].
En 1985, la consommation
annuelle par capita était de 652 bâtons de cigarette, pour un total annuel de
2291 millions de cigarettes consommées par la population[2].
Depuis lors, les chiffres doivent avoir grimpés si on considère que la
prévalence du tabagisme est en augmentation dans la plupart des pays africains.
Au Cameroun, l’industrie du tabac est dominée par la société d’état SITABAC
(Société Industrielle des Tabacs du Cameroun) avec 64% des parts du marché, et
par BAT (British American Tobacco) avec 31%. Les cigarettes locales sont
beaucoup plus consommées que aux cigarettes importées; certainement à cause de
leur bas prix.
La
cigarette est considérée comme un produit alimentaire accessible à un grand
nombre de la population camerounaise. En 2000, dans les deux grandes villes,
Douala et Yaoundé, le prix moyen d’un paquet de 20 cigarettes était
respectivement de 275 et 285 FCFA[3]
pour les cigarettes locales et de 675 et 585 FCFA pour les cigarettes
importées. Toujours dans les deux villes respectives, les dépenses ménagères en
2000 pour les cigarettes locales étaient de 1 371 308 560 et
966 920 629 FCFA, contre 259 641 500 et
306 800 995 FCFA pour les cigarettes importées[4].
Il faut noter que les cigarettes sont taxées à 30 % de leur valeur marchande.
L’industrie
du tabac utilise plusieurs stratégies publicitaires pour faire connaître
son produit. Ainsi, le public a droit
aux grands panneaux publicitaires en bordures des routes à travers le pays, aux
automobiles de promotions avec haut-parleurs, aux parasols et caisses pour les
petits revendeurs, aux jeux-concours pour les jeunes, au sponsoring des
évènements culturels et sportifs, aux annonces dans la presse écrite, et à tout
sorte de gadgets aux effigies des marques de cigarettes (stylos, tabliers,
parapluies, cendriers, protes-clés, etc.).
V- La prévalence du
tabagisme au Cameroun
Le Cameroun est un pays de l’Afrique
central de plus de 16 millions d’habitants. Selon les données de l’OMS, la
prévalence du tabagisme était de 35,7% chez les adultes en 1994[5].
Aucune donnée n’est enregistrée pour le tabagisme chez les jeunes. Ceci est la
donnée la plus fiable sur la prévalence du tabagisme au Cameroun; d’autres
données n’étant pas disponibles.
Cependant selon certaines données non officielles, on estime à 15% la prévalence du tabagisme chez les moins de 15 ans. Selon un groupe d’experts camerounais en tabagisme, 20 à 25% des personnels de la santé sont des fumeurs actifs.
IV- Le bilan des activités des ONG et Associations nationales dans la lutte antitabac
Très peu d’organismes non gouvernementaux et associations œuvrent pour la lutte antitabac au Cameroun. Lors de notre mission, nous en avons identifier trois qui œuvre sur le terrain: le Mouvement national des consommateurs (MNC), l’ONG Life, et l’Association pour la lutte contre la toxicomanie et maladies mentales (LUTOMA).
Le Mouvement National des Consommateurs
(MNC)
Le mouvement des consommateurs (MNC) est né en 1990 mais a acquis le statut d’ONG en 2005. Le MNC représente les intérêts de la société civile au sein du Conseil de Régulation et de Compétitivité (CRC) présidé par le Premier Ministre, chef du Gouvernement. Il représente également les intérêts de la société civile camerounaise au sein de plusieurs autres comités et commissions étatiques dans divers départements ministériels, notamment au Ministère du Commerce et au Ministère de l’Industrie.
Le MNC défend les droits des consommateurs camerounais et par conséquent ceux des consommateurs des produits du tabac. Dans le cadre de notre mission, nous nous entretenus avec messieurs Georges Mandeng Likeng et Jean-Jacques Ngouang membres du MNC qui nous ont exposés les différentes activités de leur ONG dans le cadre de la lutte antitabac.
Les principales réalisations et activités du MNC, sont résumées comme suite :
- le MNC a pris part à la 2ème et 4ème sessions intergouvernementales de négociations pour l’adoption de la CCLAT qui ont eu lieu à Genève, aux côtés d’autres acteurs internationaux de la société civile mobilisés par le FCA (Framework Convention Alliance),
- Le MNC a pris activement part à la 1ère conférence africaine tenue à Bamako (Mali) en novembre 2002, laquelle a abouti à la création de l’Observatoire de Lutte contre le Tabagisme en Afrique (OTAF).
