Il s'agit d'une tribune publiée dans Le Monde, le 28 novembre, signée par 28 professionnels de santé, dont le texte est réservé aux abonnés. C'est une version très proche de la tribune publiée le 3 novembre dans L'opinion. Je ne peux que suggérer à ces 28 signataires de proposer leur adhésion au CNCT: coût 20 Euros. S'ils sont acceptés, ils pourront porter au sein du CNCT qui y demeure hostile, la voix de la réduction des risques. Evidemment, toutes les entreprises indépendantes de la filière vape qui employent des milliers de salariés et servent des millions de vapoteurs pourraient aussi leur suggérer d'adhérer au CNCT. Cela aurait-il plus d'impact que les 75,000 soutiens déjà rassemblés en faveur de la vape? Chiche? Je voudrais aussi ajouter qu'il y a dix ans, dans un appel publié le 15 novembre 2013 dans le Parisien, 100 médecins avaient soutenu l'usage de la cigarette électronique, puis 120 en 2015 dans Le Figaro, et en octobre 2021, 120 signataires de l'appel de la SOVAPE. Avec quel effet? Pourquoi toutes ces initiatives n'ont-elles aucune traction? Qui trouve-t-on de l'autre côté? Une poignée de médecins et le CNCT dont l'influence s'avère depuis des années dominante, négative et quasi-exclusive auprès des pouvoirs publics, malgré leur infime représentativité (moins de 400 adhérents?). Comment est-ce possible? Pourquoi demander l'adhésion au CNCT est-elle taboue pour les partisans de la vape et de la rdr? Y-a-t-il quelqu'un pour me l'expliquer?
NB: selon l'article 5 des statuts du CNCT, le Conseil d'Administration de 24 membres est renouvelable par tiers tous les deux ans : 8 sièges devraient donc être soumis au vote de l'assemblée générale des adhérents au printemps 2024, le précédent renouvellement ayant eu lieu en 2022. Combien de vapoteurs y seront pour voter? Lire aussi ce billet.
Tabagisme : « Il faut avancer sur la voie de la réduction des risques »
Alors que les politiques publiques semblent perdre en efficacité avec le temps, des spécialistes des addictions appellent, dans une tribune au « Monde », à tenter une nouvelle stratégie d’accompagnement des fumeurs.
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Les conduites addictives nous concernent tous. Elles ont un impact significatif sur la santé publique et engendrent la dégradation de la qualité de vie ainsi que de graves handicaps familiaux, sociaux et professionnels. L’alcool est responsable de 49 000 décès par an en France, et la cigarette est à l’origine de 75 000 morts. C’est pour cela que se tient, depuis le 1er novembre, la 8e édition du Mois sans tabac. Cet accompagnement est primordial, car arrêter de fumer pendant un mois multiplie par cinq les chances de sortir de la cigarette.
Pourtant, si Santé publique France rappelle que 1,2 million de personnes ont participé à l’opération depuis sa création, force est de constater que le nombre de fumeurs ne baisse plus. La France en compte toujours 15 millions. Multiplier le prix du paquet par trois en vingt ans n’a fait baisser que de quatre points la prévalence tabagique ; bien loin de l’objectif de réduction du nombre de fumeurs. Comment y voir autre chose qu’un échec ?
L’heure n’est plus à sanctionner les fumeurs, mais à les comprendre et à les accompagner. Il faut regarder cette réalité en face pour en finir avec la tyrannie de l’idéal et proposer ce qui fonctionne déjà à l’étranger. L’African Global Health réunissait d’ailleurs, en octobre, la 2e Conférence africaine sur la réduction des risques en santé, dont les participants, venus de plus de 80 pays, ont abordé notamment la gestion de l’addiction.
Appliquer une politique de réduction des risques, c’est également la conclusion d’un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) publié récemment. Députés et sénateurs reconnaissent qu’un fumeur n’a pas toujours la capacité de sortir de son addiction à la nicotine, et qu’une troisième voie, complémentaire à la prévention et au sevrage, a sa place. Ils constatent que cette stratégie, au plus proche des attentes des personnes addicts, a déjà fait ses preuves pour la gestion d’autres addictions (notamment l’héroïnomanie), et à l’étranger, comme au Royaume-Uni et en Suède, pour le tabagisme.
Dès 2019, une autre assemblée, le Conseil économique social et environnemental (CESE), appelait déjà à la mise en place d’une politique de réduction des risques pour l’alcool et le tabac. La récente campagne de prévention contre l’alcool « C’est la base » montre que cela commence à être fait pour l’alcool, mais rien sur le tabagisme !
