Ayant invité les défenseurs de la vape à adhérer au CNCT, Philippe Poirson m'a proposé un entretien publié sur son blog Vapolitique et j'en extrais cette question:
Q- Les statuts du CNCT, si ceux que j'ai pu consulter sont toujours actuels, contiennent des clauses de refus d'adhésion. Ne penses-tu pas que les cadres du CNCT vont simplement bloquer les adhésions pour conserver leur pouvoir sans contestation ni débat ?
PB: Les statuts révisés en 2008 (pdf), communiqués par la Préfecture de Paris (service des associations reconnues d'utilité publique) indiquent dans leur article 3 que "Pour être membre il faut être agréé par le conseil d'administration". Le réglement intérieur (pdf) entre dans plus de détails: "le CA n'a pas à justifier sa décision, ce principe de non justification des décisions est permanent, le CA pourra en cas de besoin, former une commission d'examen des candidatures, le CA reste souverain dans la décision finale."
Tout cela ne signifie pas qu'un blocage systématique par le CA d'un nombre important d'adhésions (combien? 100, 200, 500?) soit facile à mettre en oeuvre. C'est facile de dire qu'on peut refuser sans avoir à justifier mais comment explique-t-on ça au public?
Comment explique-t-on qu'on a disons 200 adhérents mais qu'à partir de telle date, sans autre prétexte que le pouvoir souverain du CA, on refuse d'enregistrer 100, 200, 500 nouvelles adhésions? Ou on accepte celle là mais pas celle-ci? Comment refuse-t-on l'adhésion de 'personnalités', par exemple des professionnels de santé comme ceux qui ont signé les pétitions en faveur de la cigarette électronique au fil des ans (120 pour la récente pétition lancée par la SOVAPE)?
Comment conserver crédibilité et légitimité dans un tel cas de figure? Est-on bien sûr que l'ensemble des membres du CA accepteront cette discrimination? Certains décideront-ils de s'en aller s'ils ne sont pas d'accord? Bref, la clause de discrimination arbitraire existe mais son application ne me paraît pas évidente si le nombre d'adhésions est suffisamment important et toute l'affaire publique.
Je crois qu'il faut aussi aller un peu plus loin dans l'analyse de ces clauses d'exclusion. D'abord je me demande dans quel contexte elles ont été ajoutées en 2008 aux statuts initiaux qui n'en faisaient nulle mention. Qu'est-ce-qui à l'époque avait pu faire craindre un afflux d'adhésions non désirées?
Ensuite, même si ces clauses sont légales, il convient de s'interroger sur leur signification et leur impact, ce qui motivait le titre de ce billet: à qui appartient le CNCT? à qui devrait-il appartenir? Alors que l'on parle d'un Comité National, il semble que la capacité de refus d'adhésion sans justification transforme ce Comité dit National en un petit club contrôlé arbitrairement par les quelques personnes déjà en place. L'adjectif national donne l'impression d'une large ouverture alors qu'en réalité on se retrouve en présence d'un petit groupe qui s'auto recruterait. Dans ce contexte, que reste-t-il comme légitimité pour revendiquer une représentativité autre que celle conservée à l'ancienneté par un tout petit nombre de personnes? une représentativité toute limitée, en rien 'nationale', qui si elle prétendait perdurer en bloquant systématiquement de nouvelles adhésions, justifierait la création d'une nouvelle association, par exemple une Coordination Nationale Contre le Tabagisme, qui elle, serait largement ouverte et compterait rapidement, je crois, bien plus d'adhérents que le CNCT d'origine. Qui vivra verra?
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