- Le MNC siège dans les structures dirigeantes de l’OTAF en qualité de Conseiller au sein de l’organe exécutif.
- Le MNC a pris une part active à la conférence des experts Euro-Afrique à Cotonou (Bénin) en décembre 2002 sur le thème : « la Crise Croissante de l’Épidémie du tabac en Afrique ».
- Le MNC a effectué un plaidoyer et un lobbying assidus pour la signature et la ratification de la Convention de Lutte Anti-tabac, lesquels ont abouti à la signature et la ratification par le Gouvernement Camerounais de la CCLAT le 31 octobre 2005.
Au plan national, le mouvement national des consommateurs
enregistre également des réalisations sur le terrain que sont entre
autres :
- La participation active à la journée
mondiale sans tabac : campagnes d’affichage, distribution de prospectus
dans les lieux publics, émissions radio dans les 2 langues officielles du pays
et en langues locales, organisation de jeux concours impliquant d’anciens
fumeurs…).
- Tous les ans, au mois de décembre, organisation d’une table ronde sur la toxicomanie et les drogues avec la participation active, selon les thèmes choisis, des étudiants, des sans-emploi, des femmes, des planteurs de tabac, des communicateurs, etc.
- A la fin du 2ème trimestre de
chaque année scolaire, le MNC choisit des élèves de 5 écoles et lycées ciblés
dans une grande localité du Cameroun, afin d’aller sensibiliser les jeunes aux
méfaits du tabac.
- Tous les ans, au mois de septembre tous les ans, le MNC vient en appui au Comité National de Lutte Antitabac dans le cadre d’une campagne destinée à faire prendre conscience aux professionnels de la santé de leur grande responsabilité dans la lutte antitabac.
L’ONG LIFE
LIFE est une jeune ONG, axé sur la lutte antitabac auprès des jeunes camerounais. Sa présidente, Mme Mbouangouore Susie De Larosière est une militante très active et se bat pour la reconnaissance de son organisme. Les activités de LIFE sont excessivement restreintes, dû au manque de moyens financiers. Ainsi :
- LIFE participe aux activités de sensibilisation des jeunes en milieux scolaires lors de la journée mondiale sans tabac.
- Intervient dans les forums de discussions regroupant les acteurs impliqués dans lutte antitabac.
L’association pour la Lutte
contre la Toxicomanie et les Maladies mentales (LUTOMA)
Il nous a été impossible de nous entretenir avec les responsables de la LUTOMA. Cependant nous savons qu’en 2004, elle a mené une étude sur le comportement des jeunes de la ville de Douala face au tabac, avec le soutien de l’OMS. La LUTOMA gère également un centre d’écoute et d’accompagnement auprès des consommateurs de tabac et d’alcool.
VII- Le bilan des
activités du gouvernement camerounais dans la lutte antitabac
Les activités de lutte antitabac du gouvernement camerounais se limitent principalement au Ministère de la Santé publique et les organismes qu’il chapeaute.
Le Ministère de la Santé
Publique
Nous avons eu un entretien avec le Dr Dipoko Dibotto Emmanuel Richard, Sous-directeur de la prévention et de l’action communautaire du ministère de la santé. Ce dernier nous a fait comprendre que, contrairement à l’opinion publique, le ministère est très avancé dans son programme de la lutte antitabac. Cependant, il nous est impossible de prendre connaissances de ses activités gouvernementales sans une autorisation officielle du ministre responsable. À titre d’exemple, le Dr Dipoko nous a fait part de l’existence d’une étude de prévalence du tabagisme au Cameroun faite en 2003, présentant des données fiables, mais qui est non publique suite à un embargo ministériel. Considérant l’apport de ces données sur l’avancement de la lutte antitabac au Cameroun, le Dr Dipoko a sollicité l’appui de l’ONG Médecins pour un Canada sans fumée auprès du ministre de la santé publique afin de lever l’embargo. Médecins pour un Canada sans fumée n’a pas hésité à répondre à cet appel en engageant une démarche officielle auprès du Ministre de la Santé Publique. Trois mois après, le ministère n’a toujours pas donné suite à cette démarche. Par conséquent, nous n’avons pas pu obtenir les résultats de l’étude de prévalence afin de les incorporer dans le présent rapport.
Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, les actions du ministère en matière de politique de lutte antitabac consiste en :
- La mise en place d’une sous direction de la prévention et de l’action communautaire qui
comprend entre autre le Service de Lutte contre l’Alcoolisme et le Tabagisme.
Ce service est chargé de la définition et de la mise en œuvre des
stratégies et des plans d’action pour la lutte contre l’alcoolisme et le
tabagisme; de l’élaboration de la législation et de la réglementation sur
l’alcoolisme et le tabagisme; de la promotion de la création des centres de
cure et de prise en charge des alcooliques et des tabagiques; de la définition
et de la mise en œuvre des stratégies de réhabilitation des alcooliques et des
tabagiques.
- La création d’un
groupe d’experts sur le tabagisme ayant pour mission de mener des réflexions et
des études sur le tabagisme et ses conséquences pour la santé publique.
Il serait intéressant de
noter que certaines des actions dont il est question ci-dessus ne sont toujours
pas mises en applications par le gouvernement. Ainsi, nous n’avons pas eu
connaissance de l’existence des centres de cures et de prise en charge des
fumeurs ni des stratégies de leur réhabilitation.
Le Comité national de Lutte
contre la Drogue (CNLD)
Le Comité National de Lutte contre la Drogue (CNLD) a été crée en 1992 par décret du Premier Ministre. Il a pour mission la coordination de tous les problèmes relatifs au trafic illicite des stupéfiants et à l’abus des drogues, dans les domaines de la prévention, de la répression, du traitement, de la réadaptation et de la coopération.
Nous nous sommes entretenus avec le Dr Flore Ndembiyembe, Secrétaire permanent du CNLD. Les activités du CNLD dans la lutte antitabac se limitent principalement à l’organisation des séminaires et à la promotion antitabac lors de la journée mondiale sans tabac.
Le centre « La
Vie »
Situé dans les locaux de l’hôpital Central de Yaoundé, le centre « La Vie » est un lieu d’information sur le tabac, l’alcool et la drogue ; et de formation à la prévention des toxicomanies. Le centre met à la disposition du public de la documentation sur la problématique du tabagisme (livres, études, enquêtes, vidéo, pamphlets).
En collaboration avec le CNLD, le centre soutient des activités qui se concentrent principalement dans la ville de Yaoundé, la capitale nationale :
- Organise des conférences et des séminaires de formation sur la lutte contre la toxicomanie.
- Soutient les ONG impliquées dans la lutte contre la toxicomanie.
- Prend en charge les toxicomanes et leurs familles.
- Organise des activités de prévention dans les milieux scolaires : 24 jeunes leaders des établissements scolaires privés et publics de la ville de Yaoundé animent une série de séminaires sur les drogues, le tabac et l’alcool, spécialement lors de la journée mondiale sans tabac.
- Édite des tracs d’information sur les méfaits du tabac.
L’Institut National de la Statistique
(INS)
Au centre de documentation de l’Institut National de la Statistique, nous avons été confrontés au manque de données fiables et récentes sur l’état du tabagisme au Cameroun. Une fois de plus le personnel nous a renvoyé au Ministère de la Santé Publique qui, selon lui, détient toutes les données statistiques.
VIII- Le bilan des
activités des agences internationales non-gouvernementales
La Croix Rouge
Nous nous sommes entretenus avec un participant aux activités de la Croix-Rouge, le Dr Vincent Kouo Ngamby, Omnipraticien. Ce dernier nous a informés que la lutte contre le tabagisme n’est pas encore une priorité pour la Croix Rouge camerounaise. Nous avons eu droit au même discourt au siège nationale de la Croix Rouge Camerounaise. Aucune activité de lutte antitabac n’est donc organisée par cet organisme.
L’OMS
Toute initiative de l’OMS prise en faveur de la lutte antitabac au Cameroun l’est en collaboration avec le Ministère de la Santé Publique. La direction de l’OMS nous a donc renvoyé au Ministère pour avoir plus de détails sur les activités de promotion antitabac.