« Vape bashing »
Concrètement, comment faire ? Si rien n’est jamais simple en matière de santé, surtout quand on parle des addictions, les pistes ne manquent pas. A côté des traitements nicotiniques de substitution reconnus (gommes, patchs…), des « produits émergents », comme les appelle l’Organisation mondiale de la santé, peuvent offrir des options crédibles aux fumeurs pour sortir de la cigarette et diminuer le risque de développer des maladies liées à la pratique tabagique avec combustion. Chacun de ces nouveaux produits peut correspondre à un profil de fumeur, selon son accoutumance. L’OPECST précise d’ailleurs que les arômes, autres que celui du tabac, peuvent jouer un rôle-clé.
Pourtant, bien que la moindre nocivité de certaines solutions, comme la vapoteuse, ait été largement documentée et que vapoter se soit avéré utile pour aider les fumeurs à quitter la cigarette, les parlementaires constatent que les consommateurs restent mal informés par les pouvoirs publics. Pour preuve, les inquiétants conseils « antivape » émis par l’Assurance-maladie auprès des fumeurs. Cet étonnant « vape bashing » ne devrait pas avoir sa place sur le site Ameli ! C’est aussi la conclusion de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, qui demande une meilleure information des consommateurs.
L’OPECST souligne que les évaluations indépendantes manquent cruellement pour les sachets de nicotine et le tabac à chauffer. Pour ce dernier, la seule étude indépendante française, financée par l’Institut national du cancer et conduite par l’Institut Pasteur de Lille, précise que « le tabac chauffé pourrait être moins nocif que la cigarette traditionnelle, tout en étant considérablement plus nocif que la cigarette électronique ». Quant aux sachets de nicotine, la seule étude indépendante, menée par l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques, indique que, « pour les fumeurs, le passage aux sachets de nicotine pourrait représenter une réduction des risques pour la santé ». C’est encourageant, mais encore trop peu pour guider les décideurs publics.
En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est chargée de l’évaluation de ces produits. Malheureusement, l’OPECST souligne le gros retard pris par l’Anses et appelle à la réalisation de plus d’études scientifiques. Pour remédier au manque de moyens, l’office propose d’augmenter les frais que payent les fabricants lors de la commercialisation des produits, afin d’abonder les budgets publics alloués à leur évaluation.
L’enjeu est donc majeur : il s’agit de protéger les jeunes de l’initiation à la nicotine, tout en offrant aux fumeurs des options leur permettant de diminuer leur risque sanitaire. La France aura l’occasion, dans son nouveau plan antitabac, de réinventer sa politique de lutte contre la cigarette. Les solutions existent. Le Parlement s’est prononcé. Avançons maintenant de manière pragmatique avec la réduction des risques.
Docteure Imane Kendili, psychiatre addictologue, présidente d’African Global Health, et docteur William Lowenstein, interniste, addictologue, président de SOS Addictions.
Avec docteure Marion Adler, tabacologue, responsable de service d’addictologie ; docteur Philippe Arvers, addictologue tabacologue, Marie-Josée Augé-Caumon, pharmacienne, coprésidente du groupe santé-addictions, CESE ; professeur Nicolas Authier, psychiatre addictologue ; docteur Vittorio Bacchetta, médecin généraliste ; docteur Faycal Benjelloun, ophtalmologue ; docteur Michaël Bohbot, médecin généraliste ; docteure Anne Borgne, addictologue ; professeur Morgan Chetty, président de la Fondation IPA ; Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien, addictologue ; docteur Renaud David, psychiatre ; docteur Jean-Michel Delile, président de la Fédération addiction ; Leila El Amrani, psychologue spécialiste des addictions ; Valérie Elfassy, psychologue addictologue ; Patrick Favrel, consultant réduction des risques ; docteur Pierre Guedj, cardiologue ; professeur Hamza Idrissi, anesthésiste-réanimateur ; docteur Bertrand Lebeau Leibovici, addictologue ; Jacques Le Houezec, tabacologue ; professeur Stéphane Mouly, médecine interne ; Jean-François Narbonne, toxicologue ; docteur Hany Neamatalla, cardiologue ; Jennifer Oses, écotoxicologue ; docteur Khalid Ouqezza, psychiatre addictologue ; docteur Jérôme Palazzolo, psychiatre addictologue ; docteur Patrick Papazian, sexologue ; professeur Redouane Rabii, vice-président AGH ; professeur Benjamin Rolland, psychiatre, professeur d’addictologie ; docteur Pierre Rouzaud, tabacologue ; docteur Nathaniel Scher, oncologue radiothérapeute ; Michael Stora, psychanalyste ; docteur Alain Toledano, oncologue, radiothérapeute, président de l’Institut Rafaël ; docteure Sara Toursi, responsable scientifique AGH, psychiatre addictologue.
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