Extrait du blog de Pascal Bogui (janvier 2007)
L’industrie du tabac a réalisé un chiffre d’affaire annuel d’environ 60 millions de francs au cours des trois dernières années. Cette industrie n’emploie directement que 300 personnes représentant moins de 0,5% des emplois du secteur industriel ivoirien.
Le moins que l’on puisse dire est que l’industrie du tabac fait de gros bénéfices mais en revanche n’est pas un gros employeur. Par contre, cette activité industrielle constitue une source importante de financement des Pouvoirs Publics, puisque l’Etat récupère au moins 10 à 15 milliards de francs cfa par an par le biais des diverses taxes sur les produits du tabac.
L’une des caractéristiques majeure de la situation tabagique au plan économique est la forte accessibilité économique des cigarettes pour la population, en raison de leur prix modique : un paquet de 20 cigarettes peut être acquis pour une somme de 600 frs cfa, soit un peu moins de 1 euro. De plus et surtout, la vente se fait le plus souvent à l’unité, c'est-à-dire au bâton de cigarette dont le prix plancher est d’environ 35 francs cfa.
Evidemment, il est facile d’imaginer dans un tel dispositif la difficulté pour l’Etat de contrôler la quantité de cigarettes vendues, ce qui facilite bien entendu la contrebande. Cette situation est, je pense, commune à la plupart des pays sur le continent africain.
Pour évaluer la réponse des consommateurs aux variations du prix du tabac, les économistes déterminent un indice appelé élasticité. En Côte d’Ivoire, l’évaluation de l’élasticité de la demande de cigarettes par rapport au prix réel de détail sur la période 1995-1998 était égale à 0,9%. Ce résultat signifiait qu’une augmentation du prix réel de détail de 10 % se traduit par une baisse de la demande de cigarettes de 9 %. Cette élasticité de la demande indique que l’augmentation des taxes sur le prix de vente des cigarettes serait un moyen efficace pour freiner la consommation des produits du tabac.
De ce qui précède, en terme de politique de lutte contre le tabagisme, le gouvernement a intérêt à augmenter les taxes sur le tabac pour décourager la consommation du produit. Aussi, gagnerait-il à lutter contre la contrebande qui non seulement lui fait perdre des recettes mais augmente également ces dépenses en terme de coûts médicaux associés à la consommation du tabac.
Au plan
économique : la Côte d’Ivoire est un pays producteur et exportateur
de tabac. Les informations relatives à la production et à la commercialisation
des produits du tabac ne sont pas facilement accessibles.
Toutefois,
des recoupements indiquent que la production locale de tabac, par défaut
probablement délibéré d’organisation et d’encadrement efficient
de la part de l’industrie du tabac qui en avait initialement la charge,
est insuffisante pour couvrir les besoins de fabrication des produits
du tabac.
La superficie
cultivable consacrée à la culture du tabac est faible. Elle ne représente
que 0,28% de la surface cultivable totale du pays. Le paysan producteur
de tabac ne peut pas vivre de cette activité qui lui rapportait en moyenne
1200 frs cfa par mois entre 1990 et 1997.
Cette production locale
insuffisante donne le prétexte économique à l’importation
de feuilles de tabac avec son corollaire de sortie de devises. Une part
importante des produits industriels de tabac, estimée à au moins à la
moitié de ceux manufacturés en Côte d’Ivoire, est exportée vers
les pays limitrophes.
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