Telles sont les principales unités impliquées dans la lutte antitabac au Cameroun. Les autres organes (sociétés, agences internationales non-gouvernementales, agences intergouvernementaux, hôpitaux, restauration, hôtellerie et autres) semblent s’impliqués dans d’autres problématiques que le tabagisme. La promotion antitabac reste donc une activité marginale au Cameroun.
IX- L’avenir de la lutte antitabac au Cameroun
Par l’observation du paysage, tout individu averti peut se faire une idée de l’état de la lutte antitabac au Cameroun. En effet, les pancartes publicitaires des marques de cigarettes sont présentes dans tous les axes routiers principaux des deux villes importantes du pays. Sur ces pancartes et sur les paquets de cigarette, est inscrit un message pas très convainquant, qui met les consommateurs en garde contre les dangers de la fumée de cigarette : « Consommer le tabac peut nuire à votre santé ». Mis à part les locaux et édifices en lien avec le ministère de la santé publique, Il n’y a aucune interdiction de fumer dans les autres lieux publics. Voilà à quoi se résument les initiatives de lutte antitabac au Cameroun. Toutefois, une lueur d’espoir pour l’avancement de la cause viendrait de la récente ratification de la Convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac par le gouvernement camerounais.
En conclusion à ce bref rapport, nous voudrions mentionner les besoins exprimés par les acteurs oeuvrant pour la lutte antitabac au Cameroun, et aussi émettre quelques recommandations qui pourraient contribuer à améliorer la lutte.
Les besoins des acteurs
Les besoins des acteurs oeuvrant pour la lutte tabagisme visent avant tout le renforcement de leurs capacités opérationnelles en matière de la lutte antitabac. Ils se résument aux activités de formation et à l’acquisition du matériel technique.
- Formation continue
- Participation à des conférences, forums, séminaires nationaux et internationaux axés sur la lutte contre le tabagisme.
- Mission d’études et d’imprégnation dans les pays en avance dans la lutte antitabac, afin de profiter de leurs expériences et expertise.
- Accueil d’Experts : échanges d’informations et d’expériences.
- Accès facile à un fond documentaire sur la problématique du tabagisme : études scientifiques, enquêtes, revues, journaux, documents de l’industrie du tabac, etc.…
- Matériel
d’appui didactique
- Affiches de promotion
- Tracs d’information
- Annonces dans les médias
- Installations des centres d’écoutes indépendants
- Matériel informatique (Ordinateurs, Internet, vidéo-projecteur, imprimantes)
- Véhicules de mission
Les suggestions pour
améliorer la lutte antitabac au Cameroun
- La conception d’un plan d’action efficace pour amener les instances gouvernementales à la mise en application des mesures contenues dans la Convention Cadre de lutte Antitabac (CCLAT).
- L’exercice du lobbying auprès du gouvernement pour adopter des politiques antitabac (interdiction de vente de cigarettes au jeunes, interdiction de fumer dans les lieux publics, mises en gardes sur les paquets de cigarettes) et contrer les activités de l’industrie du tabac. En effet, le tabagisme est loin de faire parti des priorités du gouvernement camerounais ; d’autres causes tels que le VIH/Sida et le paludisme grugent toutes ressources disponibles en matière de promotion de la santé.
- La mise sur pieds d’une enquête de prévalence du tabagisme et d’une étude du comportement des fumeurs sur le plan national. Le manque de données fiables sur la consommation du tabac est une lacune importante et un frein à toute recherche dans le domaine.
- La formation des éducateurs (instituteurs, professeurs, etc.) afin de servir d’exemple et de mieux sensibiliser la jeunesse qui est une cible de l’industrie du tabac.
- La formation des professionnels de la santé, des travailleurs sociaux, des professionnels de la communication et des leaders d’opinion qui ont une influence certaine sur le grand public.
- Le mise sur pieds de grandes campagnes médiatiques dans le but de sensibiliser le public sur les méfaits du tabac. Au Cameroun, la majorité des fumeurs et des non-fumeurs ignorent les conséquences de la fumée de cigarette sur la santé.
- Le soutien des ONG impliquées dans la lutte antitabac afin de leur permettre de concevoir des actions permanentes et efficaces sur le terrain. Faute de ressources financières, les ONG se voit très souvent obliger de concentrer leurs interventions à la journée mondiale sans tabac ou tout simplement de les annuler.
Notes de l’auteur
Nous tenons à préciser que ce
rapport n’est qu’une exploration. Plusieurs informations y sont manquantes.
C’est le cas entre autre de la description du système de distribution des
produits de tabac et de la structure de la contrebande, d’un portrait plus
détaillé des comportements des fumeurs, des données de prévalence du tabagisme,
etc. Cette lacune est due à la difficulté d’obtenir des données pertinentes dans
un pays où très peu de documentations sont à la disposition du public. En effet, avoir accès à des données
officielles ou obtenir des entretiens avec des responsables est tout un
exploit, surtout lorsqu’on ne traîne aucune réputation populaire avec soi. Il a
donc fallu presque toujours solliciter l’aide des relations ou dans le cas
contraire, se contenter de peu qu’on veut bien mettre à notre disposition. Nous
tenons également à souligner la grande collaboration de l’ONG le Mouvement
National des Consommateurs (MNC).
X-
Annexe1 : Tableau des rencontres
Date |
Organisme |
Personnes ressources |
Coordonnées |
Remarques |
27-10-05 |
Délégation du ministère de la santé publique au
Littoral |
Secrétariat |
|
Renvoi à Yaoundé |
04-11-2005 |
Comité national de lutte contre la drogue |
Dr Flore Ndembiyembe, Secrétaire permanent |
Ministère de la santé publique, B.P 12415 Yaoundé (237)223 12 84 |
|
04-11-2005 |
Mouvement national des consommateurs |
MM. Georges Mandeng Likeng et Jean-Jacques Ngouang |
B.P 13555 Yaoundé (237)778 95 58 B.P 652 Yaoundé (237)985 71 95 |
|
04-11-2005 |
Centre « la vie » |
Le documentaliste |
Hôpital central de Yaoundé (237) 229 40 20 poste 4133 |
|
9-11-2005 |
Association pour la lutte contre la toxicomanie et
les maladies mentales (LUTOMA) |
Fodzo Léo |
B.P 11111 Douala (237)342 52 37 |
Pas de réponse |
13-11-2005 |
La Croix rouge- Division du Littoral |
Dr Vincent
Kouo Ngamby, Omnipraticien |
B.P 4773 (237)342-55-06 |
RAS |
13-11-2005 |
Hôpital Laquintinie (hôpital publique) |
Dr Marquise Kouo Ngamby |
Hôpital Laquintinie, Akwa-Douala |
RAS |
30-11-2005 |
Institut Pasteur |
|
Yaoundé |
RAS |
30-11-2005 |
Croix Rouge camerounaise |
Direction générale |
Yaoundé |
RAS |
1-12-2005 |
OMS |
Centre de documentation |
Yaoundé |
Renvoi au ministère de la santé |
1-12-2005 |
Institut national de la statistique |
Centre de documentation |
Yaoundé |
|
1-12-2005 |
Ministère de la santé publique |
Dr Dipoko Dibotto Emmanuel Richard, Sous Directeur
de la prévention et de l’action communautaire |
B.P 2907 Messa Yaoundé (237) 956-66-43 |
|
1-12-2005 |
ONG Life |
Mbouangouore Susie De Larosière |
S/C EEC-Briqueterie II B.P 400 Yaoundé (237) 956-65-54 larosiè[email protected] |
|
2-12-2005 |
Mouvement national des consommateurs |
|
|
2ème rencontre |
[1] Shafey, O., Dolwick, S., Guidon, G.E. Tobacco control country profiles, second edition
2003. The 12th world conference on Tobacco or health.
www.who.org
[2] Shafey, O., Dolwick, S., Guidon, G.E. Tobacco control country profiles, second edition
2003. The 12th world conference on Tobacco or health.
www.who.org
[3] 1$ CAD= 460 FCFA
[4] Direction de
la statistique et de la comptabilité nationale (DSCN), Enquête sur les dépenses des ménages à Yaoundé et Douala, Ministère
de l’économie et des finances, Décembre 2001.
[5] Shafey, O., Dolwick, S., Guidon, G.E. Tobacco control country profiles, second edition
2003. The 12th world conference on Tobacco or health.
www.who.org
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